Chapitre 12 Techniques costales
Techniques pour les côtes moyennes : de la troisième à la dixième paire de côtes
Techniques rythmiques pour les côtes moyennes [3, 7, 8, 10, 16]
Techniques en position assise
Technique de stretching chondro-sternal en position assise
• Objectif : obtenir le relâchement du spasme musculaire qui fixe la région thoracique antérieure, diminuant ainsi la réponse afférente.
• Indications : spasme des muscles de la région antérieure du thorax, dysfonctions chondro-sternales.
• Position du thérapeute : derrière le patient en fente avant, en fente avant, son sternum reposant contre l’épaule du patient.
• Position des mains :
– les deux avant-bras entourent les épaules du patient et prennent contact le long des clavicules. Cette position permet de produire une rétropulsion bilatérale des épaules ;
• Technique :
– appliquer une force de poussée contre le thorax associée à une force de rétropulsion des épaules, ce qui met en tension spécifiquement la jonction entre le cartilage costal et la côte ;
• Précaution : les doigts du thérapeute doivent palper l’articulation à libérer et guider la technique par l’intermédiaire du rétrocontrôle des tissus.
Technique de stretching en extension des côtes moyennes en position assise
• Objectif : donner de l’élasticité au rachis dorsal en particulier à la région costale en direction de l’extension.
• Principe : placer un bras de levier en extension, focaliser la force sur une région costale et effectuer un étirement rythmique jusqu’à l’obtention d’une élasticité plus importante.
• Position du patient : assise, les pieds appuyés sur le sol. Les bras croisés et appuyés contre le front.
• Position des mains :
– la main du côté de la dysfonction entoure le tronc du patient pour prendre contact sur les côtes du même côté ;
• Technique : sans laisser tomber les coudes du patient, l’opérateur recherche la mise en tension en extension, en amenant le poids de son corps sur sa jambe postérieure. Il essaie en même temps de déplacer les côtes vers l’avant. Dans cette même position, il peut introduire un paramètre de rotation. Ainsi, il peut agir plutôt sur les articulations costo-transverses ou sur les facettes articulaires. Il effectue cette technique jusqu’à percevoir une augmentation de la mobilité ou une diminution du tonus musculaire (figure 12.2).
• Précautions : bien stabiliser le tronc du patient de manière à ne pas provoquer d’hyperextension lombaire ; il ne faut induire qu’une extension du rachis dorsal.
Technique de stretching en extension pour les côtes hautes en position assise
• Objectif : donner de l’élasticité à la partie haute du rachis dorsal, en particulier à la région costale en direction de l’extension.
• Principes : placer un bras de levier en extension, focaliser la force sur une région costale et réaliser un étirement rythmique jusqu’à obtenir plus d’élasticité.
• Position du patient : assis, les bras croisés comme dans la technique précédente, sauf que le front repose sur les avant-bras.
• Position des mains : le thérapeute passe les deux avant-bras dans l’anneau formé par la tête et les bras du patient et prend contact sur les articulations costo-transversaires des deuxième, troisième ou quatrième côtes.
• Technique : l’opérateur introduit un bras de levier en extension en tirant le patient vers lui. Il est alors possible d’effectuer un étirement rythmique en extension, en concentrant les forces sur les éléments périarticulaires de l’articulation costo-transversaire que nous avons choisie de traiter (figure 12.3).
• Précaution : bien stabiliser le tronc du patient de manière à ne pas provoquer d’hyperextension lombaire, n’effectuer qu’une extension de la partie haute du rachis dorsal.
Technique de stretching du diaphragme en position assise
• Principes : fixer la partie basse de la cage thoracique en position d’inspiration et la maintenir pendant l’expiration pour l’étirer et inhiber ainsi l’hyperactivité γ des fibres musculaires.
• Position du thérapeute : debout derrière le patient, le genou gauche repose sur la table et entre en contact avec la partie gauche du bassin du patient.
• Position des mains : les bras de l’opérateur passent entre les bras et le thorax du patient, les mains prennent contact de chaque côté avec le rebord costal inférieur.
• Technique :
– Le patient incline le tronc vers l’avant en se relaxant. Après avoir étiré la peau, l’opérateur exerce une traction vers le haut et le dedans en introduisant les mains sous le rebord costal en essayant de relâcher les tissus et en augmentant l’introduction des mains peu à peu ;
Techniques en latérocubitus
Technique de stretching intercostal en latérocubitus
• Principes : en bloquant la côte inférieure de l’espace intercostal, utiliser un bras de levier supérieur pour déplacer la côte supérieure de l’espace, en direction céphalique afin d’ouvrir globalement l’espace intercostal fermé.
