11: Maladies respiratoires

Chapitre 11 Maladies respiratoires



Structure de base du système respiratoire



La fonction principale des poumons est d’échanger l’oxygène de l’air inspiré et le dioxyde de carbone à éliminer du sang de la circulation pulmonaire. Chaque poumon est enfermé dans une double membrane ; la plèvre viscérale recouvre la surface du poumon et rejoint, au niveau du hile, la plèvre pariétale, qui tapisse l’intérieur de la cavité thoracique. L’espace pleural contient normalement une petite quantité de liquide lubrifiant. Le poumon droit est divisé en trois lobes, tandis que le poumon gauche en a deux. La trachée se divise en bronches droite et gauche à la carène, qui est située sous la jonction du manubrium du sternum et du deuxième cartilage costal droit. Dans les poumons, les bronches principales se ramifient pour former les bronches secondaires et tertiaires, ensuite les bronchioles et, finalement, les bronchioles terminales qui se terminent aux alvéoles.


Les voies respiratoires sont bordées par un épithélium fait de cellules cylindriques ciliées et de cellules caliciformes productrices de mucus, celles-ci étant plus rares dans les petites voies aériennes. Le mucus retient les macrophages, les particules inhalées et les bactéries ; déplacé par les cils vers les voies respiratoires supérieures, il sert à l’épuration pulmonaire (tapis roulant mucociliaire). Les gaz sont échangés dans les alvéoles où le sang circulant dans les capillaires et l’air inspiré ne sont séparés que par une mince paroi composée essentiellement de pneumocytes de type 1 et des cellules endothéliales des capillaires, les membranes basales des capillaires et des alvéoles étant fusionnées.




Symptômes de maladie respiratoire



Les symptômes communs des maladies respiratoires sont la toux, les expectorations, des douleurs thoraciques, l’essoufflement, une respiration sifflante et l’hémoptysie.




Toux



C’est la manifestation la plus courante des maladies du tractus respiratoire inférieur. Elle est déclenchée par la stimulation mécanique (par exemple le toucher et des déplacements) ou chimique (par exemple des vapeurs nocives) de récepteurs de la toux spécialisés sur l’épithélium des voies respiratoires supérieures et inférieures. Les impulsions sont transportées par des nerfs afférents dans un « centre de la toux », qui se trouve dans le bulbe rachidien. De là, partent alors des signaux efférents qui atteignent la musculature expiratoire par le nerf phrénique et les branches efférentes du nerf vague et déclenchent la toux.


Une toux qui ne dure que quelques semaines est le plus souvent due à une infection aiguë des voies respiratoires. L’asthme, la maladie du reflux gastro-œsophagien et l’écoulement nasal postérieur sont les causes les plus communes de toux persistante (tableau 11.1). Un écoulement nasal postérieur est dû à une rhinite, une rhinopharyngite aiguë ou une sinusite et les symptômes autres que la toux sont un écoulement nasal, une sensation de liquide glissant dans la gorge, et des raclements de gorge fréquents. La toux peut être le seul symptôme de l’asthme quand elle s’aggrave durant la nuit, au réveil ou à l’effort. Une toux chronique, parfois accompagnée d’expectorations, est fréquente chez les fumeurs. Toutefois, une aggravation de la toux peut être le symptôme révélateur d’un carcinome bronchique et requiert des investigations poussées.


Tableau 11.1 Causes de toux persistante





* Rhinopharyngite
* Asthme
* Maladie du reflux gastro-œsophagien
Toux postvirale
Maladie pulmonaire : MPOC, bronchectasies, tumeur, corps étranger
Maladie du parenchyme : pneumopathie interstitielle, abcès
Médicaments : inhibiteurs de l’ECA

ECA : enzyme de conversion de l’angiotensine ; MPOC : maladie pulmonaire obstructive chronique.


* Ce sont les causes les plus fréquentes ; elles sont responsables de 99 % des cas chez les non-fumeurs et chez les patients ne prenant pas d’inhibiteurs de l’ECA et dont la radiographie thoracique est normale.



Essoufflement



La dyspnée est la sensation subjective de l’essoufflement. L’orthopnée est l’essoufflement qui survient en position couchée en raison de la pression du contenu abdominal sur le diaphragme repoussé dans le thorax et de la redistribution du sang des membres inférieurs vers les poumons. La dyspnée nocturne paroxystique est une manifestation de l’insuffisance cardiaque gauche ; le patient se réveille à bout de souffle et trouve un certain soulagement en position assise. Le mécanisme est similaire à l’orthopnée, mais parce que la conscience sensorielle est déprimée pendant le sommeil, un œdème interstitiel pulmonaire peut s’accumuler.


