Partie 11 Ophtalmologie
Pratique infirmière avant et après une intervention en ophtalmologie
Collyres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Pommades corticoïdes à usage ophtalmologique
Association d’antibiotique et d’anti-inflammatoire
Antiseptiques pour lavage oculaire
Solutés antiseptiques pour lavage oculaire
Solutions visqueuses à faible viscosité
Solutions visqueuses à haute viscosité
Dégénérescence maculaire liée à l’âge
Molécule à action antiangiogénique par voie intraveineuse
Molécules à action antiangiogénique par voie intravitréenne
Glaucome aigu par fermeture de l’angle
Glaucome chronique à angle ouvert
Antiglaucomateux par voie générale
Collyres antiglaucomateux-collyres parasympathomimétiques (myotiques)
Collyres antiglaucomateux-collyres β-bloquants
Collyres β-bloquants + pilocarpine
Collyres antiglaucomateux-collyre inhibiteur de l’anhydrase carbonique
Collyres antiglaucomateux-collyre alpha-2-adrénergique
Collyre analogue de la prostaglandine F2-alpha
Lentilles de contact : précautions à connaître
Occlusion de l’artère centrale de la rétine
Occlusion de la veine centrale de la rétine
Érosions cornéennes, corps étrangers superficiels
Plaies pénétrantes du globe oculaire avec ou sans corps étranger profond
Strabisme et autres troubles visuels de l’enfant
Pommades ophtalmiques corticoïdes + antibiotiques
PRATIQUE INFIRMIÈRE AVANT ET APRÈS UNE INTERVENTION EN OPHTALMOLOGIE
FICHE MALADIE
Par soucis de simplicité sont exposés dans ce chapitre les points communs concernant la pratique infirmière dans le cas de l’admission d’un patient qui va subir une intervention en ophtalmologie.
Il peut s’agir, le plus souvent, d’une opération :
EXAMENS, SOINS, SURVEILLANCE
À L’ARRIVÉE DU PATIENT
• La veille ou le matin de l’intervention, accueillir le patient et s’assurer de sa propreté.
• Vérifier que le patient n’a ni œil rouge, ni rhinite, ni angine, ni toux qui ferait reporter l’intervention.
• Noter tous les traitements généraux dans le dossier infirmier.
• Continuer les collyres en cours (antiseptique en préopératoire).
• Apporter au patient toutes les explications nécessaires sur son intervention.
• Vérifier que les dossiers d’anesthésie (consultation avec l’anesthésiste et bilan biologique) et d’ophtalmologie sont complets (en particulier, pour une cataracte, que le calcul d’implant a été fait).
• S’assurer que le patient est à jeun pour l’intervention.
• S’assurer qu’il a bien fait une toilette complète (douche + shampoing à la BÉTADINE), lui demander de retirer appareil dentaire, bijoux et vernis à ongles, et de se vêtir avec la tenue de bloc.
AVANT DE PARTIR AU BLOC OPÉRATOIRE
• Donner la prémédication : par exemple, ATARAX, 1 cp. 1 h avant le bloc.
• Dilater si besoin la pupille de l’œil à opérer (selon l’intervention) :
• Exemple de protocole de dilatation : MYDRIATICUM + NÉOSYNÉPHRINE 10 % + ATROPINE 1 %, 1 gtte de chaque produit à – 120, – 90, – 60, – 30 min et au moment de descendre au bloc.
• Autre protocole : MYDRIASERT, insert contenant ces mêmes produits dilatateurs pupillaires que l’on pose dans le cul-de-sac conjonctival inférieur 2 h avant le départ au bloc. L’insert libère les produits progressivement.
• Poser une voie veineuse chez les patients diabétiques ou en cas de perfusion d’un traitement avant le bloc ; sinon, la voie d’abord veineuse sera posée au bloc.
• Dans certains cas particuliers, on est amené à administrer au patient un traitement pré-ou peropératoire préventif d’une infection. Par exemple :
• bolus d’antibiotiques IV : CIFLOX 200 mg + PIPÉRILLINE 4 g à passer en 20 min, 1 h avant le bloc ;
• prophylaxie antivirale : ZOVIRAX la veille, le jour et le lendemain de l’intervention.
AU RETOUR DU BLOC OPÉRATOIRE, SURVEILLANCE DU PATIENT
• Surveiller la perfusion, surveiller le pansement et la coque oculaire.
• Surveiller les constantes : pouls, pression artérielle, température.
• Surveiller la douleur : administrer les antalgiques si besoin (selon prescription).
• Administrer les traitements éventuellement prescrits : antalgiques, hypotonisants oculaires (DIAMOX), antibiotiques, corticoïdes.
AVANT LA SORTIE DU PATIENT
• L’infirmière assiste le chirurgien pour le 1er pansement, s’il est réalisé avant la sortie du patient.
• Si tout va bien, le pansement est retiré et remplacé par une coque oculaire pour la nuit pendant 1 semaine.