• Position du patient : allongé sur le côté sain de manière à présenter vers le plafond l’hémi-thorax présentant la dysfonction. Les hanches et les genoux sont fléchis à 90°, le bras inférieur est sous la tête avec antépulsion de l’épaule de 90°.
• Position du thérapeute : à hauteur du thorax en face du patient et en fente avant de manière à ce que les deux corps forment un carré.
• Position des mains :
– le bras supérieur fléchi de l’opérateur reçoit l’avant-bras du patient que l’opérateur plaque contre son thorax, en demandant au patient de laisser tomber le bras qui est ainsi pris en sandwich entre le thorax et le bras fléchi de l’opérateur ;
• Technique :
– l’opérateur amène le bras en position d’abduction pour étirer les côtes tandis qu’il freine la côte inférieure de la main inférieure, ce qui permet d’étirer les muscles intercostaux ;
– il déplace le centre de gravité vers sa jambe antérieure en faisant une abduction de l’épaule ce qui ouvre les espaces intercostaux ;
• Précautions : en présence de problèmes d’épaule, cette technique est réalisée sans prise du bras, l’opérateur appuyant son thorax pour ouvrir les espaces. On peut aussi utiliser la respiration du patient (figure 12.6).
Technique de stretching de la partie latérale de l’hémi-diaphragme
• Principes : fixer la partie basse de l’hémi-thorax en position d’inspiration et la maintenir pendant l’expiration afin d’étirer et d’inhiber l’hyperactivité gamma des fibres musculaires.
• Position du patient : allongé sur le côté, jambes fléchies, membre supérieur homolatéral en antépulsion/abduction.
• Technique : l’opérateur tire en direction céphalique pendant l’inspiration et maintient l’ouverture costale pendant l’expiration. Il demande au patient de prendre de l’air plus avec le thorax qu’avec l’abdomen (figure 12.7).
Techniques en procubitus
Technique de relaxation myo-fasciale thoracique postérieure en procubitus
• Principes : utiliser une force de distraction longitudinale du système aponévrotique postérieur, augmenter la barrière myo-fasciale par une torsion des tissus. Ajouter des forces à distance pour augmenter la tension (antépulsion du bras homolatéral, rotation cervicale, etc.)
• Position du thérapeute : debout en fente avant du côté opposé à la torsion des tissus, à hauteur du rachis lombaire.
• Position des mains :
– pour une torsion à droite, demander au patient qu’il place son bras droit en extension maximale et son bras gauche en antépulsion pour augmenter l’effet de contre torsion ;
• Technique :
– 1er temps : l’opérateur demande au patient d’inspirer, corrige la torsion à l’expiration puis bloque cette position ;
– 2e temps : il demande ensuite au patient une autre inspiration puis, pendant que le patient se trouve en apnée inspiratoire, il étire son bras et sa jambe et lui demande de bouger les doigts de la main ;
Technique de stretching en extension/rotation
• Principes : construire un bras de levier vertébral en extension et en rotation homolatérale en faisant un point fixe sur la côte à traiter, puis effectuer un stretching rythmique jusqu’à obtenir une meilleure élasticité.
• Technique :
– soulever le bassin pour introduire une extension et une rotation tandis que l’autre main réalise un couple de force vers le sol et l’extérieur ;
– cette technique est réalisée jusqu’à obtenir plus d’élasticité et une baisse du tonus musculaire (figure 12.9). Si l’on rencontre au cours de la technique une barrière de type articulaire il est possible de réaliser un thrust par contraction du pectoral du côté de la main costale.
• Précaution : il faut doser la force utilisée pour que cette technique ne soit pas douloureuse. Chercher le rythme adapté au patient.
Techniques en décubitus
Technique de stretching des fibres musculaires du diaphragme
• Principe : fixer la partie basse de la cage thoracique en position d’inspiration et maintenir la position à l’expiration pour étirer et inhiber ainsi l’hyperactivité γ des fibres musculaires.
• Position du patient : en décubitus, un coussin sous la tête, jambes fléchies, les mains reposent au-dessus et au-dessous du rebord costal antérieur.
• Position des mains : les mains prennent contact sur le rebord costal par l’intermédiaire des mains du patient (figure 12.10).
• Technique : l’opérateur tire en direction céphalique pendant l’inspiration et maintient l’ouverture costale pendant l’expiration. Il demande au patient d’inspirer plus d’air avec le thorax qu’avec l’abdomen (figure 12.11).
Technique d’inhibition du centre phrénique
• Principe : réaliser une technique de pompage des tissus situés sous l’appendice xiphoïde, le plus profondément possible pour obtenir une inhibition réflexe du diaphragme.