La cause de l’essoufflement (tableau 11.2) est souvent identifiée par les antécédents et l’examen clinique, en particulier lorsque l’essoufflement est soudain et aigu. Lors d’un essoufflement aigu, les premiers examens appropriés sont : une radiographie du thorax, l’oxymétrie de pouls et, parfois, les gaz du sang artériel. Selon les circonstances cliniques, un ECG, un hémogramme, les dosages dans le sérum des électrolytes, de la glycémie, de la troponine (soupçon d’une cause cardiaque) et des D-dimères (soupçon d’embolie pulmonaire) peuvent être indiqués. L’embolie pulmonaire (EP) peut être de diagnostic difficile, la radiographie pulmonaire, les gaz du sang et de l’ECG pouvant être normaux (voir chap. 10). En cas d’essoufflement chronique, des tests simples de fonction pulmonaire, l’oxymétrie de pouls, un hémogramme et une radiographie pulmonaire, sont les premières investigations pour la plupart des patients. L’échocardiographie est indiquée si une cause cardiaque est suspectée.


Tableau 11.2 Causes d’essoufflement




































Aigu (apparition en quelques minutes/heures) Chronique (apparition en plusieurs jours/mois)
Asthme aigu Asthme
Exacerbation de la MPOC MPOC
Pneumothorax Maladie pulmonaire parenchymateuse diffuse
Embolie pulmonaire Épanchement pleural
Pneumonie Cancer des bronches/trachée
Pneumonite d’hypersensibilité Insuffisance cardiaque
Obstruction des voies respiratoires supérieures :
Anémie profonde
Insuffisance cardiaque gauche  
Tamponnade cardiaque  
Panique avec hyperventilation  

MPOC : maladie pulmonaire obstructive chronique.


Une dyspnée psychogène est généralement décrite comme l’incapacité de prendre une profonde inspiration ; elle perturbe rarement le sommeil et peut s’améliorer avec l’exercice.





Douleur thoracique



Lorsqu’elle est liée à une maladie respiratoire, la douleur thoracique (voir tableau 10.2) est souvent localisée et fortement aggravée par la respiration profonde ou la toux (douleur pleurale). Elle est le plus souvent causée par une infection ou une irritation pleurale à la suite d’une EP.



Examens en cas de maladie respiratoire






Tests de fonction respiratoire



Dans le cadre d’une consultation, il est possible d’effectuer des tests fonctionnels respiratoires simples pour l’évaluation de l’obstruction bronchique et des volumes pulmonaires. Les valeurs normales varient selon l’âge, le sexe, la taille et entre individus.




Spirométrie



La spirométrie mesure le volume expiratoire maximal (VEM) et la capacité vitale forcée (CVF). Le patient exhale aussi rapidement et aussi longtemps que possible après une inspiration profonde. Le volume expiré durant la première seconde est le VEMS, le volume total expiré étant la CVF. Le rapport VEMS/CVF est une mesure de limitation du débit ; il est normalement d’environ 75 % :



Des techniques plus sophistiquées permettent de mesurer la capacité pulmonaire totale (CPT) et le volume résiduel (VR). Ceux-ci sont augmentés dans les maladies pulmonaires obstructives comme l’asthme ou la maladie pulmonaire chronique obstructive en raison de la rétention d’air, et réduits dans la fibrose pulmonaire. Le facteur de transfert (TCO) mesure le transfert à l’hémoglobine d’une faible quantité de monoxyde de carbone ajouté à l’air inspiré. Le coefficient de transfert (KCO) est la valeur corrigée pour les différences de volume pulmonaire. Le transfert gazeux est réduit dès le début d’un emphysème ou d’une fibrose pulmonaire.



Dosage des gaz dans le sang artériel


Ce dosage mesure les pressions partielles d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang artériel (voir tableau 12.6), dont les résultats sont utilisés pour l’évaluation du patient dyspnéique ainsi que le suivi du traitement de l’insuffisance respiratoire et de l’asthme aigu. La saturation artérielle en oxygène (SaO2) peut être mesurée en continu de manière non invasive à l’aide d’un oxymètre auriculaire ou digital. Les normes vont de 94 à 98 %. Cependant, les taux de dioxyde de carbone ne sont pas mesurés et une hypoventilation avec rétention de dioxyde de carbone peut passer inaperçue.




