12. L’individu dans la société


L’individu dans la société



CE QU’IL FAUT SAVOIR



La question de l’enfance, de sa prise en charge et de sa protection



Quelques définitions


Éducation. Action exercée sur une personne mineure pour développer ses facultés et son caractère, mais également l’ensemble des moyens permettant d’y parvenir. La famille, l’école mais aussi la société dans sa globalité contribuent à l’éducation des enfants.


Maltraitance. Selon l’ONU, ce terme désigne « toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalité physique ou mentale, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle ».


Quelques chiffres


5 millions d’enfants de moins de 6 ans ont été recensés au 1er janvier 2008 en France métropolitaine.


828 000 bébés sont nés en 2010. C’est, selon l’Insee, autant qu’en 2006 ou 2008, années record parmi ces 25 dernières années.


30 ans. C’est l’âge moyen à la maternité en 2010, qui continue de s’élever (il était de 29,3 ans en 1997).


Deux tiers des enfants de moins de 3 ans sont gardés par un membre de leur famille.


20 % des enfants de moins de 3 ans vont chez une assistante maternelle.


8 % des enfants de moins de 3 ans vont en crèche.



image Introduction


Au cours de l’histoire, la place de l’enfant dans la société a évolué, tout comme la façon de l’éduquer. Aujourd’hui, l’éducation ne passe plus par la violence et la coercition, on préfère le dialogue et la négociation. L’objectif à atteindre est d’accompagner l’enfant dans son évolution pour favoriser son épanouissement et le rendre progressivement autonome, afin qu’il puisse ensuite trouver sa place dans la société. Ainsi, pour bien grandir, l’enfant a besoin d’être en contact avec des adultes qui vont l’éduquer, lui montrer, lui expliquer mais aussi le protéger de lui-même et des autres.


Le droit à la sécurité est un droit fondamental de toute personne humaine. Concernant l’enfant, c’est d’abord à ses parents qu’il revient de veiller à sa sécurité. Pour cela, il faut connaître ses besoins et y répondre. Mais d’autres instances sont amenées à accueillir l’enfant dans la journée. Ainsi, la société joue un rôle dans la construction des enfants.


Parfois, la famille n’est pas en mesure de s’occuper de son enfant, elle peut même se révéler dangereuse pour lui. Il faut alors le protéger et l’aider à grandir en dehors de son milieu familial.



image L’enfant



image Rôle des parents

Si les parents ne sont pas les seuls éducateurs de leur enfant – ils partagent cette tâche avec de nombreuses instances –, ils n’en restent pas moins ses principaux interlocuteurs tout au long de son évolution. Il faut donc qu’ils parviennent à lui transmettre au fur et à mesure ce qu’il doit savoir.


Pour se construire et s’ouvrir au monde, l’enfant doit bénéficier d’un sentiment de sécurité affective. Imposer des limites et transmettre des règles de vie contribue à la sécurité du jeune enfant qui prend ainsi conscience qu’on l’observe et qu’on veille sur lui, donc qu’il est digne d’intérêt et d’amour. Mais parvenir à faire cela n’est pas simple et les parents sont souvent en demande de conseils, qui se révèlent le plus souvent contradictoires. Il n’existe pas de mode d’emploi pour accompagner un enfant dans son évolution, il y a autant de modes d’éducation qu’il y a d’enfants, et pourtant ouvrages, émissions télévisées et conférences sur le sujet se multiplient.



image Besoins spécifiques de l’enfant

L’enfant est un être en construction qui a des besoins qui lui sont propres, tant pour le sommeil et l’alimentation que dans les échanges. Le respect du rythme de vie de l’enfant est indispensable à sa bonne santé et à son équilibre.


Mais il est souvent difficile de concilier les besoins de l’enfant et les besoins sociaux et économiques de ses parents qui le confient à une collectivité pour pouvoir aller travailler.


Avant de se socialiser, l’enfant a besoin de nouer un lien d’attachement stable avec un adulte référent. Ce sera le plus souvent sa mère. La socialisation ne devrait arriver que plus tardivement, puisque seuls les enfants qui ont cette sécurité affective initiale auront les ressources suffisantes pour que la collectivité leur soit profitable.


