Essais cliniques
Histoire des recherches sur l’humain
Le temps des réglementations
Dès le début du XXe siècle, avec les progrès exponentiels de la biologie, le besoin d’expériences sur l’homme se fait sentir de plus en plus et le manque d’encadrement conduit inexorablement à des catastrophes. Ainsi Albert Neisser, découvreur du pathogène de la blennorragie (Neisseria gonorrhœae), s’essaye à l’injection de sérum de syphilitique sur des sujets sains, sans leur consentement, pensant pouvoir prévenir la maladie. En réponse, la Prusse réfléchit aux problèmes posés par l’expérimentation sur l’être humain, et par décret du 29 décembre 1900, impose l’obtention d’un consentement avec une information convenable. Elle interdit en outre les expérimentations sur les mineurs et les personnes incapables.
Ainsi en 1975, la CEE impose dans la directive 75/318/CEE les essais cliniques dans le cadre des AMM. Or la France n’autorise pas les essais cliniques… Il faudra attendre 1983 et la création d’un Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé ainsi que 1988 et la loi Huriet pour qu’enfin un cadre clair soit établi. Lors de l’examen de la proposition de loi, Claude Huriet explique le besoin impératif de légiférer : « le texte de la proposition de loi qui est soumis aujourd’hui à votre examen répond à un triple souci. Il s’agit de mettre fin à une situation juridique paradoxale, qui, en France, n’assure pas la protection de l’individu, place le médecin dans une situation illégale et qui plus particulièrement porte préjudice à l’industrie pharmaceutique ».
• institué les Comités consultatifs de protection des personnes dans la recherche biomédicale (CCPPRB), que l’on a renommés en Comités de protection des personnes (CPP) ;
• défini de façon claire le concept de consentement libre éclairé dans son article L.209-9, et impose que celui-ci soit donné par écrit ;
• protégé les mineurs et les personnes non capables ;
• déterminé les rôles des investigateurs et des promoteurs, ces derniers ayant l’obligation d’avoir une assurance ;
La loi Huriet sera complétée par la loi de 1994 relative au respect du corps humain. Et en 2001 paraissent, avec la directive européenne 2001/20/CE, de nouvelles « bonnes pratiques cliniques ».
Le dernier texte d’importance venant compléter l’arsenal législatif sera la loi dite Jardé. Cette loi, qui aura mis 4 ans pour naître, créé un bloc commun à toutes les « recherches impliquant la personne humaine » : elles auront toutes un promoteur et devront recevoir l’avis favorable d’un CPP.