Chapitre 11 Tableaux cliniques, conduite à tenir et techniques chirurgicales
PATHOLOGIE OSTÉOARTICULAIRE AU STADE PRÉARTHROSIQUE DE L’ARRIÈRE-PIED ET DU COU DE PIED
Sont pris en compte, dans ce chapitre, les thèmes suivants :
DOULEUR ET RAIDEUR ARTICULAIRE DU COU DE PIED AU STADE PRÉARTHROSIQUE
En présence de lésions dégénératives, deux signes cliniques annoncent la décompensation : la douleur mécanique et la perte de flexion dorsale. La douleur est de type talo-crural ; elle est de siège antérieur, en barre, en regard de l’interligne. L’identification de la perte de la flexion dorsale (initialement modeste) doit obligatoirement s’apprécier, genou étendu après blocage passif du talon en bonne position dans le plan frontal, afin de corriger un valgus susceptible de masquer un petit équin (voir chapitre 1, « Flexion dorsale »).
Débridement arthroscopique
Syndrome exostosant antérieur (footballer exostosis ou impingement exostosis)
Plusieurs points semblent importants à préciser :
PSEUDARTHROSES ET CALS VICIEUX DU COU DE PIED
Pseudarthroses supramalléolaires
Greffe intertibio-fibulaire (GITF) avec ostéosynthèse fibulaire type Peigne (figure 11.1)
Cette intervention, qui préserve la talo-crurale, n’est réalisable que sous trois conditions :
La dissection, sans quitter le contact osseux, se porte vers le secteur médial en direction de la membrane interosseuse (MIO). La dissection est commencée en zone saine, de part et d’autre du foyer. Le plan de la membrane interosseuse atteint et sans quitter le plan de cette dernière, la progression est menée du latéral vers le médial pour atteindre le pilier postérolatéral du tibia (figure 11.2).
Enclouage transplantaire avec arthrodèse du cou de pied
Pour ce qui concerne la technique, le lecteur est renvoyé aux techniques d’arthrodèse pour arthrose (page 238-239-240).
Cals vicieux supramalléolaires
Cals vicieux axiaux
Ce sont les plus fréquents et les plus simples. Il faut envisager séparément les cals vicieux en valgus et les cals vicieux en varus qui soulèvent des problèmes différents (figure 11.5)
Cal vicieux en valgus
Cal vicieux en varus
Une attelle postérieure de protection anti-équin est bien entendu indispensable.
Cals vicieux complexes dans les deux plans
Cals vicieux avec composante rotatoire
Cals vicieux articulaires (ostéotomie des cals)
Ces cals vicieux compliquent les fractures articulaires de la cheville.
En présence d’un élargissement de la syndesmose :
Malfaçons les plus fréquentes
En pratique, plusieurs points sont importants à préciser :
Nécrose aseptique du talus
En pratique, le tableau clinique est celui de la survenue (ou de la persistance) d’un syndrome douloureux sur un talus consolidé à l’origine d’une présomption de nécrose (figure 11.8). Deux éventualités peuvent alors se dessiner en fonction de la morphologie du dôme.
Nécrose possible sans enfoncement ni anomalie morphologique du dôme
Les caractères de la douleur et l’imagerie sont déterminants.
Caractères de la douleur
Douleur de type plutôt mécanique
L’analyse des interlignes par scanner ou mieux arthroscanner est indispensable.
Données de l’imagerie
Compte tenu de la lenteur de ce processus, la décharge doit être poursuivie pendant plusieurs mois, voire une année. Cette dernière est obtenue (et rendue socialement supportable) grâce à l’usage d’une orthèse moulée amovible à appui condylien et sous-rotulien (type PTB), permettant la décharge du cou de pied et du pied tout en autorisant la marche en appui bipodal (voir p. 102–103, « Fractures du talus »).
Nécrose avérée avec enfoncement du dôme talien
L’évaluation de la tolérance est le principal élément de choix.
En cas d’intolérance douloureuse importante, il faut préciser la responsabilité de chaque interligne par analyse de la localisation douloureuse et surtout en réalisant un arthroscanner couplé à une infiltration anesthésique et à un test fonctionnel (voir p. 27, « Imagerie »).
DÉFORMATIONS EN ÉQUIN ET VARUS ÉQUIN
Définitions et étiopathogénie
Il faut différencier l’équin plantaire et l’équin métatarsien (figure 11.9).
Équin métatarsien
Ces deux types d’équin peuvent être d’origine :
Ces associations lésionnelles ont deux conséquences radiographiques.
L’équin est facteur de surcharge sous-talienne. Cela vaut autant pour l’équin métatarsien en raison de la surélévation permanente du talon, que pour l’équin plantaire qui avance, dans la séquence du pas, le temps d’élévation active du talon. Si cet enchaînement pathologique ne pose habituellement aucune difficulté diagnostique, il ne faut pas méconnaître les petits équins qui, bien que peu apparent cliniquement, peuvent se révéler très pathogènes. La physiopathologie de la flexion dorsale montre que tout effort de flexion dorsale au-delà des capacités physiologiques de la talo-crurale s’effectue dans la sous-talienne par l’intermédiaire d’un mécanisme de surcharge (pour plus de précisions, voir « Généralités. Flexion dorsale de la cheville »). Les conséquences cliniques sont multiples. Signalons simplement que la seule perte de la flexion dorsale (compatible avec une marche plante à plat) fait disparaître le temps d’initiation de l’impulsion et avance le temps de décollement active du talon (figure 11.10). De même, en matière de séquelles de fractures de la cheville, la première manifestation pathologique est la perte de la flexion dorsale, la constitution d’un équin s’installant ensuite, plus ou moins rapidement. De la sorte, à ce stade, la décompensation douloureuse peut se manifester par une souffrance sous-talienne et non pas talo-crurale.