D’autre part, le jeune enfant a besoin de comprendre son environnement et de pouvoir anticiper sur ce qui l’attend : la multiplication des intervenants, le bruit et le mouvement permanents qui sont présents dans les collectivités ne permettent pas toujours de répondre à cela. De même, il est difficile d’y reproduire les rituels sécurisants qui rythment la vie de famille. Ainsi, l’organisation de l’accueil des enfants les plus jeunes en structure doit être particulièrement réfléchie.



image Importance du jeu

C’est par le jeu que l’enfant découvre son environnement et teste ses propres capacités à agir sur le monde qui l’entoure. Le jeu favorise également l’imagination, la créativité, le langage, etc.


Ceux qui accompagnent l’enfant dans son éveil doivent donc favoriser l’expérimentation personnelle et le laisser grandir à son rythme dans un milieu riche et sécurisant. Tous les enfants ne réalisent pas les mêmes gestes au même âge : certains seront « en avance » dans leur motricité fine tandis qu’ils seront « en retard » au niveau langagier. Il n’y a pas de règles et c’est pour cela que les médecins sont toujours prudents avant d’évoquer un handicap ou une déficience chez un enfant. Ce qui compte, c’est que l’enfant évolue régulièrement.



image Prise en charge des enfants



image De plus en plus d’enfants sont gardés en dehors de leur domicile

Alors que le nombre de femmes en âge de procréer diminue depuis 25 ans, le nombre de naissances progresse grâce à l’augmentation du taux de fécondité, qui s’est élevé à 2,02 enfants par femme en 2008. La France a le plus fort taux de fécondité d’Europe.


Parallèlement, si au début des années 1970, la moitié des femmes âgées de 25 à 59 ans étaient actives, aujourd’hui, les trois quarts le sont. Ainsi, vie de famille et vie professionnelle sont deux impératifs à concilier pour de nombreuses mères. C’est pour cela que, historiquement, l’accueil du petit enfant et l’essor du travail féminin se sont développés conjointement.


Aujourd’hui, la France compte près de 10 000 établissements d’accueil collectif (crèches, haltes-garderies, multi-accueils, jardins d’enfants), mais on estime qu’il manque environ 500 000 places pour faire face aux besoins. Les enfants qui n’obtiennent pas de places sont alors ballottés entre des solutions multiples qui mettent à contribution grands-parents, baby-sitters, garderie…


Sur le territoire, tous les enfants ne bénéficient pas des mêmes possibilités d’accueil. Les disparités régionales sont fortes. La région parisienne et le Sud-Est de la France sont particulièrement bien pourvus tandis que la moitié Nord du pays souffre d’un déficit important. Le recours aux assistantes maternelles agréées vient répondre aux besoins non couverts par les pouvoirs publics.



image Scolariser à 2 ans : une bonne idée ?

Depuis 1990, le recours à la scolarisation précoce, avant 3 ans, se développe dans la limite des places disponibles, à l’exception des ZEP où elle est recommandée. En effet, les études soulignent que les enfants des personnes n’ayant jamais travaillé et vivant des minima sociaux constituent une population particulièrement vulnérable au retard scolaire. Faire quatre années d’école maternelle constituerait une solution efficace pour que ces enfants bénéficient de stimulations favorables à leur éveil. De plus, les limites imposées par l’école peuvent compenser certaines carences éducatives.


Dans les faits, aujourd’hui, un enfant sur quatre est scolarisé à 2 ans. Les parents soulignent que c’est un choix pour que leur enfant s’éveille davantage, mais 20 % reconnaissent aussi qu’ils le font pour des raisons d’ordre matériel : absence de mode de garde, besoin de retourner travailler, faible coût de l’école par rapport aux autres modes de garde…



image Protection de l’enfance



image Les différents visages de la maltraitance

Dans notre pays, entre 500 et 700 enfants meurent chaque année suite à des actes de maltraitance. Les décès de nourrissons consécutifs à des sévices représentent désormais, en France, la deuxième cause de mortalité infantile. Il convient de distinguer deux catégories d’enfants en danger.



image L’enfant dit en risque est le mineur qui « connaît des conditions d’existence risquant de mettre en danger sa santé, sa sécurité, sa moralité, son éducation ou son entretien, mais qui n’est pas pour autant maltraité ». L’enfant attire l’attention des professionnels par son comportement, son état de santé, ses propos, mais il ne présente pas de lésion corporelle.


image L’enfant maltraité est l’enfant victime de violences physiques, de cruautés mentales, de négligences lourdes et d’abus sexuels « ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique ». Dans ce cas précis, l’enfant est victime, ce qui veut dire qu’il souffre de lésions corporelles (plaies, contusions, brûlures, fractures, hématomes…), de carences graves, notamment nutritionnelles, ou de troubles psychologiques.