• L’infirmière remet au patient tous les documents nécessaires :
• Ordonnance de sortie : collyres antibiotiques, anti-inflammatoires, dilatateurs et autres traitements.
• Feuille de sortie signée par le médecin.
• Compte rendu d’hospitalisation, compte rendu opératoire.
• Rendez-vous de consultation postopératoire : à J1 (ambulatoire), à 7 jours et à 1 mois.
ÉDUCATION ET CONSEILS
L’infirmière explique au patient :
• qu’il faut garder la coque la nuit pendant 1 semaine ;
• qu’il faut mettre régulièrement les collyres prescrits pendant 1 mois ;
• que les contrôles ophtalmologiques postopératoires sont prévus à J1, 1 semaine et 1 mois ;
• qu’il faut éviter de faire des efforts violents, de recevoir des chocs sur l’œil opéré ;
• qu’il faut éviter de mettre de l’eau, du savon, du shampoing au contact avec l’œil opéré pendant 8 jours ;
• qu’il faut attendre 1 mois pour que l’ophtalmologiste ajuste la puissance du verre correcteur, donc qu’il ne faut pas conduire avant 1 mois. De même, il est déconseillé de conduire, d’utiliser des machines ou des instruments dangereux, jusqu’à l’obtention des nouvelles lunettes ;
• qu’en cas de suture cornéenne, les fils seront retirés au second mois postopératoire, en fonction de l’astigmatisme ;
• et, surtout, que douleur, rougeur, baisse visuelle sont des signes d’alarme (cf.encadré p. 1072).
CATARACTES
FICHE MALADI
DÉFINITION
La cataracte se définit comme une opacité du cristallin, uni-ou bilatérale, entraînant une baisse de l’acuité visuelle.
TRAITEMENT
• L’anesthésie péri-bulbaire est la plus classiquement utilisée (1 injection au niveau des paupières supérieure et inférieure d’un mélange de produits anesthésiques).
• L’anesthésie topique (instillations répétées de gouttes anesthésiques) est réalisable chez les patients coopérants.
• De moins en moins de patients sont opérés sous anesthésie générale.
Le choix résulte de l’avis de l’ophtalmologiste et de l’anesthésiste et du souhait du patient.
• La phakoémulsification (PKE) est la technique de référence qui consiste à fragmenter et à aspirer le cristallin à l’aide d’ultrasons. Cette technique permet une ouverture oculaire réduite donc une récupération visuelle plus rapide.
• L’extraction extracapsulaire manuelle retire le cristallin par une large ouverture cornéenne que l’on suturera en fin d’intervention.
PRONOSTIC
ÉVOLUTION POSTOPÉRATOIRE HABITUELLE
Dans plus de 30 % des cas, dans les années qui suivent l’intervention, la capsule postérieure s’opacifie, ce qui entraîne une nouvelle baisse de vision : c’est la « cataracte secondaire ». Le traitement consiste à réaliser une ouverture de la capsule postérieure par laser.
COMPLICATIONS DE LA CHIRURGIE DE LA CATARACTE
• La plus grave est la complication infectieuse ou endophtalmie (1 à 3 ‰).
• Les autres complications sont la rupture peropératoire de la capsule postérieure, l’œdème de cornée, l’hypertonie oculaire postopératoire, l’inflammation de l’œil, le décollement de rétine.
Dans des cas exceptionnels, on aboutit à la perte de la vision, voire de l’œil lui-même.
On insiste ici sur ce qui concerne particulièrement l’intervention de la cataracte, les aspects généraux étant traités au chapitre « Pratique infirmière avant et après une intervention en ophtalmologie » p. 1071.
AVANT L’INTERVENTION : DILATER LA PUPILLE
Pour l’opération de la cataracte, en arrivant au bloc opératoire, la dilatation pupillaire doit être parfaite (cf. Fiche technique p. 1075).
• L’infirmière assiste le chirurgien pour le 1er pansement, s’il est réalisé avant la sortie du patient.
• Si tout va bien, le pansement est retiré et remplacé par une coque oculaire pour la nuit pendant 1 semaine.
• L’infirmière remet au patient l’ordonnance de sortie. Le patient sort sous traitement par collyres antibiotique et anti-inflammatoire (par exemple, CHIBRO-CADRON 3 fois/j, INDOCOLLYRE 3 fois/j), et cycloplégique (par exemple, MYDRIATICUM 3 fois/j).
FICHE PHARMACOLOGIE
Propriétés
Anti-inflammatoires non stéroïdiens, inhibant la production des Prostaglandines de l’œil, utilisés pour réduire ainsi l’inflammation postopératoire.
Contre-indications
Hypersensibilité à l’un des composants ; kératites herpétiques.
Grossesse : aucun effet malformatif n’a été signalé.
Allaitement : innocuité non démontrée.
CHALAZION
FICHE MALADIE
CAUSES ET MÉCANISMES
Les glandes de Meibomius situées dans l’épaisseur de la paupière sécrètent en permanence le meibum. Normalement, ce meibum est fluide comme de l’huile. Dans certaines circonstances, ce meibum s’épaissit, ce qui l’empêche d’être excrété de la glande. La glande remplie de meibum épaissi augmente de volume : c’est le chalazion.
