Chapitre 12 Le trait d’union

L’ESSENTIEL

Le trait d’union sert à marquer le lien qui unit deux termes. Ce lien peut être lexical dans le cas d’un mot composé ou syntaxique quand le trait d’union relie une forme verbale à un pronom qui la suit (vient-il ?).

Encore une fois les dictionnaires ne sont pas homogènes et les rectifications de 1990 ont plus ajouté à la confusion qu’elles n’ont contribué à la dissiper…

Le trait d’union

Quelques exemples

De nombreux mots composés sont reliés par le trait d’union. Citons, de manière non exhaustive : après-demain, arc-en-ciel, belles-lettres, c’est-à-dire, coffre-fort, Comédie-Française, contre-chant (ou contrechant), cordon-bleu, état-major, fer-blanc, ici-bas, jusque-là, libre-échange, médecin-chef, morte- saison, nue-propriété, oiseau-mouche, passe-droit, Peaux-Rouges, petit-lait, petit-maître, porte-avions, procès-verbal, rez-de-chaussée, roman-fleuve, sac-poubelle, Saint-Esprit, sur-le-champ, tête-à-tête, timbre-poste, trachée- artère, etc.

Porte + mot

Quand « porte » est le premier élément, on emploie normalement le trait d’union.

Porte-étendard, porte-monnaie (ou portemonnaie), porte-parapluies, porte-parole… sauf : portefeuille, portemanteau, portemine.

Mots composés avec un préfixe

Après « ex » et « sous », on met un trait d’union.

ex-ministre, ex-mari, sous-alimentation, sous-bois, sous-développé, etc.

ATTENTION

Soussigné ainsi que souscrire, soustraire et leurs dérivés s’écrivent en un seul mot.

Mots coordonnés sans conjonction

Quand les deux mots sont coordonnés sans conjonction, le trait d’union remplace « et » : un aller-retour (un aller et un retour). Ainsi en va-t-il des adjectifs numéraux situés en dessous de cent.

Trente-quatre, cent trente-trois, huit cent vingt et un [ici le « et » remplace le trait d’union].

ATTENTION

Les recommandations de 1990 proposent de placer des traits d’unions entre tous les cardinaux : mille-huit-cent-trente-et-un.

Les éléments non, demi, semi, mi, quasi et meme liés au nom

« Non » est lié au nom par un trait d’union. Mais on écrira : nulle et non avenu.

Un non-lieu, une zone de non-retour.

« Demi », « semi » et « mi » sont toujours reliés au second élément par un trait d’union. Ces éléments restent invariables.

Demi-dieu, demi-mesure, semi-automatique, semi-circulaire, mi-clos.

Quant à la locution adverbiale « à demi », elle n’est suivie d’un trait d’union que lorsqu’elle précède un nom (à demi-mot). Pas de trait d’union, au contraire, si c’est un adjectif qui suit (à demi mort). L’adjectif « demi » se lie au mot qu’il précède par un trait d’union (un demi-dieu). Quand il suit le nom, pas de traits d’union (deux tonnes et demie).

« Quasi » n’est suivi du trait d’union que quand il précède un nom. Pas de trait d’union quand il précède un adjectif ou un adverbe.

La quasi-totalité ; quasi unanime, quasi unanimement.

« Même » est lié aux pronoms personnels par un trait d’union alors que les expressions « cela même », « ici même », « là même » et « par là même » n’en prennent pas.

Lui-même, eux-mêmes.

Trait d’union et groupe verbal

Quand les pronoms il, elle ou on sont placés après le verbe (dans une interrogation ou une concession par exemple), verbe et pronom sont reliés par un trait d’union.

Vient-il ? Fût-il le meilleur, il peina pour réussir…

Quand le verbe se termine par une voyelle, on place un « t » euphonique entre ce verbe et le pronom. L’ensemble est lié par des traits d’union.

Où ira-t-il ? Aime-t-elle ?

ATTENTION

Dans « va-t’en », l’apostrophe marque l’élision du « toi », non la liaison (comme dans donne-m’en) !

À la fin des impératifs terminés par une voyelle et précédant les pronoms en ou y, on place un « s » euphonique pour faire la liaison assurée par le trait d’union.

Vas-y, manges-en.

On met un ou des trait(s) d’union entre l’impératif et le(s) pronom(s) qui en dépend(ent).

Mange-le, dis-le-lui, parle-lui-en…

La juxtaposition

De nombreux mots composés (formés avec des appositions pour beaucoup) sont reliés sans trait d’union. Citons, de manière non exhaustive : à la queue leu leu, à qui mieux mieux, apprenti sorcier, artiste peintre, au pis aller, ayant cause, ayant droit, château fort, chef cuisinier, ciel de lit, collet monté, commis voyageur, compte rendu, corps à corps, coude à coude, docteur ès sciences, double rideau, en dessous, état civil, extrême gauche, fondu enchaîné, fou rire, garde champêtre, haut lieu, hôtel de ville, huis clos, maire adjoint, maître chanteur, maître mot, maison mère, mère poule, opéra bouffe, parti pris, paso doble, pied de nez, pomme de terre, quartier général, rouleau compresseur, Sainte Vierge, s’il te plaît, tout à coup, tout à fait, tout à l’heure, veine cave, vieux jeu, vigne vierge, ver de terre, Visages pâles, voyage éclair, yaourt nature, etc.

La soudure

On trouve aussi des mots soudés.

Entresol, contresens, portefeuille, portemanteau, etc.

On n’emploie pas de trait d’union pour les mots formés avec les préfixes archi-, bi-, co-, ré-, hyper, post-, mono-, multi-, pluri-, pré-, super-, mini-.

Archiduc, bimoteur, coéquipier, préétabli, préclassique, postface, monoculture, multimédia, pluriannuel, supernova, minijupe…

Après les éléments hydro-, photo-, télé-, anti- et bio-, on ne met jamais de trait d’union.

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