En France, on estime qu’il y a environ 100 000 enfants en danger, dont 20 000 enfants maltraités.


Si la violence physique tend à diminuer, les abus sexuels sont en constante augmentation. L’une et l’autre sont des formes de maltraitance active, les séquelles sont visibles, ce qui facilite leur identification. Mais il existe une autre forme de maltraitance, dite « passive », car d’ordre psychologique. Il s’agit des négligences dont se rendent coupables les responsables de l’enfant en le privant d’amour, de soins d’hygiène, de nourriture… Cette forme de maltraitance est la plus répandue.


D’autre part, les filles sont plus souvent victimes de maltraitance que les garçons : elles représentent 58 % du total des enfants maltraités et semblent victimes d’un plus grand nombre d’abus sexuels. Ceux-ci sont en général le fait de l’entourage familial ou des réseaux de prostitution. Environ 5000 enfants seraient aujourd’hui prisonniers de ces réseaux.



image Conséquences et causes explicatives

Quelle que soit la forme de maltraitance subie, les séquelles pour l’enfant sont souvent importantes. Au-delà des lésions physiques, il peut développer de graves troubles psychologiques : retard dans le développement psychomoteur et intellectuel, trouble du développement (inhibition, agressivité, angoisse…). Devenues adultes, de très nombreuses victimes vivront toujours avec le traumatisme en refusant d’avoir des enfants, en se prostituant ou en répétant la violence sur leurs propres enfants : 80 % des auteurs de maltraitance sont d’anciennes victimes qui ont souvent développé des troubles psychiatriques liés à des carences affectives.


Ainsi, dans la majorité des cas, ce sont les parents qui s’avèrent être les auteurs des mauvais traitements. Les familles maltraitantes sont généralement en difficulté sociale : les familles monoparentales, recomposées et les parents inactifs sont surreprésentés. Trente-six pour-cent des enfants en danger relèvent de ces situations familiales et huit mères maltraitantes sur dix sont sans emploi. Les enfants non désirés sont également plus souvent victimes de sévices.



image Mesures d’aides et de prévention

Au-delà des chiffres officiels, un rapport de l’Observatoire national de l’enfance en danger estime dans une enquête de 2008 que seuls 25 % des femmes adultes ayant subi des maltraitances sexuelles dans leur enfance ont été accompagnées par les services sociaux. Cela permet d’estimer le nombre très important de petites victimes qui ne bénéficient d’aucune aide. Le travail de prévention et de détection est donc primordial.


Pour ce faire, le Gouvernement a instauré en 1997 un numéro d’appel gratuit, le 119, destiné aux enfants ou aux adultes confrontés, à quelque titre que ce soit, au problème de la maltraitance infantile. De plus, certaines institutions sont chargées de prévenir et de repérer les maltraitances sur enfants.



La Protection maternelle et infantile (PMI)

La Protection maternelle et infantile (PMI) a été instaurée en 1945. Une de ses missions consiste à réaliser des visites à domicile auprès des futurs et des nouveaux parents qui auront pu être repérés comme à risques du fait de leur âge, de leur isolement ou de leur situation économique. Pour ce repérage, la PMI s’appuie sur la déclaration de grossesse, document obligatoire rempli par les médecins, qui permet notamment la mise en place des allocations familiales.


Ces visites sont importantes, car elles permettent d’accéder à des familles qui n’ont pas l’aisance nécessaire pour demander à bénéficier des services offerts dans des cadres institutionnels ou qui refusent de participer à des réunions collectives. À domicile, les professionnels de la santé peuvent développer un lien de confiance avec la famille et réaliser une évaluation de la situation et de son évolution dans le temps.



