12: Complications des fractures trochantériennes

12 Complications des fractures trochantériennes





Vue d’ensemble des complications






Réduction inadéquate


Lésions de vaisseaux intrapelviens par la broche-guide


Position incorrecte de la vis céphalique dans la tête fémorale


Rotation de la tête fémorale pendant l’insertion de la vis céphalique


Longueur incorrecte de la vis céphalique


Problèmes à l’insertion du clou


Problèmes avec le verrouillage distal



Troubles de la cicatrisation cutanée et infection





Échec mécanique de la fixation interne









Impaction des fragments et déplacement médial de la diaphyse fémorale


Perforation centrale de la tête fémorale par la vis céphalique


Migration et protrusion intrapelvienne de la vis céphalique


Nécrose du col fémoral


Retard de consolidation, pseudarthrose et cal vicieux


Inégalité de longueur des membres


Fracture postopératoire de la diaphyse fémorale


Fracture subcapitale du col du fémur


Douleur de cuisse


Douleur des abducteurs


Lésions des vaisseaux fémoraux









Ostéonécrose aseptique de la tête fémorale (ONTF)










Traduction : Bertrand Lagrave


Les fractures trochantériennes sont associées à des complications à la fois spécifiques et générales, résultant en premier lieu de l’âge du patient, de son état général et de la qualité osseuse. Les complications spécifiques peuvent être évaluées selon des critères de gravité, d’incidence et de période de survenue. Mis à part quelques exceptions, les fractures trochantériennes sont traitées chirurgicalement, et les complications sont généralement classées comme étant peropératoires, postopératoires précoces et postopératoires tardives. Certaines complications apparaissent typiquement à une période particulière, par exemple pendant la cicatrisation cutanée (hématome, infection aiguë) ou la période de consolidation (échec mécanique, pseudarthrose), alors que d’autres complications peuvent apparaître à n’importe quel moment, même après guérison de la fracture (lésion des vaisseaux fémoraux, ostéonécrose aseptique de la tête fémorale [ONTF], infection tardive). De plus, certaines complications peropératoires peuvent aboutir à des complications tardives ; la même complication tardive peut avoir différentes causes, et la même complication peropératoire peut avoir différentes conséquences.


La détermination exacte de la période de survenue de certaines complications, en particulier les complications mécaniques, est assez problématique. La plupart de ces complications sont révélées lors du contrôle radiographique postopératoire. Le calendrier de ces contrôles radiographiques ne correspond pas toujours à la période de survenue d’une complication donnée. La fréquence des contrôles radiographiques a donc beaucoup d’influence, en particulier pendant les 3 mois suivant la chirurgie. Cette situation s’applique en premier aux déplacements en varus, ou en translation médiale, de la diaphyse fémorale. Ces complications peuvent apparaître aussi précocement que les premiers jours postopératoires, mais le suivi radiographique standard n’est réalisé qu’après plusieurs semaines.


L’analyse des complications, principalement des complications mécaniques et des troubles de la consolidation, est une source d’informations importante. L’incidence de ces complications indique, par exemple, le nombre de fractures trochantériennes traitées dans un service donné, l’expérience du chirurgien à la fois de manière générale et avec différents implants, et la courbe d’apprentissage. Une autre variable possible est la durée moyenne d’intervention. Malheureusement, l’analyse des complications des traitements chirurgicaux des fractures trochantériennes a rarement été publiée14. Peu d’études détaillées ont entrepris une telle analyse515. La majorité des chercheurs font simplement la liste des complications sans en analyser les causes ni les interactions entre elles.


Un autre problème est la méthode d’analyse des complications. La terminologie utilisée pour décrire les fractures trochantériennes est imprécise et prête à confusion. Différents types de fractures partagent la même désignation, et différents termes sont utilisés pour un même type de fracture. Pour éviter cette incertitude terminologique, la classification de l’Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen/Orthopaedic Trauma Association (AO/OTA) est utilisée dans ce chapitre16,17. Le terme fractures trochantériennes est utilisé pour toutes les fractures de la région trochantérienne, le terme fractures pertrochantériennes pour les fractures du groupe 31A1 et 31A2, et le terme fractures intertrochantériennes pour les fractures du groupe 31A3.


