Reprise d’une prothèse fémorale descellée. Le concept press-fit : ce qu’il faut savoir, éviter et faire…
Femoral press-fit concept in THA revision
C’est Morscher [13, 14] qui a défini les conditions nécessaires pour obtenir un effet press-fit efficace : assurer un contact os-implant sous forme d’une surface en faisant le choix d’une tige droite et assurer un parfait calage en faisant le choix d’une tige conique. Sur le plan pratique, le concept press-fit ne peut être appliqué qu’au niveau du fémur proximal ou zone isthmique et la technique opératoire varie selon la région choisie. Une application rationnelle du concept press-fit n’est possible que si l’on a réalisé au préalable une analyse radiologique rigoureuse du fémur pour visualiser les obstacles qui peuvent se présenter à l’opérateur (courbure fémorale) ou plus simplement pour dépister ce qui peut être une limite ou une contre-indication de la méthode.
Morscher [13, 14] defined the conditions required to obtain an efficient press-fit effect: ensure the bone-implant couple by selecting a straight stem and ensure perfect anchorage by selecting a conical configuration of the stem. In practical terms, the press-fit concept can be applied only at the level of the proximal femur or the isthmic zone, and the surgical technique varies according to the region. Rational application of the press-fit concept is possible only after a thorough radiological evaluation of the femur, in order to visualise potential obstacles such as femoral curvature or more simply to screen for limiting factors or contraindications to this method.
Introduction
Le press-fit est un concept largement utilisé dans l’industrie prothétique pour assembler deux éléments séparés. Dans le domaine chirurgical, Zweymüller (20) a été un des premiers à utiliser le press-fit pour assurer la stabilité primaire d’un implant sans ciment de première intention et c’est en 1987 que Wagner (17) applique ce concept aux tiges de reprise. Depuis, plusieurs auteurs ont suivi la même voie (1, 11, 18).
Le press-fit : principes
Selon Morscher (13, 14), pour assurer un effet press-fit chirurgical il faut répondre à deux exigences : obtenir un contact os-implant sous forme d’une surface et assurer un parfait calage de l’implant.
Le press-fit : application pratique
Pour être efficace, il est préférable d’appliquer le concept press-fit sur une courte distance (entre 20 et 40 mm) et, contrairement à Wagner (17), nous estimons qu’un contact os-implant plus étendu n’est pas nécessaire, ni même souhaitable.
Press-fit métaphyso-diaphysaire
D’une façon idéale, le fémur est droit de face et peu courbe de profil. Les défects sont absents ou peu importants et ne dépassent pas les zone(s) 2 et/ou 6 de Gruen. Ces conditions peuvent cependant être nuancées car il est toujours possible de combler des défects osseux et la présence d’une courbure fémorale peut être compatible avec une fixation proximale si elle est peu accentuée et strictement métaphysaire (cf. tableau 6).
Un contact os-implant est recherché sur une distance de 20 à 30 mm (figure 3). Cette zone se situe à un niveau qu’il est souvent difficile de prévoir à l’avance avec précision et pour pallier cet écueil nous préconisons une préparation en deux temps avec une râpe-prothèse d’essai modulable (figure 4).
Press-fit diaphysaire
La préparation du fémur est faite avec les alésoirs :
• Les alésoirs ont pour première fonction un alignement du fémur proximal par rapport au fémur diaphysaire. Le fémur n’est pas d’une forme régulièrement cylindrique et la corticale antérieure du fémur (du fait d’une courbure sagittale) constitue souvent un obstacle à une préparation dans l’axe du fémur diaphysaire quand le volet latéral est un peu trop étroit et qu’une ostéotomie de la corticale médiale n’a pas été réalisée.
• Le deuxième rôle des alésoirs consiste à remodeler la cavité médullaire pour lui donner une configuration également conique. Pour être efficace, il convient d’aléser un segment de fémur rectiligne sur une hauteur réduite (figure 5), sachant que les alésoirs n’ont pas la capacité de rendre un fémur droit quand il est courbe et qu’il est difficile de coniser une cavité médullaire sur une distance au-delà de 30 à 40 mm, en particulier quand le canal médullaire est étroit et les corticales denses et épaisses.
Choix de l’implant avec une prothèse d’essai
Pour obtenir un véritable effet press-fit, il faut utiliser la zone conique de l’implant et disposer d’une réserve conique lors du calage de l’implant définitif, ce qui signifie assurer la stabilité avec la partie distale ou intermédiaire de la zone conique (figure 6). Cette nécessité implique de choisir l’implant avec une prothèse d’essai et non pas avec un alésoir.