L’aide sociale à l’enfance (ASE)

L’aide sociale à l’enfance (ASE) est un service éducatif géré par le conseil général. L’ASE est chargée de réaliser des interventions de prévention à domicile, des enquêtes sociales en cas de suspicion de maltraitance et d’héberger les mineurs retirés de leur famille par décision du juge des enfants. Elle peut alors décider de les placer dans un centre départemental de l’enfance le temps de réaliser une évaluation, chez une assistante familiale agréée ou dans un centre éducatif. Le placement, d’une durée minimale de six mois, peut se prolonger jusqu’à la majorité de l’enfant dans les cas les plus graves.



L’école

L’école est également un lieu important de prévention et de repérage. En effet, les enseignants sont souvent les personnes auprès desquelles l’enfant passe le plus de temps en dehors de sa famille, ils le connaissent bien et le suivent dans le temps, ils peuvent donc repérer des évolutions dans l’attitude d’un enfant ou recevoir ses confidences. D’autre part, les programmes scolaires constituent une stratégie de prévention en évoquant le thème et en indiquant à l’enfant ce qu’il peut faire. Enfin, durant sa scolarité, chaque enfant bénéfice de cinq visites médicales gratuites et obligatoires.



Adolescence



Quelques définitions


Adolescence. Étymologiquement, elle se définit comme une seconde naissance, c’est-à-dire un âge intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte. Il s’agit donc d’une période transitoire.


Puberté. Période durant laquelle l’être humain devient progressivement apte aux fonctions reproductrices suite à des modifications physiologiques, morphologiques et psychologiques.


« Adonaissant ». Ce néologisme désigne, chez certains sociologues, les « pré-ados » de 11 à 14 ans dont les comportements ne sont plus tout à fait ceux des enfants.


« Adulescent ». Jeune de 18 à 25 ans dont les manières de vivre et de penser ne sont pas encore celles d’un adulte accompli.


Groupe de pairs. Appellation qui désigne un rapprochement d’individus présentant des caractéristiques communes (âge, ethnie…).


Quelques chiffres


1,6 % des filles et 1 % des garçons âgés de 10 à 19 ans ont pris des antidépresseurs en l’an 2000.


10 % des 12–19 ans ont essayé de se tuer au moins une fois dans leur vie.


10 % des collégiens avouent avoir goûté au cannabis.


17 ans. L’âge moyen des premiers rapports sexuels, équivalent dans les deux sexes, se maintient depuis 1985.



image Introduction


L’adolescence se caractérise par l’alternance entre insouciance et mal-être. Insouciance liée à la liberté et à l’autonomie que les parents commencent à accorder, aux faibles responsabilités à endosser, à l’espoir engendré par les choix faits pour son avenir… Mais aussi mal-être, car les changements corporels sont brutaux et difficiles à accepter. Psychologiquement, c’est une période de doute et de faible confiance en soi.


Ainsi, avec l’adolescence, s’ouvre une période de fragilité pendant laquelle il faut faire le deuil de l’enfant qu’on a été et découvrir l’adulte qu’on veut devenir.


Le stade de l’adolescence n’existe pas dans toutes les sociétés ; pour certaines, à la puberté, l’enfant devient adulte. Dans notre société, l’adolescence a trouvé sa place relativement récemment. Avec l’accroissement de l’espérance de vie, la diminution de la natalité, le recul de l’âge de l’entrée dans la vie active, les jeunes ont pu prolonger le temps de l’insouciance et les parents ont pu choyer leur petit plus longtemps.



image Importance du groupe de pairs à l’adolescence



image Une autonomie difficile à conquérir

L’adolescent doit construire son identité personnelle, distincte de celle de ses parents, alors qu’il s’était identifié à eux depuis sa naissance. Sur ce chemin vers l’autonomie de pensée et d’action, il commence par s’identifier à un groupe de pairs. Au début de l’adolescence, cette bande est un environnement protecteur qui réunit généralement des individus du même sexe. Elle deviendra hétérosexuelle ensuite. Par ces échanges avec d’autres adolescents, le jeune se crée un vécu, des souvenirs, un jardin secret que ses parents ne connaissent pas et qu’il ne partage pas avec eux. C’est à ses amis qu’il se confie, puisqu’il considère que ses parents ne peuvent pas le comprendre.