Imagerie



Radiographie thoracique



Les clichés de routine sont postéroantérieurs (PA), c’est-à-dire que le film est placé devant le patient avec la source de rayons X derrière. Les prises AP sont réservées aux patients incapables de se lever ; le contour cardiaque semble plus gros et les omoplates ne peuvent être déplacées hors de la vue. La figure 11.1 montre une radiographie thoracique normale et propose une étude systématique du cliché. Le nodule pulmonaire solitaire détecté à la radiographie est un problème clinique fréquent (tableau 11.3). Dans ce cas, il faut prendre en compte les facteurs de risque de cancer : âge, tabagisme, exposition professionnelle aux substances cancérogènes, augmentation de la taille de la lésion (80 % > 3 cm), bord irrégulier, calcifications excentriques de la lésion et taille accrue par rapport à une ancienne radiographie. Une TDM est généralement nécessaire pour une évaluation approfondie.



Tableau 11.3 Causes de nodule pulmonaire solitaire


















Bénin Malin
Granulome infectieux, par exemple tuberculose Carcinome bronchique
Autres infections, par exemple pneumonie localisée, abcès, kyste hydatique
Tumeurs bénignes
Malformation artérioveineuse
Métastase unique
Lymphome
Carcinoïde pulmonaire
Kyste bronchogénique
Infarctus pulmonaire
Inflammatoire, nodule rhumatoïde, granulome de Wegener









Tabagisme



Le tabagisme a diminué ces dernières années dans le monde occidental, mais est en augmentation dans de nombreux pays en développement. La fumée du tabac contient plus de 40 substances cancérigènes différentes et est associée à un risque accru de cancer du tractus gastro-intestinal (cavité buccale, œsophage, estomac et pancréas), des voies respiratoires (larynx et bronches) et du système génito-urinaire (vessie, rein, col utérin). Le tabagisme est un facteur de risque pour les cardiopathies ischémiques et les maladies vasculaires périphériques, et est la cause majeure de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) (voir plus loin). La fumée de tabac de l’environnement (tabagisme passif) augmente également le risque de cancer du poumon et la MPOC. Persuader un individu d’arrêter de fumer est une partie essentielle de la thérapie de nombreuses maladies respiratoires et a un rôle préventif chez la personne encore en bonne santé. Des démarches auprès de populations ciblées comme des campagnes de prévention et l’interdiction de fumer dans les lieux publics ont réduit la prévalence du tabagisme. Les stratégies individuelles d’abstention sont plus efficaces dans le cadre d’une clinique de tabacologie ; elles sont non pharmacologiques (thérapie comportementale, programmes d’entraide, conseil psychologique de groupe) et pharmacologiques :



Les thérapies pharmacologiques requièrent toutes de la part des fumeurs qu’ils se fixent une date cible pour l’arrêt définitif.



Maladies des voies respiratoires supérieures





Sinusite rhinite (voir chap. 16)



La rhinite se manifeste cliniquement par des salves d’éternuements ; le nez coule ou est bouché pendant plus de 1 heure presque tous les jours :



La rhinite saisonnière est souvent appelée « rhume des foins » et survient au printemps et en été. Elle est causée par une allergie aux pollens de graminées et d’arbres et aux spores de diverses moisissures (par exemple Aspergillus fumigatus) qui poussent sur des plantes cultivées. En plus des symptômes nasaux, il peut y avoir des démangeaisons des yeux et du palais mou.


La rhinite allergique pérenne peut être allergique (les allergènes sont similaires à ceux impliqués dans l’asthme) ou non allergique (déclenchée par l’air froid, la fumée et certains parfums). Les patients ont rarement des symptômes affectant les yeux ou le palais mou. Chez certains, des polypes nasaux se développent ; ils peuvent provoquer une obstruction nasale, la perte de l’odorat et du goût et une respiration buccale.







Grippe



Le virus de la grippe existe sous deux formes principales, A et B. Le virion est recouvert d’hémagglutinine (H) et d’une enzyme, la neuraminidase (N), qui sont nécessaires pour que le virus puisse s’attacher à l’épithélium respiratoire. L’immunité de l’homme se développe contre les antigènes H et N. Le virus A peut passer par des « substitutions » antigéniques et des changements majeurs dans les antigènes H et N, ce qui peut être à l’origine de pandémie causant des millions de morts à l’échelle mondiale. La souche H5N1 est passée des oiseaux aux humains (grippe aviaire) et la souche H1N1 est endémique chez les porcs et les oiseaux. La dernière pandémie, déclarée en juin 2009, est précisément une souche H1N1 d’origine porcine. Le virus peut aussi être sujet à des « dérives » antigéniques mineures associées à des épidémies moins graves.









