L’individu dans la société
CE QU’IL FAUT SAVOIR
Adolescence
Introduction
L’adolescence se caractérise par l’alternance entre insouciance et mal-être. Insouciance liée à la liberté et à l’autonomie que les parents commencent à accorder, aux faibles responsabilités à endosser, à l’espoir engendré par les choix faits pour son avenir… Mais aussi mal-être, car les changements corporels sont brutaux et difficiles à accepter. Psychologiquement, c’est une période de doute et de faible confiance en soi.
Ainsi, avec l’adolescence, s’ouvre une période de fragilité pendant laquelle il faut faire le deuil de l’enfant qu’on a été et découvrir l’adulte qu’on veut devenir.
Le stade de l’adolescence n’existe pas dans toutes les sociétés ; pour certaines, à la puberté, l’enfant devient adulte. Dans notre société, l’adolescence a trouvé sa place relativement récemment. Avec l’accroissement de l’espérance de vie, la diminution de la natalité, le recul de l’âge de l’entrée dans la vie active, les jeunes ont pu prolonger le temps de l’insouciance et les parents ont pu choyer leur petit plus longtemps.
Importance du groupe de pairs à l’adolescence
Une autonomie difficile à conquérir
L’adolescent doit construire son identité personnelle, distincte de celle de ses parents, alors qu’il s’était identifié à eux depuis sa naissance. Sur ce chemin vers l’autonomie de pensée et d’action, il commence par s’identifier à un groupe de pairs. Au début de l’adolescence, cette bande est un environnement protecteur qui réunit généralement des individus du même sexe. Elle deviendra hétérosexuelle ensuite. Par ces échanges avec d’autres adolescents, le jeune se crée un vécu, des souvenirs, un jardin secret que ses parents ne connaissent pas et qu’il ne partage pas avec eux. C’est à ses amis qu’il se confie, puisqu’il considère que ses parents ne peuvent pas le comprendre.
Dans une enquête Ipsos de 2005, 60 % des adolescents déclarent qu’en cas de problème, ils se tournent vers leurs pairs. Seuls 40 % d’entre eux commencent par en parler à leurs parents.
Le groupe comme ferment identitaire
C’est avec le groupe de pairs que l’adolescent se teste dans l’autonomie qui lui a été laissée puisque le simple fait de choisir un groupe et de se faire accepter par celui-ci est un premier pas vers le monde des adultes. Il doit trouver ceux auprès de qui il sera bien, ceux qui auront une influence positive dans sa vie et adopter l’attitude qu’il faut pour s’en faire accepter. L’influence du groupe s’exprime dans de nombreux domaines : habillement, musique, alimentation, loisirs…
Certains adolescents choisissent des groupes à l’influence néfaste qui les conduisent à consommer des produits illicites ou à commettre des actes délictueux. Durant l’adolescence, on consomme rarement seul des produits psychotropes.
En général, le jeune délaisse son groupe de pairs lorsque la rencontre amoureuse devient prépondérante dans son existence. À ce moment-là, l’autre remplace la tribu.
Malaise des adolescents
Causes de ce malaise
La puberté marque une transformation forte du corps, souvent perçue par le jeune comme une dégradation. Il ne se reconnaît plus, il ne se plaît plus. Parallèlement, le regard qu’on porte sur lui devient très important, il se préoccupe beaucoup de ce que pense son groupe de pairs ou la personne pour laquelle il ressent ses premiers émois…
L’adolescence est aussi une ambiguïté existentielle. L’adolescent ne trouve pas sa place dans la société. Son statut lui octroie ses premières responsabilités, ses premiers devoirs, il est confronté aux premiers choix qui vont engager son avenir (orientation scolaire, choix de ses fréquentations, de son style vestimentaire…). Il est temps pour lui de construire son identité, mais la tâche est ardue et elle prend de plus en plus de temps.
Aujourd’hui, on parle même « d’adulescence » pour définir ces adultes qui ne parviennent pas à prendre leur envol : 25 % des personnes de 25 ans vivent encore chez leurs parents.
Le malaise des adolescents est aussi accru par la crise de la famille. Celle-ci devient instable alors que le jeune a besoin de repères et de « personnes-ressources » pour surmonter son instabilité psychologique.
Conséquences
Ce malaise vécu à l’adolescence a des conséquences parfois dramatiques comme les comportements ordaliques – la prise de risque volontaire – qui sont en augmentation constante : sports extrêmes, défis stupides, jeux ou paris dangereux… Ces comportements témoignent de trois désirs :
Suicide à l’adolescence
Comprendre le passage à l’acte
Parfois, la « crise d’adolescence » prend des proportions dramatiques et peut mener au suicide. Si avant 14 ans, très peu d’enfants mettent volontairement fin à leurs jours, chez les 15–24 ans, c’est la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route, avec environ 800 jeunes par an qui décèdent par suicide. 40 000 jeunes (pour une large part des jeunes filles) font une tentative de suicide chaque année. Leur objectif n’est pas réellement de mourir mais de cesser de souffrir. Dans leur mal-être, c’est la solution la plus radicale qu’ils ont trouvée pour se faire entendre, car ils n’ont plus aucun espoir de pouvoir sortir de la situation jugée trop difficile à vivre.
