13: Chirurgie conservatrice et oncoplastie

Chapitre 13 Chirurgie conservatrice et oncoplastie




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Traitement conservateur « classique »


Pour montrer que le traitement conservateur pouvait avoir le même résultat qu’une mastectomie sur la survie globale, six études prospectives randomisées ont été initiées à partir du début des années 1970. La publication des premiers résultats au début des années 1980 a confirmé le bien fondé de ce type de traitement et a permis d’en diffuser le principe dans le monde entier. La plus part des séries ont maintenant réactualisés leur résultats avec pour certaines des reculs de 20 ans.


Il ressort de toutes ces séries que le traitement conservateur n’influe pas la survie globale lorsqu’il est comparé au traitement radical. Le pronostic au moment de la prise en charge paraît être lié à l’existence de métastases occultes et non au type de traitement chirurgical. Il y a des arguments qui font penser que la récidive locale et la récidive métastatique sont des évènements indépendants. En effet, on a pu observer que la majorité des femmes qui décédaient de leur cancer n’avaient pas eu systématiquement une récidive locale. Inversement, la mastectomie avec un taux inférieur de récidive locale n’améliorait pas la survie globale. Ces études ont aussi montré que la radiothérapie est indispensable au contrôle local de maladie.



Technique opératoire





Principes de l’exérèse carcinologique


Une fois l’incision réalisée, le premier temps de l’intervention consiste à effectuer un décollement sous-cutané qui va préparer le remodelage final (figure 13.2a, b). Ce décollement doit passer au dessus de la zone tumorale dans toutes les directionsimage.



Une fois que l’opérateur a contrôlé la tumeur sous son doigt, l’excision de la tumeur peut commencer. On a l’habitude d’inciser d’abord la berge supérieure. On se dirige jusqu’au plan du muscle grand pectoral (figure 13.3a).



Une fois la région rétroglandulaire décollée, les berges externe, interne et inférieure peuvent être incisées en contrôlant toujours une marge de sécurité macroscopique (figure 13.3b). La tumorectomie est donc l’exérèse monobloc d’un cylindre glandulaire, qui va de la peau à la face profonde de la glande, au contact du pectoralimage.


La pièce opératoire est orientée avant d’être adressée en anatomopathologie pour analyse. En cas de doute sur l’une des berges de tumorectomie, on pratiquera immédiatement une ou plusieurs recoupes (± extemporanée), qui seront également orientées. La possibilité d’une mastectomie est une alternative qui doit être discutée avec la patiente au moment de la consultation préopératoireimage


Si la lésion a été repérée en préopératoire, elle sera adressée en radiologie pour contrôler la qualité des marges.


Après avoir contrôlé l’hémostase, on repère le lit tumoral par des clips radio opaques dans le but de faciliter la surimpression délivrée lors de la radiothérapie. Un clip en profondeur et le plus souvent suffisant mais certains proposent de rajouter un clip en interne et un clip en externe.



Remodelage glandulaire


Le principe du remodelage est de confectionner deux lambeaux glandulaires, qui vont combler la perte de substance engendrée par la tumorectomie. Lorsque la perte de substance glandulaire est modérée, elle peut être comblée par un rapprochement direct des berges et un décollement très limité. Dans les autres cas, la réalisation de lambeaux glandulaires s’avère nécessaire (figure 13.4). Le principe consiste à décoller la glande résiduelle sur sa face profonde jusqu’à ce que les lambeaux viennent facilement s’accoler. Ce décollement de la glande est sans risque chez la plupart des patientes, mais il doit être limité chez celles dont la glande est en involution adipeuse. La pexie glandulaire sera faite de la profondeur à la superficie au fil résorbable tressé (Polysorb®/Vicryl®) (figure 13.4). Si nécessaire, un décollement sous cutané complémentaire permettra d’éliminer les plis cutanésimage.





Chirurgie oncoplastique


Les techniques d’oncoplastie appliquées à la chirurgie du cancer du sein sont des techniques de chirurgie plastique utilisées pour traiter les hypertrophies et les ptoses mammaires. Il existe un nombre considérable de techniques différentes. Certaines portent le nom de celui qui les a décrites pour la première fois, mais bien souvent elles portent le nom de celui qui l’a popularisé à un moment donné de l’histoire de la chirurgie mammaire. Afin d’éviter des oublis ou des confusions, nous préférons classer les différents techniques que nous utilisons en fonction de la cicatrice et de la localisation du lambeau vascularisant la plaque aréolomamelonnaire (PAM). Les plus utilisées en chirurgie plastique sont les techniques périaréolaires, les techniques verticales ou en J, et les techniques en « ancre de marine » à pédicule supérieur ou inférieur. Les autres techniques sont rarement utilisées mais peuvent rendre de grand service en chirurgie carcinologique. Ainsi, la technique supéroexterne est très utilisée dans les séries d’oncoplastie.


Pour des raisons pratiques et didactiques, nous distinguons quatre grandes localisations (figure 13.6). Chacune d’entre-elles nécessite une prise en charge spécifique.




Limites de la chirurgie oncoplastique





Tumeurs centrales


Les tumeurs centrales du sein sont des tumeurs situées au centre du cône mammaire. Elle représente 5 à 15 % des cancers du sein. Ces tumeurs ont souvent eu une place à part dans la prise en charge chirurgicale. En effet, elles sont demeurées longtemps une indication de mastectomie en raison des mauvais résultats cosmétiques obtenus par le traitement conservateur. Au cours des années 1990, plusieurs études ont montré qu’il était possible d’effectuer un traitement conservateur de ces tumeurs tout en préservant un résultat cosmétique tout à fait acceptable. Il est classique de distinguer dans les tumeurs centrales, les tumeurs profondes et les tumeurs superficielles qui sont situées respectivement à plus de 2 cm de la PAM ou à moins de 2 cm. Le risque d’atteinte de la PAM serait supérieur à 50 % si la tumeur est localisée à moins de 2 cm de la PAM alors que le risque serait seulement de 15-20 % si la tumeur est éloignée de plus de 2 cm. Il est donc classique de proposer l’ablation de la PAM pour les tumeurs situées à moins de 2 cm de cette dernière, alors qu’il est admis qu’une tumeur profonde peut être traitée en conservant la PAM. Comme dans un traitement conservateur « classique », il ne faut pas oublier que d’autres facteurs participent à l’efficacité du traitement : L’âge, le grade histo-pronostic et la taille tumorale. Ainsi, par exemple pour la taille, le risque d’atteinte de la PAM serait de 7 à 56 % pour les tumeurs de moins de 2 cm comparées à un risque > à 30 % en cas de tumeur supérieure à 2 cm et > à 50 % pour les tumeurs de plus de 4 cm.


Apr 27, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 13: Chirurgie conservatrice et oncoplastie

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