11 Sédation et analgésie de complément
Introduction
La douleur est une des principales causes de consultation aux urgences avec l’espoir de se voir soulagé rapidement et efficacement. Parallèlement, les patients se présentant aux urgences peuvent nécessiter la mise en route de procédures diagnostiques ou thérapeutiques, pouvant engendrer de l’appréhension ou de la douleur. Les plaintes sont le plus souvent en rapport avec une mauvaise prise en charge de la douleur et de l’anxiété ou des procédures inadéquates. Les médecins urgentistes sont aguerris à l’utilisation de sédatifs et d’analgésiques tout en surveillant les fonctions respiratoire et cardiovasculaire des patients gravement malades ou blessés, ainsi que des patients parfois moins atteints avec néanmoins des lésions douloureuses. Une analgésie et une sédation adéquates doivent faire partie des standards de soins aux urgences.
sélection appropriée et bonne évaluation des patients ;
sélection et utilisation appropriées d’agents pharmacologiques et non pharmacologiques ;
environnement approprié à la procédure ;
monitorage adapté, pendant et après la procédure ;
les enfants ne ressentent pas la douleur ;
les enfants n’ont aucun souvenir de la douleur ;
les patients peuvent devenir dépendants aux opiacés après une seule dose ;
les opiacés peuvent empêcher le diagnostic de la maladie sous-jacente ;
Profondeur de la sédation
Quatre niveaux de sédation ont été définis par l’American Society of Anesthesiologists (ASA).
Sédation minimale (anciennement anxiolyse). C’est un état au cours duquel les patients répondent normalement aux commandes verbales. Les fonctions cognitives et la coordination peuvent être altérées, mais les fonctions respiratoire et cardiovasculaire sont conservées.
Sédation moyenne (anciennement sédation consciente). L’état de conscience est altéré, mais les réponses aux stimuli verbaux ou tactiles sont conservées et les réflexes de protection des voies aériennes sont intacts. La sédation consciente ne nécessite aucune assistance cardiaque ou respiratoire. Ce mode de sédation est en général employé pour éviter les désagréments engendrés par un certain nombre de procédures.
Sédation profonde. Il s’agit d’un état de conscience au cours duquel les patients ne sont pas réveillés facilement et peuvent parfois nécessiter une protection des voies aériennes et/ou une assistance respiratoire. Ils peuvent répondre de manière adaptée à des stimuli répétés ou douloureux. La fonction cardiovasculaire est en général maintenue.
Anesthésie générale. Il s’agit d’un état de perte de conscience induit par des médicaments au cours duquel les patients ne sont pas stimulables et nécessitent par conséquent un contrôle des voies aériennes. La fonction cardiorespiratoire est altérée, ce qui impose une assistance.
Comment réaliser une SAC
Les principaux objectifs de ce chapitre sont de donner, ou de revoir, certains principes de base utiles pour améliorer la prise en charge des patients grâce à une approche fondée sur des preuves. Les praticiens doivent être capables d’assurer :
le confort du praticien (c’est-à-dire réduire l’anxiété liée à la procédure et à l’inconfort du patient) ;
de plus grandes chances de succès de la procédure (même si une SAC ne rime pas forcément avec succès de la procédure).
1. Quels sont les besoins humains pour faire une SAC de manière sûre aux urgences ?
2. Comment se fait l’évaluation des patients avant d’utiliser une SAC ?
3. Les patients doivent ils être à jeun avant une SAC ?
4. Quels sont les besoins en équipement ?
6. Comment évaluer l’état respiratoire avant une SAC ?
7. Est-ce que la kétamine, le midazolam, le fentanyl, le propofol et l’étomidate peuvent être administrés sans risque par les médecins urgentistes ?
Par conséquent, où commencer et comment appliquer ces concepts lors de la création d’un plan pour une SAC ? C’est aussi simple qu’un ABC (figure 11.1) :
Évaluation
L’évaluation du patient avant une SAC requiert quelques informations en complément de son histoire de base, l’examen clinique ayant déjà été fait. Il faut se concentrer sur les données suivantes :
Statut selon la classification ASA
Le score ASA stratifie les patients devant subir une anesthésie (tableau 11.1).
Classe 1 | État de santé normal |
Classe 2 | Maladie systémique modérée |
Classe 3 | Maladie systémique sévère, mais non invalidante |
Classe 4 | Maladie systémique sévère avec danger vital immédiat |
Classe 5 | Moribond, survie impossible sans la procédure |
Évaluation des voies aériennes
Dans beaucoup de situations d’urgence, on n’a pas le temps d’évaluer les voies aériennes avant l’intubation. Cela entraîne parfois des surprises désagréables comme la découverte fortuite d’une intubation difficile pour laquelle vous n’êtes pas préparé (sauf à considérer chaque intubation comme étant difficile ! ).
Mallampati de classes I et II. Prédit en général une laryngoscopie facile, alors que les classes III et IV prédisent une laryngoscopie difficile.
Mesures 3-3-1. Une intubation difficile peut être envisagée si le patient peut placer moins de 3 doigts dans la zone hyomentale ; moins de 3 doigts entre les dents supérieures et inférieures (ouverture de bouche) ; et s’il a moins de 1 cm de protrusion mandibulaire (la capacité d’avancer les dents inférieures devant les dents supérieures).
Atlanto-occipitale, extension. En l’absence de nécessaires de prendre des précautions concernant la colonne, évaluer la possibilité de fléchir le cou et d’étendre la tête. (Une SAC ne devrait pas être entreprise chez un patient ayant une atteinte cervicale sauf exception.)
Pathologies des voies aériennes supérieures. Évaluer les causes médicales d’obstruction des voies aériennes (par exemple angio-œdème, tumeurs, épiglottite) ou les causes traumatiques (par exemple brûlures, traumatisme pénétrant du cou). La présence de stridor devrait permettre d’identifier certaines de ces pathologies.
Historique AMPLE
L’acronyme mnémotechnique AMPLE est utile pour l’évaluation initiale du patient.
Allergies. Il est important de s’enquérir des allergies médicamenteuses et/ou des incidents ayant eu lieu au cours d’une précédente sédation ou anesthésie.
Médicaments. Les traitements en cours doivent être connus. Les traitements allopathiques et homéopathiques peuvent interagir avec la sédation. L’utilisation d’un traitement au long cours peut révéler un diagnostic n’ayant pas été mentionné précédemment. Rechercher également ce que le patient a pris, quel analgésique ou autre médicament lui a été administré, pour le problème en cours, avant son arrivée à l’hôpital.
Passé médical. Colligé initialement, il constitue un rappel.
Dernier repas (last meal). Le temps écoulé depuis la dernière ingestion de solides et de liquides peut avoir un impact sur la procédure de sédation (voir le paragraphe sur le jeûne plus loin).
Événements/environnement. La connaissance des événements ayant eu lieu avant l’admission aux urgences (par exemple convulsions entraînant une luxation de l’épaule) peut influencer le choix des drogues et de la procédure.