FICHE PHARMACOLOGIE
Contre-indications
– ulcère cornéen (risque de perforation) ;
– infection oculaire d’origine virale (en particulier herpès cornéen ou zona ophtalmique : aggravation de l’infection).
Hypersensibilité à l’un des composants.
Grossesse : pas d’étude contrôlée chez la femme enceinte.
Allaitement : passage systémique présent, possibilité de passage dans le lait maternel.
Effets secondaires
Retard de cicatrisation des plaies cornéennes et sclérales.
Aggravation des infections oculaires d’origine virale (herpès, zona).
Hypertonie oculaire : risque de glaucome cortisonique (sauf FLUCON).
Risque de cataracte cortisonique (sous-capsulaire postérieure) lors des traitements prolongés.
Examen au biomicroscope préalable afin d’éliminer une contre-indication au traitement.
CONJONCTIVITES
FICHE MALADIE
DIAGNOSTIC
CONJONCTIVITES PAR SÉCHERESSE OCULAIRE
MESURES ET CONSEILS D’HYGIÈNE DEVANT UNE CONJONCTIVITE INFECTIEUSE
• Éviter de toucher ou gratter ses yeux.
• Se laver souvent les mains, en particulier après tout contact avec les yeux (avant et après avoir mis les collyres).
• Affaires de toilette et linge de maison demeurent personnels (savon, serviettes, mouchoirs, draps).
• Consultation des proches en cas d’apparition de symptômes similaires.
• Arrêt de travail à discuter dans certains métiers (enseignants, personnel médical et paramédical).
• Interdiction de tout port de lentille de contact pendant toute la durée de l’infection.
• Ne pas interrompre prématurément le traitement ou diminuer la posologie : mettre des gouttes au moins 6-8 fois/j pendant 48 h, puis 4 fois/j pendant suffisamment longtemps (+++, total de 2 semaines) ; spontanément les patients ont tendance à arrêter leur traitement dès l’amélioration des symptômes.
FICHE PHARMACOLOGIE
Propriétés
Les collyres et les pommades antibiotiques ont une action antibactérienne de surface (segment antérieur de l’œil), du fait de la faible résorption intraoculaire par la cornée. Le choix de l’antibiotique doit être adapté au germe en cause ; on s’aidera d’un prélèvement bactériologique avec antibiogramme pour confirmer l’indication thérapeutique.
Contre-indications
Allergie connue à l’un des constituants.
Grossesse et allaitement : fluoroquinolones déconseillées (absence d’études contrôlées).
De plus allongement du temps de saignement chez la mère et l’enfant.
Effets secondaires
Réactions locales allergiques, notamment avec la néomycine.
Possibilité de sélection de souches résistantes.
Propriétés
Inhibition de la dégranulation des mastocytes à l’origine de la libération des médiateurs chimiques de l’allergie (cromoglycate de sodium , acide N-acétyl aspartyl glutamique). Inhibition de la migration des éosinophiles impliqués à la phase tardive de la réaction allergique (lodoxamide).
Action antihistaminique (lévocabastine).
Précautions d’emploi
Grossesse et allaitement : innocuité non établie du lodoxamide et de la lévocabastine .
Propriétés
Collyres : action antiseptique.
Solutés : isotoniques aux larmes, action décongestionnante et antiseptique.
Propriétés
Ils remplacent les larmes en cas de syndrome sec authentifié par le test de Schirmer ; ils préviennent ainsi les complications de la sécheresse oculaire : picotements, kératites, conjonctivites.
Indications
Les produits à base d’acide hyaluronique et les inserts sont à réserver aux syndromes secs graves.
Précautions d’emploi
Lentilles de contact : seuls les collyres dépourvus de conservateur sont autorisés.
DÉCOLLEMENT DE RÉTINE
FICHE MALADIE
DÉFINITION
Le décollement de rétine est un clivage entre les deux feuillets de la rétine qui sont normalement accolés — l’épithélium pigmentaire (feuillet externe) et la rétine neurosensorielle (feuillet interne) — souvent à partir d’une déchirure rétinienne.
DIAGNOSTIC
• La perception d’éclairs blancs, intenses, fixés (phosphènes), traduit l’existence d’une déchirure rétinienne. Ceci doit alerter et conduire rapidement à un examen du fond d’œil avant que cette déchirure ne se complique d’un décollement de rétine constitué.
• Un voile noir amputant le champ visuel, une baisse brutale de la vision sont les signes de décollement de rétine constitué.
TRAITEMENT
TRAITEMENT DU DÉCOLLEMENT DE RÉTINE CONSTITUÉ
Le principe du traitement chirurgical est de :
Deux types de chirurgie sont possibles :
• Chirurgie par voie externe, « cryo-indentation » ; c’est la méthode la plus utilisée :
• Chirurgie par voie interne ou endoculaire, « vitrectomie-laser-gaz » :