Dans une enquête Ipsos de 2005, 60 % des adolescents déclarent qu’en cas de problème, ils se tournent vers leurs pairs. Seuls 40 % d’entre eux commencent par en parler à leurs parents.



image Le groupe comme ferment identitaire

C’est avec le groupe de pairs que l’adolescent se teste dans l’autonomie qui lui a été laissée puisque le simple fait de choisir un groupe et de se faire accepter par celui-ci est un premier pas vers le monde des adultes. Il doit trouver ceux auprès de qui il sera bien, ceux qui auront une influence positive dans sa vie et adopter l’attitude qu’il faut pour s’en faire accepter. L’influence du groupe s’exprime dans de nombreux domaines : habillement, musique, alimentation, loisirs…


Certains adolescents choisissent des groupes à l’influence néfaste qui les conduisent à consommer des produits illicites ou à commettre des actes délictueux. Durant l’adolescence, on consomme rarement seul des produits psychotropes.


En général, le jeune délaisse son groupe de pairs lorsque la rencontre amoureuse devient prépondérante dans son existence. À ce moment-là, l’autre remplace la tribu.



image Malaise des adolescents



image Causes de ce malaise

La puberté marque une transformation forte du corps, souvent perçue par le jeune comme une dégradation. Il ne se reconnaît plus, il ne se plaît plus. Parallèlement, le regard qu’on porte sur lui devient très important, il se préoccupe beaucoup de ce que pense son groupe de pairs ou la personne pour laquelle il ressent ses premiers émois…


L’adolescence est aussi une ambiguïté existentielle. L’adolescent ne trouve pas sa place dans la société. Son statut lui octroie ses premières responsabilités, ses premiers devoirs, il est confronté aux premiers choix qui vont engager son avenir (orientation scolaire, choix de ses fréquentations, de son style vestimentaire…). Il est temps pour lui de construire son identité, mais la tâche est ardue et elle prend de plus en plus de temps.


Aujourd’hui, on parle même « d’adulescence » pour définir ces adultes qui ne parviennent pas à prendre leur envol : 25 % des personnes de 25 ans vivent encore chez leurs parents.


Le malaise des adolescents est aussi accru par la crise de la famille. Celle-ci devient instable alors que le jeune a besoin de repères et de « personnes-ressources » pour surmonter son instabilité psychologique.




image Suicide à l’adolescence



image Comprendre le passage à l’acte

Parfois, la « crise d’adolescence » prend des proportions dramatiques et peut mener au suicide. Si avant 14 ans, très peu d’enfants mettent volontairement fin à leurs jours, chez les 15–24 ans, c’est la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route, avec environ 800 jeunes par an qui décèdent par suicide. 40 000 jeunes (pour une large part des jeunes filles) font une tentative de suicide chaque année. Leur objectif n’est pas réellement de mourir mais de cesser de souffrir. Dans leur mal-être, c’est la solution la plus radicale qu’ils ont trouvée pour se faire entendre, car ils n’ont plus aucun espoir de pouvoir sortir de la situation jugée trop difficile à vivre.


Le processus suicidaire ne dure pas toute la vie, il est généralement réversible, mais l’appel à l’aide doit toujours être pris au sérieux, car on relève près de 40 % de récidives.




image Mères adolescentes


Il y a encore quelques décennies, il était tout à fait normal et socialement accepté de se marier très jeune et d’avoir un enfant rapidement. Aujourd’hui, il semble raisonnable d’avoir fini ses études, d’avoir trouvé un emploi qui garantisse une situation professionnelle stable et d’avoir construit une vie personnelle équilibrée pour envisager de devenir parent. De ce fait, l’âge de la première grossesse ne cesse de reculer et les maternités à l’adolescence sont stigmatisées.


Pourtant, les études montrent que, malgré la diffusion de la contraception, le nombre de grossesses à l’adolescence ne diminue plus depuis 20 ans. Chaque année, on enregistre environ 6000 naissances chez des mères de 18 ans ou moins, dont près de 1000 chez les mères de moins de 16 ans. De plus, 51 % des grossesses sont avortées chez les adolescentes.


Les grossesses non désirées sont donc fréquentes à cet âge et on estime que 21 % des mineures sexuellement actives n’utilisent aucun moyen de contraception.




image Le quotidien avec l’enfant

Après la naissance, les situations évoluent de façon très variée. Si elle est entourée et soutenue par sa famille, la mère adolescente peut tout à fait développer une attitude parentale pertinente. Pleine de bonne volonté, elle joue facilement avec l’enfant et est vigilante à ses besoins. Mais l’enthousiasme du début peut rapidement s’estomper lorsque la routine s’installe, car élever un enfant donne certes beaucoup de plaisir mais confronte aussi le parent à la fatigue et à la frustration.