L’utilisation de classifications différentes et incompatibles est tout aussi problématique1620. Toute cette confusion complique significativement la comparaison des résultats publiés par les divers auteurs et invalide les résultats des études multicentriques2123. L’évaluation du schéma basique de la fracture, de son instabilité, de la qualité de la réduction, ou de la position de la vis céphalique dans la tête fémorale est hautement subjective. Une erreur fréquente dans l’évaluation d’une fracture est de regrouper les fractures de type 31A2 et 31A3.


Dans l’analyse des complications, aucune description verbale ne peut remplacer une illustration. Ainsi, un cliché radiologique révélant la complication doit être disponible, au même titre que le cliché préopératoire et le cliché postopératoire immédiat, pour permettre d’évaluer la qualité de la réduction et de la fixation initiales. Les revues limitent significativement l’espace alloué aux figures, et cette politique restreint malheureusement la quantité d’information disponible pour les chirurgiens. La sous-estimation des facteurs précédents et l’expérience à long terme insuffisante du traitement chirurgical des fractures trochantériennes sont reflétées au final dans la qualité d’évaluation et la validité des conclusions pour la pratique clinique.




Réduction inadéquate


Une insuffisance de réduction peut déclencher une réaction en chaîne de complications, débutant par une position incorrecte de la vis céphalique dans la tête fémorale et allant jusqu’à l’échec mécanique de la fixation interne.


Les fractures pertrochantériennes (31A1 et 31A2) peuvent dans la majorité des cas être réduites sans grandes difficultés. Une exception est faite pour le type de fracture décrit par Moehring et al.24 (fig. 12-1). Pour les fractures pertrochantériennes instables, il est utile de réaliser une réduction en valgus dans une vue de face25, particulièrement quand la fracture est fixée par un vissage dynamique (dynamic hip screw [DHS™]) (fig. 12-2). En vue de profil, les fragments doivent être axés, et toute déviation antérograde ou rétrograde doit être évitée. Larsson et al.26 ont recommandé de procéder à une réduction de telle manière que la corticale médiale du fragment proximal chevauche celle du fragment distal. Cette technique peut en partie éviter l’impaction des fragments et le déplacement médial de la diaphyse (fig. 12-3).





Les fractures intertrochantériennes (31A3) nécessitent une réduction anatomique à la fois dans le plan de face et de profil10. Cette réduction peut être difficile à obtenir dans certains types de ces fractures. L’insertion percutanée d’un clou de Steinmann, monté sur une poignée en T, et la réduction à foyer ouvert des fragments à travers une courte incision sont des techniques utiles27.


Lors de la réduction des fractures trochantériennes, de possibles troubles de la rotation du membre sont à prendre en compte. Ces troubles de la rotation, souvent externes, ne sont habituellement révélés qu’en postopératoire. Certains auteurs considèrent une rotation de plus de 10° comme une complication28, alors que d’autres auteurs utilisent 20° comme critère de trouble de rotation29. L’incidence de cette complication va de 1,3 à 2,5 %28,29. Dans la période postopératoire, les troubles de rotation ne se produisent que dans les fractures intertrochantériennes (31A3) sans verrouillage distal30. Un trouble de la rotation excessif, particulièrement chez les patients jeunes, doit être traité par refixation en position correcte ou par ostéotomie intertrochantérienne après consolidation de la fracture.



Lésions de vaisseaux intrapelviens par la broche-guide


Les lésions des vaisseaux intrapelviens par une pénétration excessive de la broche-guide est une complication rare, décrite à la fois lors de l’utilisation de la DHS™ et du clou Gamma™31,32. Dans les deux cas publiés, cette lésion a été causée par la broche-guide de la vis céphalique ayant traversé la tête fémorale puis l’acétabulum jusqu’au pelvis. Dans le premier cas, la veine iliaque externe a été lésée, et le patient est décédé dans les suites32. Dans le second cas, une lésion de l’artère obturatrice a été traitée avec succès par une embolisation artériographique sélective par bobines métalliques32. Lors de l’insertion de la vis céphalique, particulièrement lors du forage, le chirurgien doit donc régulièrement vérifier la position de la broche-guide dans la tête fémorale et l’acétabulum à l’aide de l’amplificateur de brillance. La technique d’ablation d’une broche-guide cassée dans la hanche a été décrite par Heal et Spencer33.



