Item 114 Allergies cutanéomuqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et de contact
ITEM 116 Pathologies auto-immunes : aspects épidémiologiques, diagnostiques et principes de traitement.
• Prise en charge de l’urticaire chronique. Conférence de consensus. Société française de dermatologie (SFD), ANAES, 8 janvier 2003.
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/urticaire_court.pdf
La peau, les muqueuses buccales et génitales sont en contact direct avec l’environnement, comme les muqueuses bronchiques, digestives et oculaires.
L’environnement contient de nombreuses particules allergisantes : les poussières, les acariens, les venins d’animaux, les pollens…
Ces particules allergisantes peuvent pénétrer dans l’organisme et être responsables de réactions allergiques cutanéomuqueuses de deux types :
Les dermatites atopiques et de contact correspondent aux deux groupes d’eczéma. L’eczéma est une affection cutanée, très fréquente, qui se divise en deux groupes :
Urticaire
I Physiopathologie
Les lésions urticariennes résultent d’une vasodilatation des vaisseaux du derme avec augmentation de la perméabilité capillaire entraînant un œdème dermique (urticaire) ou hypodermique (œdème de Quincke).
La vasodilatation capillaire est provoquée par la libération d’un médiateur, l’histamine, par les mastocytes dermiques.
La dégranulation mastocytaire peut être déclenchée :
– soit par des immunoglobulines de type IgE spécifiques de certains antigènes. Les IgE se fixent par leur fragment Fc sur des récepteurs à la surface des mastocytes ;
– soit par des complexes immuns circulants (CIC) constitués d’IgG et de certains antigènes, qui agissent sur les mastocytes par l’intermédiaire des fragments C3a et C5a du complément ;
II Épidémiologie
15 % à 20 % de la population fera au moins une poussée d’urticaire au cours de sa vie et l’urticaire représente 1 % à 2 % des consultations en dermatologie.
L’urticaire est définie comme chronique quand elle dure plus de 6 semaines. Elle dure alors souvent 3 à 5 ans.
III Examen Clinique
Les causes d’urticaire sont nombreuses et doivent être minutieusement recherchées par l’interrogatoire, l’examen clinique et les examens complémentaires.
A Interrogatoire
ancienneté, intensité des lésions, mode d’évolution (lésions continues ou récidivantes), durée des poussées ;
antécédents personnels ou familiaux d’urticaire (œdème angioneurotique), d’atopie (enfant), de maladie auto-immune ;
B Examen dermatologique
1 Urticaire
La lésion élémentaire est une papule rosée ou couleur chair, entourée d’un halo érythémateux, de consistance ferme.
Le nombre, la taille et la topographie des lésions sont variables d’un sujet à l’autre et d’un jour à l’autre chez le même patient :
L’urticaire s’accompagne d’un œdème sous-cutané majeur au niveau des paupières, des lèvres et du scrotum, car le tissu sous-cutané de ces zones est lâche.
La localisation des lésions peut orienter le diagnostic : une urticaire péri-orale sera évocatrice d’une origine alimentaire chez l’enfant et médicamenteuse chez l’adulte.
Fig. 114-1 Urticaire. Lésions papuleuses, bien limitées, de taille variable.
(Source : Dermatology, par David J. Gawkrodger. 3e édition. Churchill Livingstone, 2002.)
2 Œdème de Quincke ou angio-œdème ITEM 211
Tuméfaction blanchâtre ou rosée, ferme, sous-cutanée, mal limitée, non prurigineuse (empâtement), durant moins de 48 heures.
Il peut être cutané (paupières, organes génitaux externes) (fig. 114-3) ou muqueux (lèvres, langue).
L’œdème de Quincke muqueux est très grave lorsqu’il atteint le pharynx ou la glotte car il est responsable d’une asphyxie.
D Tests cliniques
On réalisera ces tests cliniques pour faire le diagnostic d’urticaire physique :
urticaire au froid : application d’un glaçon dans un sac plastique, pendant 20 minutes sur la peau ;
urticaire retardée à la pression : tuméfaction profonde, ferme, sans relief, non prurigineuse mais douloureuse, non mobile, localisée sur les zones d’appui (ceinture, sac à main, bretelle de soutien-gorge) apparaissant 3 à 12 heures après une pression soutenue. Application en deux zones du tégument d’un poids de 3 à 7 kg pendant 15 minutes et lectures à 30 minutes, 3 heures, 6 heures et 24 heures.
urticaire vibratoire (utilisateurs de marteaux-piqueurs) : application d’un appareil vibratoire 15 minutes sur la peau ;
dermographisme : stries urticariennes linéaires déclenchées par le grattage de la peau avec une pointe mousse sur 10 cm (fig. 114-4) ;
urticaire cholinergique : semis de petites papules urticariennes avec un halo érythémateux, durant moins de 2 heures, survenant après exposition à la chaleur ; elle est déclenchée par un bain chaud de 45 °C pendant 20 minutes ou un exercice physique intense, le patient étant couvert de vêtements chauds.
Fig. 114-4 Dermographisme.
(Source : Dermatology, par David J. Gawkrodger. 3e édition. Churchill Livingstone, 2002.)
IV Étiologie
A Médicaments
Le plus souvent en cause sont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les sartans, l’aspirine, les AINS ITEM 174, la codéine, les morphiniques ITEM 66, les β-lactamines ITEM 173, les sulfamides.
B Aliments
Les aliments en cause sont riches en histamine : fromages fermentés, coquillages, crustacés, poissons, blanc d’œuf, boissons fermentées (bière, vin), charcuterie, légumes (tomate, choux…), fruits (fraise, banane, noix, noisette…), chocolat.
C Infections
Les foyers infectieux ORL (sinusite) et dentaires chroniques sont responsables d’urticaires chroniques.
Si l’urticaire est récidivante et se localise au visage, on réalisera une radiographie et un scanner des sinus et un panoramique dentaire.
Une infection chronique par Helicobacter pylori ne sera recherchée qu’en cas de symptomatologie d’ulcère gastroduodénal.
La seule parasitose s’accompagnant d’urticaire est la toxocarose (Toxocara canis). La sérologie ne doit cependant pas être réalisée de façon systématique.
E Urticaires physiques
Les urticaires au chaud, au froid, cholinergique, retardées à la pression, vibratoire et le dermographisme sont mis en évidence par des tests cliniques.
F Urticaire par vasculite ITEM 330
Une urticaire fixe plus de 24 heures doit faire évoquer une vasculite urticarienne, surtout si l’urticaire s’accompagne de signes généraux (altération de l’état général, arthralgies) ou de lésions cutanées évocatrices de vascularite (purpura, nodules, livedo).
Une urticaire fixe doit être biopsiée, avec histologie cutanée et, parfois, immunofluorescence directe pour confirmer ou infirmer la vascularite.
I Œdème angioneurotique familial
C’est une maladie génétique autosomique dominante, due à un déficit en inhibiteur de la C1-estérase.
Elle se manifeste par des crises de 24-48 heures, récidivantes, associant une poussée urticarienne, un angio-œdème cutanéo-muqueux prédominant aux extrémités ou au visage, et des douleurs abdominales.
Les crises sont déclenchées par divers facteurs : médicaments (pilule œstroprogestative : ++), chirurgie, traumatismes, stress, accouchement…