Ces jeunes filles bénéficient d’un suivi renforcé dès la naissance pour prévenir les risques de maltraitance et les confirmer dans leur capacité à devenir mère. Certaines structures comme les centres maternels sont spécifiquement prévues pour proposer un accompagnement éducatif à des jeunes mères qui en ressentent le besoin.


Le niveau scolaire de la mère avant la grossesse et la reprise de la scolarité suite à la naissance sont facteurs de bon pronostic, car ils assurent l’avenir de la famille et entretiennent une vie sociale pour la jeune mère. Cependant, c’est loin d’être la règle, d’autant que le désinvestissement scolaire est souvent présent avant la grossesse – 25 % seulement des adolescentes allaient régulièrement à l’école avant d’être enceintes.


Quand le retour à la scolarité est impossible, il faut aider la jeune fille à construire rapidement un projet professionnel adapté afin que l’enfant ne soit pas vu comme seule source de revenus possible à travers les allocations qu’il octroie. L’allocation parent isolé (API) est très souvent perçue par ces adolescentes, mais elle n’est versée que durant trois ans.



Le défi du grand âge dans les sociétés vieillissantes



Quelques définitions


Troisième âge. Cette dénomination recouvre, selon l’OMS, les plus de 60 ans. On parle désormais de « quatrième » âge pour les plus de 75 ans.


APA. Sigle désignant l’allocation personnalisée d’autonomie. Cette ressource permet aux personnes âgées dépendantes de bénéficier d’une aide pour rester à domicile. L’APA est versée par le conseil général en lien avec les caisses de retraite.


DHEA. Les quatre lettres de ce sigle désignent une hormone produite de façon naturelle par l’organisme : la déhydroépiandrostérone. Ce stéroïde a fait l’objet d’un engouement incroyable aux États-Unis quand il a été commercialisé sous forme médicamenteuse. Malgré les doutes émis sur son efficacité, la DHEA a été utilisée par des millions d’Américains comme une pilule de jouvence.


Quelques chiffres


25 ans. C’était l’espérance de vie moyenne en 1740  ! Elle atteint aujourd’hui 80 ans, 84 ans pour les femmes et 77 ans pour les hommes.


300 000. C’est le nombre de centenaires que pourrait compter, selon les prévisions, la société française en 2050. Ils sont aujourd’hui environ 20 000…


3 %. C’est le taux de personnes âgées de plus de 65 ans qui vivent en maison de retraite ou en établissement de soins.


800 000. C’est le nombre de personnes qui seraient touchées, aujourd’hui, par la maladie d’Alzheimer.



image Introduction


La population mondiale vieillit. Environ 550 millions de personnes avaient plus de 60 ans en 1996. En 2020, on estime qu’elles seront deux fois plus. Aujourd’hui, les plus de 60 ans représentent environ un sixième de la population : ils seront un tiers en 2050. Le phénomène du vieillissement n’est pas seulement français (d’ailleurs, notre pays parvient à amortir cette tendance avec une natalité relativement haute) mais mondial. Cette réalité entraîne nécessairement de profonds changements et nous invite à nous interroger.




image Conséquences du vieillissement



image Conséquences individuelles

D’abord, le corps ne suit plus, les risques de maladies cardio-vasculaires, ostéo-articulaires ou de cancers augmentent avec l’âge. Mais la vieillesse, c’est aussi une multitude de gênes : l’incontinence, la perte de la vue, les problèmes nutritionnels, de sommeil, de peau…


Avec la sénilité survient aussi le déclin des facultés intellectuelles : les pertes de mémoire ou d’attention, la somnolence, la désorientation dans l’espace ou dans le temps, les difficultés d’adaptation aux situations nouvelles. Le principal problème, c’est la maladie d’Alzheimer qui ne cesse d’augmenter et que les hôpitaux ont de plus en plus de mal à prendre en charge. Il s’agit d’une pathologie lourde qui rend les personnes complètement dépendantes. Cette maladie entraîne un véritable problème de société.