Position incorrecte de la vis céphalique dans la tête fémorale


La position de la vis céphalique dans la tête fémorale est un des facteurs les plus déterminants influant sur la stabilité de la fixation interne des fractures trochantériennes. Même une imprécision mineure peut aboutir à un échec de la fixation, particulièrement chez les patients ostéoporotiques. Une insertion incorrecte de la vis céphalique est souvent la conséquence d’une réduction inadéquate, principalement dans les clichés de profil, et d’un contrôle imprécis par l’amplificateur de brillance. De ce point de vue, le segment antérolatéral de la tête fémorale est essentiel. L’insertion de la vis céphalique dans ce segment augmente significativement le risque de balayage34,35.


Dans les implants à une seule vis céphalique, la vis doit être insérée en position centrale à la fois sur les clichés de face et de profil (c’est-à-dire dans le plus grand axe du col et de la tête du fémur) (fig. 12-4). La pointe de la vis doit être profondément ancrée dans l’os subchondral, à environ 5 mm de l’interligne articulaire (fig. 12-5) ; cependant, il faut particulièrement veiller à éviter une perforation centrale de la tête fémorale. Baumgartner et al.36 ont défini la distance pointe–apex, pour permettre de déterminer la position idéale de la vis céphalique dans la tête fémorale (fig. 12-6). Cette distance est un facteur prédictif fiable de balayage37, bien que cette détermination ne fournisse pas d’information sur la relation entre la vis céphalique et l’axe du fragment cervicocéphalique. L’angle de l’implant doit respecter l’angle de réduction (c’est-à-dire l’angle cervicodiaphysaire fémoral), pour éviter un défaut d’alignement entre la vis céphalique et l’axe cervicocéphalique fémoral (fig. 12-7). Si l’angle de l’implant est supérieur à l’angle de réduction, la vis sera insérée, de fait, dans le segment supérieur de la tête fémorale37. Cette situation augmente significativement le risque de balayage. Si l’angle de réduction est supérieur à l’angle de l’implant, il y a un risque de rotation du fragment proximal sur la vis céphalique avec en conséquence un déplacement en varus (fig. 12-8).







Lorsque deux vis céphaliques sont utilisées, deux configurations différentes d’insertion sont possibles (fig. 12-9). Dans les clichés de face, si la vis proximale est insérée en proximal du plus grand axe du fragment proximal, elle doit être légèrement plus courte que celle distale.



Si la position de la vis céphalique dans la tête fémorale est incorrecte, il sera nécessaire de faire des radiographies de contrôle lors des premières mobilisations du patient, en plus des radiographies de contrôle postopératoires immédiates. La raison en est que le fragment proximal se déplace habituellement pendant les 10 premiers jours postopératoires.



Rotation de la tête fémorale pendant l’insertion de la vis céphalique


La rotation de la tête fémorale pendant l’insertion de la vis céphalique est généralement rencontrée en cas d’os dur (c’est-à-dire chez les patients jeunes). La vitesse élevée du moteur ou une position excentrée de la broche-guide dans la tête fémorale peut aussi causer cette complication8. Cette rotation peut endommager les vaisseaux extraosseux qui vascularisent la tête fémorale et provoquer une ONTF38. Cette rotation peut être évitée en insérant une broche antirotation dans le fragment proximal avant l’insertion de la vis céphalique (proximal femoral nail [PFN™], Synthes, Targon-Aesculap), ou en fixant le fragment proximal par une broche de Kirschner insérée dans l’acétabulum (DHS™, clou Gamma™).



