12 Notions élémentaires sur la répartition des végétaux202
Notion de flore et de végétation
La flore
La flore est la liste des espèces203 présentes dans une région déterminée plus ou moins étendue (flore du Bassin parisien, flore de France, par exemple).
Suivant leur origine on peut distinguer différents types de plantes :
Les plantes indigènes ou spontanées, qui ont peuplé la région depuis un temps fort long (à l’échelle géologique) ; elles constituent le fond de la flore. Suivant l’ « aire géographique »204 qu’elles occupent on reconnaît des plantes à large répartition qui ont souvent une grande souplesse d’adaptation à des conditions de vie diverses (procédés de dissémination, multiplication très efficace etc.) ; et des plantes endémiques (du grec endemion, maladie indigène) plus ou moins strictement limitées à de petites régions du Monde.
Les plantes naturalisées, dont l’introduction est postérieure à l’époque préhistorique. Ces plantes occupent parfois une surface considérable et se sont incorporées à la flore locale : ainsi le Robinier faux-acacia (p. 166) dont l’aire naturelle est très limitée (Est des États-Unis) ; de même l’Élodée du Canada (p. 96), introduite accidentellement en 1845 en Normandie et rencontrée aujourd’hui dans tous les cours d’eau européens.
Les plantes adventices. – Elles ont été introduites, souvent accidentellement, par l’homme et peuvent représenter un pourcentage important de la flore (plus de 25 % aux îles Hawaii, par exemple), mais elles ne se naturalisent pas entièrement, faute de trouver les conditions de climats, sols… leur permettant de résister à la concurrence vitale des plantes indigènes. Actuellement, les plantes invasives sont surtout la Jussiée dans les pièces d’eau, l’Ambroisie dans les friches, la Renouée du Japon dans les bosquets et sur les bermes ou la Caulerpe, une algue verte, qui menace les herbiers de Posidonies en Méditerranée.
La végétation
On appelle végétation l’ensemble des végétaux qui couvrent un territoire et en forment le « paysage ». En première approximation, cette notion est indépendante de toute connaissance floristique : la végétation, c’est la forêt, la lande, le gazon… qu’ils soient respectivement formés de Hêtres ou de Chênes, de Bruyères ou de Genêts, de Dactyles ou de Bromes. En fait, la végétation d’un territoire déterminé traduit la manière dont les éléments de la flore s’harmonisent ou se concurrencent en fonction des exigences propres de chaque espèce, ceci par rapport aux conditions du milieu dans lequel elles vivent (voir paragraphe suivant).
La structure permet de délimiter les forrnations végétales, en se basant notamment sur l’analyse du volume occupé par les diverses espèces ou stratification : ainsi on détermine l’importance relative des strates arborescente, arbustive, herbacée… On s’intéressera aussi à l’importance relative des différents types biologiques rencontrés : plantes vivaces, annuelles, à bulbes ou à rhizomes (fig. 10.27), au caractère ouvert (bosquets) ou fermé (forêt continue)…
La composition floristique permet, soit de rendre plus précise la définition des formations végétales (forêt à Hêtres ou « hêtraie », prairie à Avoine élevée etc.) et de parvenir à la mise en évidence de « groupes écologiques », soit, par une connaissance des pourcentages des différentes espèces rencontrées, de délimiter les associations végétales.
Formations végétales, groupements et associations végétales seront définis en détail plus loin.
Déterminisme de la flore
Les processus évolutifs
Au cours des ères géologiques les groupes les mieux adaptés ont, peu à peu, supplanté ceux qui avaient moins de possibilité d’expansion ; ainsi à l’ère Primaire ou ère des ptéridophytes succède au Secondaire celle des Gymnospermes, puis celle des Angiospermes (Tertiaire-Quaternaire) : les Astéridées aux organes sexuels mieux protégés se différencient à partir de groupes aux fleurs apparentes etc. (fig. 12.1).
Les vicissitudes paléogéographiques
Par exemple, l’avancée des grands glaciers qui recouvrirent au quaternaire la majeure partie de l’Europe septentrionale (jusqu’à Lyon, au sud) élimina la flore ligneuse tertiaire (les Magnolias, notamment) laissant la place à une flore froide ; cette dernière, après le retrait des glaces, s’est réfugiée aujourd’hui dans les hautes montagnes de l’Europe du Sud et dans le grand Nord. Les flores d’Amérique du Nord et de l’Europe, parce que ces continents se sont très tôt séparés l’un de l’autre, eurent tout le temps de s’individualiser et de se spécialiser (cf. p. 143) : elles sont différentes malgré un aspect assez semblable, beaucoup d’espèces systématiquement voisines, y jouant un même rôle biologique. Ces espèces homologues appartenant à des flores différentes sont dites vicariantes (du latin vicarius, suppléant) ; notre Genévrier (p. 57), notre Hêtre (p. 180), notre Osmonde royale (p. 37), par exemple, sont, en Amérique du Nord, remplacés par des espèces très proches.
Les diverses flores ont ainsi évolué pour leur propre compte et sont devenues d’autant plus spécialisées que de vastes régions marines ou d’autres barrières (hautes montagnes, etc.) les isolaient les unes des autres. C’est ce qui explique que la majorité des îles ont une forte proportion d’espèces particulières (espèces endémiques) : les îles de l’Océan indien, notamment, possèdent chacune des espèces propres de Palmiers. À l’inverse, lorsque de telles barrières n’existaient pas (comme dans les plaines indo-européennes) la même espèce peut avoir une aire de dispersion très vaste.
La conjonction des processus évolutifs et des vicissitudes paléogéographiques a conduit à la création de grandes unités floristiques continentales ou pour le moins régionales : « empires » (fig. 12.1), « régions », « domaines »… floristiques.
Déterminisme de la végétation
La végétation exprime la façon qu’ont les plantes de s’adapter aux facteurs externes (climat, sol…). L’écologie (du grec oikos, maison, habitat) est la science qui étudie les rapports des êtres vivants (plantes, animaux…) avec leurs habitats.
L’influence du milieu : les différents facteurs externes
Le climat
Les facteurs thermiques sont les plus importants et conditionnent en grande partie la répartition des végétaux. Le rôle du gel est fondamental. Ainsi, l’Olivier (p. 236), plante sensible aux basses températures, a une aire strictement limitée à la région méditerranéenne ; de même, les Monocotylédones, dépourvues de tissus secondaires (cf. p. 90), ne peuvent acquérir une grande taille (Bananier, Palmiers…) que dans les régions chaudes.
Les alternances de chaleur et de lumière jouent également un grand rôle (thermopériodisme, photopériodisme…).