• Technique : pendant l’expiration, la main abdominale passe sous l’appendice xiphoïde tandis que la main sternale céphalique abaisse la cage thoracique en passant par dessus la main caudale. Lors de l’inspiration, les forces sont relâchées pour que le thorax s’expanse (figure 12.12).
Technique d’équilibration fonctionnelle du diaphragme
• Principes : obtenir l’équilibration fonctionnelle du diaphragme. Rechercher le Still point et laisser les fascias s’équilibrer.
• Position des mains :
– la main postérieure repose contre la partie postérieure de la cage thoracique dans la région thoraco-lombaire ;
• Technique : les deux mains du thérapeute cherchent les paramètres faciles dans les directions de la facilité jusqu’au Still point et maintiennent cette position d’équilibration tridimensionnelle jusqu’à la libération totale des éléments périarticulaires. L’opérateur doit s’aider de la respiration et des forces biokinergiques du patient (figure 12.13).
Techniques d’énergie musculaire pour les côtes moyennes [7, 8, 10]
Techniques pour subluxation costale
Techniques d’énergie musculaire pour subluxation costale postérieure
• Objectif : étirer les muscles raccourcis qui fixent la subluxation costale et restaurer la mobilité costale.
• Principes : utiliser une technique de relaxation post-isométrique pour supprimer le spasme des muscles qui fixent la subluxation postérieure de la côte.
• Technique :
– 1er temps : l’opérateur recherche la barrière motrice en levant les coudes pour produire une extension qui pousse la côte vers l’avant. Dans cette position, il réalise trois contractions isométriques en flexion du tronc en demandant au patient de pousser ses avant-bras et ses coudes en direction du sol pendant que le pouce pousse la côte vers l’avant ;
– 2e temps : l’opérateur recherche ensuite une nouvelle barrière motrice en extension puis demande trois contractions supplémentaires en flexion. Il réalise au total trois cycles de contractions isométriques, en recherchant une nouvelle barrière motrice entre chaque cycle de contraction (figure 12.14).
Technique d’énergie musculaire pour subluxation costale antérieure à gauche
• Objectif : étirer les muscles raccourcis qui fixent la subluxation antérieure costale et restaurer la mobilité costale.
• Principes : utiliser une technique de relaxation post-isométrique pour supprimer le spasme des muscles qui fixent la subluxation antérieure de la côte.
• Position des mains :
– le pouce de la main postérieure gauche prend contact avec la côte gauche subluxée au niveau de son angle postérieur ;
• Technique :
– 1er temps : rechercher la barrière motrice en baissant les coudes pour produire une flexion qui pousse la côte en arrière et en tirant sur les coudes du patient pour produire une rotation droite. Dans cette position, effectuer trois contractions isométriques en extension du tronc, en demandant au patient de pousser ses avant-bras et ses coudes en direction du plafond pendant que le pouce contrôle le recul de la côte ;
Effectuer au total trois cycles de contraction isométriques en cherchant une nouvelle barrière motrice entre chaque cycle de contraction (figure 12.15).
• Précautions : il faut parvenir à contracter uniquement la musculature qui fixe la dysfonction costale.
Techniques d’énergie musculaire pour dysfonction respiratoire costale
Technique d’énergie musculaire pour dysfonction inspiratoire en « bras de pompe »
• Objectif : étirer les muscles raccourcis qui fixent la dysfonction costale et restaurer la mobilité costale.
• Principes : utiliser une technique de relaxation post-isométrique pour supprimer à l’aide de la respiration le spasme des muscles qui fixent la dysfonction inspiratoire de la côte.
• Position des mains :
– la main supérieure repose sous la tête du patient et amène en flexion le rachis cervical jusqu’à produire une flexion du tronc qui ferme l’espace intercostal antérieur ;
• Précaution : il faut parvenir à contracter uniquement la musculature qui fixe la dysfonction costale.
Technique d’énergie musculaire pour dysfonction expiratoire costale
• Objectif : restaurer la mobilité costale en « anse de seau » et en « bras de pompe » en direction de l’inspiration.
• Principes : utiliser une technique d’énergie musculaire au cours de laquelle la contraction du grand pectoral soulève la côte en position de « bras de pompe » inspiratoire et la contraction du grand dentelé lève la côte en « anse de seau » inspiratoire.
• Position du thérapeute : à hauteur du thorax du côté sain en fente avant, regardant en direction de la tête du patient.