Longueur incorrecte de la vis céphalique


Le choix de la longueur de la vis céphalique est crucial pour le succès de l’opération. Une vis trop longue ou trop courte peut causer de graves problèmes malgré une position (orientation) correcte dans la tête fémorale.


Lors de l’utilisation d’un enclouage centromédullaire de hanche (ECMH), la partie latérale d’une vis céphalique placée correctement reste en profondeur dans le corps du clou et ne passe pas la corticale latérale de la diaphyse. Cette position peut bloquer le glissement de la vis et, en conséquence, la compression des fragments28. De la même façon, lors de l’utilisation d’une DHS™, une vis céphalique trop courte a un engagement insuffisant dans le canon de la plaque, et cette position augmente les forces de friction entre le canon et la vis et risque d’entraver le mécanisme de glissement. La partie latérale d’une vis trop courte peut même sortir médialement hors de son orifice dans le clou, ou hors du canon de la DHS™, et provoquer un démontage du matériel et un échec total de la fixation interne8,39,40.


Lorsqu’une vis céphalique est excessivement longue, la partie latérale fait saillie, après compression des fragments, hors du canon de la plaque (DHS™) ou de la corticale latérale (ECMH), et irrite les tissus environnants. Dans de tels cas, il est recommandé d’attendre la consolidation de la fracture avant de retirer le matériel le plus tôt possible. En cas de menace cutanée par une longueur de vis excessive, la vis doit être remplacée par une autre plus courte avant la consolidation.



Problèmes à l’insertion du clou


Les problèmes lors de l’insertion du clou dans le fragment diaphysaire peuvent être de plusieurs origines. L’une des raisons de ces complications est le faible rayon de courbure du fémur, dans les plans frontal et sagittal, retrouvé typiquement chez les patients asiatiques41. Une courbure anormale peut également se développer chez les patients présentant certaines pathologies osseuses ou des fractures dans la région subtrochantérienne du fémur. La même chose s’applique dans les rétrécissements anormaux du canal médullaire. Les patients plus jeunes, ou plus petits, présentent également un canal plus rétréci. Le canal médullaire peut être compromis par du matériel provenant d’interventions chirurgicales précédentes (plaque, clou rétrograde) (fig. 12-10).



La position du point d’entrée est aussi très importante42. Les problèmes à l’insertion du clou en position correcte dans le fragment diaphysaire ont un impact négatif sur l’insertion de la vis céphalique ensuite (fig. 12-11). Les radiographies préopératoires de face doivent donc toujours couvrir la longueur totale du clou à insérer dans le fémur proximal, et la courbure du fémur dans le plan frontal et la largeur du canal doivent être évaluées. Une réduction réalisée sur table orthopédique nécessite toujours une vérification minutieuse du canal médullaire sur les clichés de profil. Le diamètre et la longueur du clou doivent être choisis en fonction du diamètre et de la courbure du canal médullaire. Si un doute existe sur des risques à l’insertion d’un clou centromédullaire, un implant extramédullaire doit alors être utilisé à la place. Le chirurgien ne doit jamais donner de coups de marteau pour insérer le clou. Si le clou se bloque, il faut choisir un diamètre inférieur, aléser la cavité médullaire prudemment, ou convertir en implant extramédullaire.



Durant l’insertion du clou, la réduction peut être perdue si, lors du passage du foyer de fracture, le clou sépare les deux fragments41 (fig. 12-12). L’insertion en force peut aboutir à une fracture secondaire de la diaphyse fémorale. Cette lésion était une des complications les plus graves rencontrées avec le clou Gamma™ par le passé. La diaphyse fémorale peut aussi être fracturée en présence d’un refend méconnu s’étendant en subtrochantérien10. En cas de fracture de la diaphyse fémorale pendant l’intervention, l’utilisation d’un clou long et plus fin est recommandée (fig. 12-13). Quelquefois, l’insertion en force peut entraîner seulement une fissure corticale non reconnue pendant l’intervention, mais également une fracture de la diaphyse fémorale postopératoire.




