Chapitre 11 Synovectomies du genou
Indications
Même si les principes techniques restent identiques, en particulier les voies d’abord, nous ne traiterons ici que les synovectomies sur genou non prothésé (arthrites septiques et pathologie tumorale maligne exclues) :
• synovite villonodulaire hémopigmentée (SVNH) ;
• pathologies plus rares : chondromatose, ostéochondromatose, hémangiosclérose, tumeurs desmoïdes ;
Parler de synovectomie totale est sûrement un abus de langage lorsque l’on s’adresse à une cavité articulaire dont la géométrie est si complexe. Il vaudrait peut-être mieux parler de synovectomie de réduction. Les lésions laissées en place sont au mieux prises en charge par des traitements chimiques ou isotopiques adjuvants. Le chirurgien doit donc mettre de façon permanente en balance les avantages d’une exérèse chirurgicale complète en regard de la rançon chirurgicale ; et pour l’aider dans sa décision chirurgicale, il y a bien peu d’éléments objectifs, « evidence-based » des Anglo-Saxons.
Techniques chirurgicales de synovectomie
Synovectomie arthroscopique
Synovectomie localisée
Elle s’adresse aux formes localisées de SVNH.
L’arthroscope est alors réintroduit dans sa gaine, rendant visible la face postérieure du condyle latéral. La transillumination de la zone postéro-latérale est précieuse. Un repérage du point d’entrée postéro-latéral, genou fléchi à 90° se fait à l’aide d’une aiguille intramusculaire, puis une incision prudente est effectuée au bistouri lame 11 mm (fig. 11.1). L’abord postéro-latéral permet le passage du couteau motorisé (fig. 11.2). Un nettoyage peut alors être effectué sous contrôle arthroscopique direct (fig. 11.3).
Synovectomie dite « totale »
Elle s’adresse aux formes diffuses de SVNH et aux synovites non spécifiques, sans extension extra-articulaire. Le volume des lésions ne doit pas être trop important.
L’installation et l’instrumentation sont identiques (voir supra). Le temps antérieur comporte l’exérèse de la synoviale à l’aide du shaver, avec quatre points d’entrée : antéro-latéral, antéro-médial, supéro-latéral et supéro-médial (fig. 11.4).
Pour les SVNH, la technique décrite par P. Beaufils est particulièrement intéressante en cas de lésion articulaire située en arrière du LCP sans extension poplitée (fig. 11.5).
Synovectomie à ciel ouvert (avec arthrotomie)
Synovectomie localisée
Elle s’adresse aux formes localisées de SVNH. L’arthrotomie permet une exérèse en bloc très complète de la lésion. En fait, ces lésions peuvent habituellement être traitées par arthroscopie. Néanmoins, certaines zones sont plus difficiles d’accès et le chirurgien peut avoir des doutes quant à une exérèse totale (non seulement accessibilité limitée des instruments mais aussi interprétation difficile des images arthroscopiques). De plus, l’arthroscopie ne permet pas une exérèse en bloc de la lésion. L’arthroscopie a néanmoins l’avantage de permettre une exploration très complète de la cavité articulaire et de réaliser des biopsies multiples.
Ces considérations justifient le recours fréquent à l’association de ces deux techniques.
Les voies d’abord dépendent de la localisation des lésions (figs. 11.6 et 11.7). Toutes les voies d’abord classiques du genou peuvent alors être effectuées, en prenant bien en compte l’existence d’incisions en rapport avec des interventions préalables.