Le processus suicidaire ne dure pas toute la vie, il est généralement réversible, mais l’appel à l’aide doit toujours être pris au sérieux, car on relève près de 40 % de récidives.
Causes
Les raisons qui mènent au suicide sont toujours personnelles. Cependant, certaines causes récurrentes peuvent être repérées :
Mères adolescentes
Il y a encore quelques décennies, il était tout à fait normal et socialement accepté de se marier très jeune et d’avoir un enfant rapidement. Aujourd’hui, il semble raisonnable d’avoir fini ses études, d’avoir trouvé un emploi qui garantisse une situation professionnelle stable et d’avoir construit une vie personnelle équilibrée pour envisager de devenir parent. De ce fait, l’âge de la première grossesse ne cesse de reculer et les maternités à l’adolescence sont stigmatisées.
Pourtant, les études montrent que, malgré la diffusion de la contraception, le nombre de grossesses à l’adolescence ne diminue plus depuis 20 ans. Chaque année, on enregistre environ 6000 naissances chez des mères de 18 ans ou moins, dont près de 1000 chez les mères de moins de 16 ans. De plus, 51 % des grossesses sont avortées chez les adolescentes.
Les grossesses non désirées sont donc fréquentes à cet âge et on estime que 21 % des mineures sexuellement actives n’utilisent aucun moyen de contraception.
Origines du désir de grossesse
On relève quatre catégories de motivations pouvant expliquer le désir de grossesse à l’adolescence :
Le quotidien avec l’enfant
Après la naissance, les situations évoluent de façon très variée. Si elle est entourée et soutenue par sa famille, la mère adolescente peut tout à fait développer une attitude parentale pertinente. Pleine de bonne volonté, elle joue facilement avec l’enfant et est vigilante à ses besoins. Mais l’enthousiasme du début peut rapidement s’estomper lorsque la routine s’installe, car élever un enfant donne certes beaucoup de plaisir mais confronte aussi le parent à la fatigue et à la frustration.
Ces jeunes filles bénéficient d’un suivi renforcé dès la naissance pour prévenir les risques de maltraitance et les confirmer dans leur capacité à devenir mère. Certaines structures comme les centres maternels sont spécifiquement prévues pour proposer un accompagnement éducatif à des jeunes mères qui en ressentent le besoin.
Le niveau scolaire de la mère avant la grossesse et la reprise de la scolarité suite à la naissance sont facteurs de bon pronostic, car ils assurent l’avenir de la famille et entretiennent une vie sociale pour la jeune mère. Cependant, c’est loin d’être la règle, d’autant que le désinvestissement scolaire est souvent présent avant la grossesse – 25 % seulement des adolescentes allaient régulièrement à l’école avant d’être enceintes.
Quand le retour à la scolarité est impossible, il faut aider la jeune fille à construire rapidement un projet professionnel adapté afin que l’enfant ne soit pas vu comme seule source de revenus possible à travers les allocations qu’il octroie. L’allocation parent isolé (API) est très souvent perçue par ces adolescentes, mais elle n’est versée que durant trois ans.
Le défi du grand âge dans les sociétés vieillissantes
Introduction
La population mondiale vieillit. Environ 550 millions de personnes avaient plus de 60 ans en 1996. En 2020, on estime qu’elles seront deux fois plus. Aujourd’hui, les plus de 60 ans représentent environ un sixième de la population : ils seront un tiers en 2050. Le phénomène du vieillissement n’est pas seulement français (d’ailleurs, notre pays parvient à amortir cette tendance avec une natalité relativement haute) mais mondial. Cette réalité entraîne nécessairement de profonds changements et nous invite à nous interroger.
L’espérance de vie en augmentation dans les pays riches
Dans les pays occidentaux, nous gagnons environ un trimestre par an. Même si ce chiffre se stabilise chez les femmes (à cause des conduites à risques comme le tabagisme), l’espérance de vie augmente : 84 ans pour les femmes, 77 ans pour les hommes en France. Cet allongement de la vie est lié à deux grands facteurs :
Conséquences du vieillissement
Conséquences individuelles
D’abord, le corps ne suit plus, les risques de maladies cardio-vasculaires, ostéo-articulaires ou de cancers augmentent avec l’âge. Mais la vieillesse, c’est aussi une multitude de gênes : l’incontinence, la perte de la vue, les problèmes nutritionnels, de sommeil, de peau…
Avec la sénilité survient aussi le déclin des facultés intellectuelles : les pertes de mémoire ou d’attention, la somnolence, la désorientation dans l’espace ou dans le temps, les difficultés d’adaptation aux situations nouvelles. Le principal problème, c’est la maladie d’Alzheimer qui ne cesse d’augmenter et que les hôpitaux ont de plus en plus de mal à prendre en charge. Il s’agit d’une pathologie lourde qui rend les personnes complètement dépendantes. Cette maladie entraîne un véritable problème de société.