Une complication moins grave est la fracture de la corticale latérale41,43. Cela peut être dû à un point d’entrée trop latéral ou à une courbure médiolatérale du clou plus grande. Si le fragment est stable et peu déplacé, aucun traitement supplémentaire ne sera nécessaire. Cependant, le clou doit toujours être verrouillé en distal42. Si le fragment est déplacé, il doit être fixé (fig. 12-14). Parfois, à l’insertion du clou, se produit « seulement » une fracture du grand trochanter44. Une telle fracture ne requiert habituellement aucun traitement.




Problèmes avec le verrouillage distal


Les problèmes avec le verrouillage distal étaient les complications les plus fréquemment rapportées lors de la mise en pratique clinique du clou Gamma™ ; les auteurs rapportèrent une incidence de cette complication allant jusqu’à 15 %810,12,14,30,45. Une incidence aussi élevée de problèmes avec le verrouillage distal n’a plus été retrouvée avec aucun des ECMH suivants4752. Les complications chirurgicales telles que des douleurs de la cuisse et des fractures de la diaphyse fémorale dans la région de la pointe du clou ont même été considérées par certains auteurs comme une contre-indication à l’utilisation du clou Gamma™ dans toutes les fractures trochantériennes41,46,53,54. Il y avait deux raisons à cette expérience. D’abord, le clou Gamma™ était le premier ECMH disponible en globalité, et la plupart des auteurs l’utilisèrent pour maîtriser la courbe d’apprentissage43,5367. Ensuite, du fait du dessin du clou Gamma™, la partie du clou doit être préalésée, et cela rend la corticale diaphysaire plus fine au niveau de la pointe du clou. La courte distance entre les deux vis de verrouillage et la pointe du clou et la forme de la pointe conduisent à une concentration des contraintes dans cette région.


L’insertion des vis de verrouillage est associée à certaines difficultés. Les causes de ces complications incluent une insuffisance de serrage de l’écrou solidarisant le clou au système de visée, des surfaces de contact du système de visée endommagées, une déformation du système de visée, une inclinaison incorrecte du guide de méchage causée par une tension des tissus mous associée à une incision petite ou mal située, et des manipulations du système de visée pendant le méchage19. Une incongruence entre le système de visée et le clou peut se produire dans les ECMH non alésés par déformation du clou, causée par son insertion en force. Avec une grande courbure du fémur, la pointe de la mèche n’est pas perpendiculaire à la corticale – principalement pendant l’insertion de la vis de verrouillage la plus distale –, glisse le long de la corticale et manque l’orifice du clou10,14.


Par le même biais, le danger d’endommager la corticale de la diaphyse fémorale augmente le risque de fracture postopératoire dans la région de la pointe du clou. Lacroix et al.66 ont décrit une fissure de la corticale latérale lors de la réalisation d’un prétrou à l’aide d’une pointe carrée et au marteau pour le verrouillage distal. Un méchage excentré peut fragiliser la corticale antérieure, ou postérieure, de la diaphyse fémorale. Le méchage répété des orifices de verrouillage a le même effet12. Si la première tentative est infructueuse, il est donc recommandé au chirurgien de passer à l’orifice suivant.


Un serrage excessif de la vis de verrouillage peut causer une fissure de la corticale diaphysaire, ou l’émoussement du filetage de la vis qui peut ensuite migrer. La saillie de la tête d’une vis insuffisamment serrée irrite les tissus mous avoisinants. La pointe de la vis de verrouillage faisant saillie hors de la corticale médiale peut léser l’artère fémorale profonde.


Au vu des problèmes fréquents, certains auteurs ne considèrent pas le verrouillage distal comme nécessaire14,46,6870. Cela ne s’applique qu’aux fractures pertrochantériennes (31A1 et 31A2). Une ou plusieurs vis céphaliques peuvent être insérées à travers la corticale latérale dans le fragment distal et ainsi stabiliser la fracture et empêcher la rotation (fig. 12-15). Le verrouillage distal est toujours requis dans les fractures pertrochantériennes chez les patients présentant un canal médullaire inhabituellement large, une comminution de la corticale latérale de la diaphyse fémorale, un grand fragment postéromédial, ou un trait de fracture secondaire s’étendant jusqu’à la région subtrochantérienne. Une situation différente s’obtient avec les fractures intertrochantériennes (31A3). En l’absence de verrouillage distal, le fragment diaphysaire peut tourner autour du clou et entraîner une malrotation du membre.