Il faut aussi évoquer la perte d’autonomie. Le vieillissement est un facteur de dépendance. Or, notre société n’a ni le personnel ni les infrastructures en nombre suffisant pour faire face comme il se devrait à cette exigence nouvelle.


Enfin, la vieillesse ne doit pas se traduire par la perte du sens de la vie. C’est tout le problème de l’exclusion des personnes âgées. Elles ont parfois le sentiment de devenir un « rebut », un « déchet social ». C’est également le problème de la solitude liée à l’éclatement de la structure familiale et à l’éloignement des enfants. Même en institution, les personnes âgées vivent une situation de solitude au milieu des autres. Elles ont perdu leurs repères, leur mobilier, leur animal de compagnie parfois.


Dans un contexte de « jeunisme » généralisé, où la vieillesse se vit comme une « tare », on comprend que le déclin qui survient inéluctablement entraîne un mal-être, un sentiment d’inutilité. Le succès de la DHEA, cette « pilule » de jouvence, ou d’attributs comme le Viagra® marquent une tendance presque « faustienne » de la société à repousser au plus tard possible le moment du déclin.



image Conséquences sociales

Le vieillissement nous invite à relever trois grands défis.



Les retraites

En 1970, il y avait un retraité pour trois cotisants. En 2010, un retraité pour deux cotisants. Et en 2040, deux retraités pour trois cotisants. Fatalement, le problème du financement des retraites se pose. Les dispositions prises par le gouvernement Fillon en 2010 ont suscité des réactions de défense : l’augmentation du nombre d’années de cotisations a été vécue comme une injustice par certains. Que fallait-il faire ? Diminuer les pensions ? Augmenter les cotisations ? Partir plus tard en retraite ? Transformer la retraite par répartition en retraite par capitalisation ? Aucune solution ne fait l’unanimité et ce dossier très sensible n’incite pas la classe politique à s’y frotter avec détermination : les plus alarmistes estiment que la réforme ne change pas fondamentalement la donne et qu’il faudra encore s’attaquer au dossier dans quelques années.



L’adaptation des structures sanitaires et sociales

L’augmentation du nombre de personnes du « quatrième âge » devrait poser des problèmes liés au financement du système de soins. On devrait par ailleurs manquer de place pour accueillir les personnes âgées dans les institutions spécialisées. La démographie médicale est en baisse : il n’y a plus assez de médecins, d’infirmières. Notre société a de nombreux défis à relever pour s’adapter aux personnes âgées. Il faut développer l’aide à domicile, les services de livraison, les transports… bref, s’atteler à un chantier gigantesque qui demande de réels efforts.



Sclérose et inertie

Une société qui vieillit est-elle un frein au dynamisme économique et social ? On craint que notre société soit moins productive et créative avec le vieillissement. On invoque un risque de « fossilisation », d’ « ankylose », de « sclérose sociale ». On dit parfois de la vieillesse qu’elle est misonéiste (qu’elle n’aime pas la nouveauté) et réactionnaire. On craint une régression en matière sociale, culturelle, économique… La peur d’un conflit intergénérationnel couve : les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, pourront former un puissant lobby (groupe de pression) au service de leurs intérêts.



image Le vieillissement : une chance pour notre société ?


Toutes ces craintes sont-elles fondées ? En matière économique, les seniors sont issus du baby-boom. Ils ont connu les Trente Glorieuses et le système de consommation. Leur mode de vie n’est pas décalé par rapport à celui de l’ensemble de la société. Ils consomment du loisir, des voyages, du paramédical, des activités sportives… Ils sont propriétaires de plus de 60 % du capital immobilier et d’une forte partie du capital boursier. Ce sont eux qui maintiennent les commerces de proximité.


Dans la famille, quand ils sont présents, les seniors jouent un rôle déterminant, car ils sont disponibles et ont de l’argent : ils permettent un soutien matériel, financier et affectif très fort.


En matière sociale, les seniors ont du temps et ils s’investissent dans les associations. Les anciens jouent un rôle de transmission culturelle important pour ce qui concerne les rites, les folklores. Ce sont les personnes âgées qui passent les témoins. Aujourd’hui, les générations cohabitent plus longtemps : elles devront donc échanger plus facilement. La France chenue est une chance pour notre société. Elle ouvre de nouvelles perspectives.


May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 12. L’individu dans la société

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