Il faut aussi évoquer la perte d’autonomie. Le vieillissement est un facteur de dépendance. Or, notre société n’a ni le personnel ni les infrastructures en nombre suffisant pour faire face comme il se devrait à cette exigence nouvelle.
Enfin, la vieillesse ne doit pas se traduire par la perte du sens de la vie. C’est tout le problème de l’exclusion des personnes âgées. Elles ont parfois le sentiment de devenir un « rebut », un « déchet social ». C’est également le problème de la solitude liée à l’éclatement de la structure familiale et à l’éloignement des enfants. Même en institution, les personnes âgées vivent une situation de solitude au milieu des autres. Elles ont perdu leurs repères, leur mobilier, leur animal de compagnie parfois.
Dans un contexte de « jeunisme » généralisé, où la vieillesse se vit comme une « tare », on comprend que le déclin qui survient inéluctablement entraîne un mal-être, un sentiment d’inutilité. Le succès de la DHEA, cette « pilule » de jouvence, ou d’attributs comme le Viagra® marquent une tendance presque « faustienne » de la société à repousser au plus tard possible le moment du déclin.
Conséquences sociales
Le vieillissement nous invite à relever trois grands défis.
Les retraites
En 1970, il y avait un retraité pour trois cotisants. En 2010, un retraité pour deux cotisants. Et en 2040, deux retraités pour trois cotisants. Fatalement, le problème du financement des retraites se pose. Les dispositions prises par le gouvernement Fillon en 2010 ont suscité des réactions de défense : l’augmentation du nombre d’années de cotisations a été vécue comme une injustice par certains. Que fallait-il faire ? Diminuer les pensions ? Augmenter les cotisations ? Partir plus tard en retraite ? Transformer la retraite par répartition en retraite par capitalisation ? Aucune solution ne fait l’unanimité et ce dossier très sensible n’incite pas la classe politique à s’y frotter avec détermination : les plus alarmistes estiment que la réforme ne change pas fondamentalement la donne et qu’il faudra encore s’attaquer au dossier dans quelques années.
L’adaptation des structures sanitaires et sociales
L’augmentation du nombre de personnes du « quatrième âge » devrait poser des problèmes liés au financement du système de soins. On devrait par ailleurs manquer de place pour accueillir les personnes âgées dans les institutions spécialisées. La démographie médicale est en baisse : il n’y a plus assez de médecins, d’infirmières. Notre société a de nombreux défis à relever pour s’adapter aux personnes âgées. Il faut développer l’aide à domicile, les services de livraison, les transports… bref, s’atteler à un chantier gigantesque qui demande de réels efforts.
Sclérose et inertie
Une société qui vieillit est-elle un frein au dynamisme économique et social ? On craint que notre société soit moins productive et créative avec le vieillissement. On invoque un risque de « fossilisation », d’ « ankylose », de « sclérose sociale ». On dit parfois de la vieillesse qu’elle est misonéiste (qu’elle n’aime pas la nouveauté) et réactionnaire. On craint une régression en matière sociale, culturelle, économique… La peur d’un conflit intergénérationnel couve : les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, pourront former un puissant lobby (groupe de pression) au service de leurs intérêts.
Le vieillissement : une chance pour notre société ?
Toutes ces craintes sont-elles fondées ? En matière économique, les seniors sont issus du baby-boom. Ils ont connu les Trente Glorieuses et le système de consommation. Leur mode de vie n’est pas décalé par rapport à celui de l’ensemble de la société. Ils consomment du loisir, des voyages, du paramédical, des activités sportives… Ils sont propriétaires de plus de 60 % du capital immobilier et d’une forte partie du capital boursier. Ce sont eux qui maintiennent les commerces de proximité.
Dans la famille, quand ils sont présents, les seniors jouent un rôle déterminant, car ils sont disponibles et ont de l’argent : ils permettent un soutien matériel, financier et affectif très fort.
En matière sociale, les seniors ont du temps et ils s’investissent dans les associations. Les anciens jouent un rôle de transmission culturelle important pour ce qui concerne les rites, les folklores. Ce sont les personnes âgées qui passent les témoins. Aujourd’hui, les générations cohabitent plus longtemps : elles devront donc échanger plus facilement. La France chenue est une chance pour notre société. Elle ouvre de nouvelles perspectives.
Maltraitance des personnes âgées
Ce phénomène, encore trop mal connu, commence à intéresser les pouvoirs publics comme les professionnels de soin. Les lois du silence et de l’ignorance rendent difficiles la compréhension et la prise en charge du problème.
La maltraitance, qui consiste à violenter ou à négliger des individus en état de dépendance – en l’occurrence les personnes âgées –, se manifeste par de multiples aspects.

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