Une erreur grave dans le traitement des fractures intertrochantériennes (31A3) est de verrouiller le clou avec une distraction entre les deux fragments. La conséquence en est une consolidation déficiente, une fracture de fatigue du matériel, ou, plus souhaitable, une fracture des vis de verrouillage, entraînant une dynamisation spontanée de la fracture et sa consolidation10. Pour ces raisons, Bartoníček préfère le verrouillage dynamique pour traiter les fractures intertrochantériennes (31A3) (fig. 12-16).




Problèmes avec l’ancillaire


Le verrouillage distal peut être rendu compliqué par un serrage insuffisant de l’écrou solidarisant le clou au système de visée, des surfaces de contact du système de visée endommagées, ou une déformation du système de visée9,13,41,61. Il est nécessaire de vérifier minutieusement l’instrumentation et de faire très attention en fixant le système de visée correctement au clou.


Les complications rapportées incluent également la rupture du système de visée9,13, de la mèche9,41,61, de la broche-guide33, ou de la tarière61. Une autre complication rare est l’insertion incorrecte, ou le serrage insuffisant, de la vis de blocage du clou Gamma™ ; dans un cas rapporté, cette complication a entraîné un détachement et une migration de la vis de blocage9.



Troubles de la cicatrisation cutanée et infection


Des troubles de la cicatrisation cutanée, incluant œdème, hématome, infection superficielle et profonde, sont rapportés dans 1 à 16 % des cas44,7073. Les publications varient largement selon le nombre de cas chirurgicaux et l’expérience individuelle des auteurs. Un hématome se produit jusque dans 10 % des cas, et lors de l’utilisation de clous, il se développe très souvent en regard de l’incision d’insertion de la vis céphalique. Une infection superficielle après enclouage est retrouvée jusque dans 6 % des cas51, et une infection profonde dans 1 à 3 % des hématomes44,51. Des infections tardives, en majorité de faible gravité, peuvent aussi se produire après guérison de la fracture9,10,38,53. Sur les radiographies, ces infections se manifestent par une ostéolyse autour des vis de verrouillage ou céphaliques, ou par une réaction périostée (fig. 12-17 et 12-18).






Prévention


L’antibioprophylaxie réduit l’incidence d’infections dans la chirurgie des fractures de hanche7476. De ce point de vue, la technique chirurgicale est d’une grande importance, et tout particulièrement la manipulation avec précaution les tissus mous durant la dissection et l’insertion du clou. L’utilisation de drains reste controversée77. Le drainage est toujours indiqué chez les patients à risque de saignement postopératoire.



Traitement


Un hématome doit être évacué dès que possible. Une reprise chirurgicale rapide est également requise chez les patients présentant une infection aiguë. Si la fixation interne est stable, l’implant devrait être laissé en place pour être retiré après consolidation de la fracture9,78. Si l’on ne parvient pas à maîtriser l’infection, ou que l’implant ne stabilise plus la fracture, il est nécessaire de retirer l’implant, de guérir l’infection, et ensuite de réaliser une refixation. En dernier recours, l’intervention de Girdleston (résection tête–col) peut être indiquée. Heinz et Vécsei9 ont pris en charge sept cas sur neuf infections précoces par reprise chirurgicale ; ils ont utilisé à la fois une antibiothérapie générale et locale. Une infection tardive à bas bruit doit être évoquée chez les patients présentant une douleur de cuisse ou inguinale inexpliquée persistante même après guérison de la fracture. Après ablation de l’implant, une infection tardive guérit habituellement sans complications.



Échec mécanique de la fixation interne


Les complications mécaniques de la fixation interne des fractures trochantériennes, particulièrement l’angulation en varus, sont les complications du traitement chirurgical les plus fréquentes et qui posent le plus de problèmes115.



Jul 2, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 12: Complications des fractures trochantériennes

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