12: Affections de la jonction neuromusculaire

12 Affections de la jonction neuromusculaire





SYNDROME MYASTHÉNIQUE







DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES


La myasthénie héréditaire est une maladie très rare, clairement identifiée chez le jack russel terrier, le fox-terrier à poil lisse, le springer spaniel et le samoyède. Il s’agit dans ces races d’une maladie génétique dont la transmission s’effectue selon un mode autosomal récessif.


Les animaux atteints extériorisent des troubles en raison d’un déficit musculaire en récepteurs à l’acétylcholine.


Des syndromes myasthéniques congénitaux ont également été rapportés chez des chiens de chasse danois (Gammel Dansk Honsehund), chez des chiens croisés d’une même portée et dans l’espèce féline.


La myasthénie acquise, à qui l’on doit réserver, stricto sensu, l’appellation de myasthénie grave, est, de loin, la plus fréquente des myasthénies des carnivores.


Il s’agit d’une maladie auto-immune, caractérisée par la présence d’anticorps dirigés contre les récepteurs à l’acétylcholine de la plaque motrice musculaire. L’espèce canine est plus affectée que l’espèce féline et quelques races semblent un peu plus fréquemment atteintes : les labradors, golden retrievers et bergers allemands sont ainsi classiquement cités. Dans l’étude rétrospective la plus importante effectuée aux États-Unis (Shelton, 1997, 1 154 chiens atteints de myasthénie acquise) des prédispositions se dégagent pour la race akita, le groupe des terriers et notamment les scottish, les braques allemands et les chihuahuas. Les femelles semblent un peu plus souvent atteintes et la distribution des âges est globalement bimodale avec des pics d’apparition des symptômes vers 3 et 10 ans.


Chez l’homme, le thymus serait à l’origine du dysfonctionnement immunitaire dans environ 80 % des cas.


Chez le chien, des anomalies thymiques associées à la myasthénie ont été rapportées dans 18 à 47 % des cas selon les séries. L’existence d’un thymome est parfois clairement établie. Enfin, de manière plus anecdotique, une myasthénie grave peut accompagner un autre phénomène cancéreux (ostéosarcome, carcinome hépatique). Dans ces dernières situations, elle s’inscrit dans le cadre des syndromes paranéoplasiques.


Dans l’espèce féline, une étude rétrospective portant sur 20 cas de myasthénie acquise (Ducoté, 1999) fournit des résultats comparables quant à la distribution bimodale des âges des animaux atteints (2–3 ans et 9–10 ans) mais les mâles sont, dans cette série, plus représentés que les femelles. Le diagnostic de thymome a été retenu pour trois de ces vingt chats.



EXPRESSION CLINIQUE



Forme généralisée de la myasthénie grave


Cette forme de la maladie est définie par la présence de signes cliniques témoignant d’une atteinte des muscles du squelette appendiculaire.


La forme généralisée est rencontrée dans environ la moitié des cas observés chez le chien. Elle est encore plus fréquente dans l’espèce féline (17 chats dans une série de 20, par exemple).


Le tableau clinique de la forme généralisée est classiquement dominé par des épisodes de faiblesse musculaire responsables d’une intolérance à l’effort.


La crise myasthénique débute par un raccourcissement de la foulée, puis des fasciculations, des tremblements ou des contractures musculaires sont responsables d’une incoordination motrice et l’animal s’écroule sur le sol.


Après quelques minutes de repos, les masses musculaires sont flasques, puis les symptômes disparaissent et le malade est généralement capable de se relever et de reprendre sa marche.


Cette rémission n’est que temporaire et une nouvelle crise se manifeste à la reprise de l’effort (fig. 12.1 a et b).



Au cours de l’évolution de la maladie, les crises sont de plus en plus fréquentes et rapprochées et la durée des pauses nécessaires à la récupération s’allonge.


Dans cette forme généralisée, différents troubles digestifs sont associés aux manifestations locomotrices de faiblesse musculaire. Une sialorrhée, une protrusion linguale et une dysphagie peuvent témoigner de la diminution du tonus des muscles des mâchoires, de la langue et du pharynx. L’élément majeur est cependant généralement représenté par les vomituritions qui traduisent l’existence d’un mégaœsophage. Cette donnée vaut surtout pour l’espèce canine où le mégaœsophage est présent dans environ 70 % des cas. Les chats sont un peu moins affectés, sans doute en raison d’une plus faible proportion de muscles striés dans leur œsophage.


Des complications de pneumonie par fausse déglutition peuvent à leur tour entraîner différents symptômes respiratoires (toux, dyspnée) et rendre compte d’une dégradation de l’état général des malades.


La musculature faciale est enfin parfois affectée, ce qui se traduit par une ptose palpébrale ou des anomalies de position des oreilles ou des babines. L’examen des nerfs crâniens objective alors la parésie faciale et le réflexe palpébral, par exemple, peut être aboli. Cette anomalie est tout particulièrement rapportée chez le chat. Le reste de l’examen neurologique est, en revanche, normal.


May 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 12: Affections de la jonction neuromusculaire

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