• Position des mains :
– la main inférieure du thérapeute localise la tubérosité costale et prend contact le long de la côte. ce contact lui permet d’amener la côte vers l’avant ;
• Technique :
– 1er temps : rechercher la barrière motrice qui permet d’obtenir l’antépulsion/abduction de l’épaule pour mettre en tension les pectoraux ;
– 2e temps : demander au patient qu’il pousse le coude en direction du plafond : Comme l’opérateur bloque l’insertion supérieure du pectoral lorsque le patient effectue ce mouvement, l’insertion inférieure soulève les côtes en position de « bras de pompe » inspiratoire. Effectuer ainsi trois ou quatre contractions isométriques ;
– 3e temps : le deuxième cycle de contractions s’effectue en adduction de l’épaule en demandant au patient de rapprocher le coude droit de la hanche droite. L’opérateur bloque le coude dans cette position et résiste au grand dentelé qui soulève alors les côtes en position d’« anse de seau » inspiratoire. Entre chaque cycle, la main costale pousse la côte en direction du plafond. Effectuer ainsi trois ou quatre contractions isométriques. Entre chaque contraction, rechercher une nouvelle barrière motrice (figure 12.17).
• Précaution : il faut parvenir à contracter uniquement la musculature qui fixe la dysfonction costale.
Technique d’énergie musculaire pour dysfonction costale inspiratoire en « anse de seau »
• Objectif : étirer les muscles raccourcis qui fixent la dysfonction costale en « anse de seau » et restaurer la mobilité costale.
• Principes : utiliser une technique de relaxation post-isométrique pour supprimer, à l’aide de la respiration, le spasme musculaire qui fixe la dysfonction inspiratoire costale en « anse de seau ».
• Position du thérapeute : fente avant du côté de la dysfonction, regardant en direction de la tête du patient.
• Technique :
– 1er temps : chercher la position de latéroflexion du tronc qui ferme l’espace intercostal ouvert ;
• Précautions : il faut parvenir à contracter uniquement la musculature qui fixe la dysfonction costale.
Techniques non rythmiques pour les côtes moyennes [4, 5, 10, 11, 14–16]
Technique de Jones pour dysfonctions en antériorité des côtes
• Objectif : amener l’articulation dans une position commode afin de relâcher le spasme des muscles raccourcis.
• Principe :
– localiser le point douloureux avec un doigt et, de l’autre main, rechercher la position de l’articulation dans l’espace qui diminue la douleur au niveau du « point gâchette » (il se produit également une diminution des tensions dans les tissus) ;
• Technique : la position de correction comprend une flexion cervicale, une flexion du tronc plus un glissement postérieur pour faire reculer la côte. Cette position est maintenue 90 secondes pendant que le patient respire amplement sous les mains du thérapeute. Après 90 secondes, on revient lentement et passivement à la position 0 (figure 12.19).
Techniques fonctionnelles
Technique fonctionnelle pour dysfonction respiratoire costale en « anse de seau »
• Objectif : corriger le paramètre d’expiration ou d’inspiration au niveau des muscles, des articulations et des aponévroses du groupe costal inférieur.
• Principes :
– trouver le point d’équilibre dans le sens de la facilité, c’est-à-dire les mouvements les plus libres. Il doit se produire un silence au niveau du système nerveux central ;
– il faut aller dans le sens de la lésion dans les trois plans de l’espace (flexion/extension, latéroflexion, rotation) et utiliser aussi les paramètres mineurs (traction, glissements antéropostérieurs et latéraux, compression) ;
– une fois que la position d’équilibre est trouvée (silence neurologique), il faut la maintenir sans bouger et l’on demande au patient une respiration ample jusqu’à ce que les tensions au niveau des articulations à traiter soient libérées ;
– les deux mains perçoivent et agissent en même temps et l’opérateur peut travailler sur la partie antérieure, latérale et postérieure du thorax ;
• Position du patient : en latérocubitus, l’hémi-thorax présentant la dysfonction placé vers le haut.
• Technique :
– rechercher les paramètres faciles en inspiration/expiration, montée/descente, glissement antérieur/postérieur, flexion/extension, rotation horaire/anti-horaire ;
– rechercher ainsi l’équilibration des trois paramètres, rechercher le Still point et laisser respirer le patient jusqu’à ce qu’apparaisse le chemin de libération devant être suivi par l’opérateur ;
Technique fonctionnelle pour dysfonction respiratoire costale en « bras de pompe »
• Objectif : corriger le paramètre d’expiration ou d’inspiration au niveau musculaire, articulaire et fascial du groupe costal supérieur.
• Position des mains : Le thérapeute prend contact avec les deux mains sur la partie haute de chaque hémi-thorax et sur les côtes.
• Technique :
– les paumes de la main reposent sous les clavicules, tandis que le patient respire amplement durant la phase expiratoire ;
– la thérapeute accumule les paramètres libres en descente/montée, inspiration/expiration, rotation horaire/anti-horaire, flexion/extension ;
– il maintient le point d’équilibre, le Still point, tandis que le patient respire amplement avec la partie haute du thorax ;