Maladies des voies respiratoires inférieures





Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)



La MPOC est caractérisée par une obstruction bronchique difficilement réversible, qui est habituellement progressive et associée à une réponse inflammatoire persistante des poumons. La MPOC est désormais le terme privilégié pour les patients déjà diagnostiqués comme ayant une bronchite chronique ou de l’emphysème.






Caractéristiques cliniques


Les symptômes et signes cliniques permettent la distinction entre la MPOC et l’asthme (tableau 11.4). Les symptômes caractéristiques de la MPOC sont la toux avec expectorations, respiration sifflante et essoufflement après des années de toux du fumeur. Les exacerbations infectieuses sont fréquentes ; les expectorations deviennent alors purulentes. À l’examen, le patient gravement atteint est essoufflé au repos, son expiration est prolongée, l’expansion thoracique est faible et les poumons sont distendus, ce qui cause une perte de la matité cardiaque et hépatique, donne au thorax une forme de tonneau et fait saillir l’abdomen. Les lèvres pincées à l’expiration préviennent l’effondrement des alvéoles et des voies respiratoires. La mobilisation des muscles respiratoires accessoires (scalènes et sternocléidomastoïdiens) reflète l’accroissement de l’effort respiratoire (fig. 11.2). La respiration peut être sifflante ou les bruits respiratoires assourdis. Chez les pink puffers, l’essoufflement est la difficulté principale ; ils ne sont pas cyanosés. Les blue bloaters hypoventilent ; ils sont cyanosés, peuvent être œdémateux et montrent des signes de rétention de CO2 : extrémités chaudes, pouls bondissant, astérixis (tremblements des mains tendues) et confusion dans les cas graves.


Tableau 11.4 Caractéristiques différenciant la MPOC de l’asthme















































  MPOC Asthme
Fumeur ou ancien fumeur La plupart Eventuellement
Symptômes avant 35 ans Rares Fréquents
Terrain atopique (rhinite, eczéma) Peu fréquent Fréquent
Infiltrat cellulaire Macrophages, neutrophiles, lymphocytes T CD8 + Eosinophiles, lymphocytes T CD4 +
Toux et expectorations Quotidiennes/fréquentes Intermittentes
Essoufflement Persistant et progressif Variable
Symptômes nocturnes Rares Fréquents
Importante variabilité diurne ou de jour en jour des symptômes Peu fréquente Fréquente
Réponse aux bronchodilatateurs (VEMS et DEP) < 15 % > 20 %
Réponse aux corticoïdes Faible Bonne


En plus de manifestations pulmonaires, les patients atteints de MPOC souffrent de troubles systémiques, notamment perte de masse et de force musculaires, malnutrition, amaigrissement et dépression. L’atrophie musculaire est due à une combinaison de facteurs : vieillissement, malnutrition, inflammation systémique, inactivité, hypoxie. Elle touche à la fois les muscles respiratoires et des membres. Elle contribue à la perte de tolérance à l’effort indépendamment de l’altération de la fonction pulmonaire.




Examens


Le diagnostic repose sur les antécédents d’essoufflement et d’expectorations chez un fumeur à vie, l’examen physique et la limitation du courant aérien, confirmée par les tests de fonction pulmonaire.



Les tests de fonction pulmonaire montrent une réduction progressive du débit parallèle à l’aggravation de l’essoufflement (tableau 11.5). Chez certains patients, l’obstruction bronchique est partiellement réversible, avec une augmentation du VEMS (généralement < 15 %) après inhalation d’un β2-agoniste. Des mesures de débit expiratoire de pointe peuvent être nécessaires afin d’exclure l’asthme (tableau 11.4). En cas d’incertitude diagnostique, on peut être amené à demander des tests supplémentaires de fonction pulmonaire. Les volumes pulmonaires sont normaux ou augmentés, et la perte d’alvéoles liée à l’emphysème diminue le coefficient de transfert gazeux au test de monoxyde de carbone.


La radiographie thoracique peut être normale ou montrer des signes de distension pulmonaire, indiquée par la position basse et l’aplatissement du diaphragme ainsi qu’une ombre cardiaque longue et étroite. La trame pulmonaire est moins marquée en périphérie et la destruction du parenchyme pulmonaire forme des bulles, des espaces aériens > 1 cm.


La TDM à haute résolution convient particulièrement pour mettre en évidence les bulles d’emphysème.


L’hémoglobine et l’hématocrite peuvent être élevés en raison de l’hypoxémie persistante et de la polyglobulie secondaire (voir chap. 5).


Les gaz du sang artériel peuvent être normaux ou montrer une hypoxie avec ou sans hypercapnie dans les cas avancés.


L’α1-antitrypsine sérique est dosée et son génotype identifié dans la maladie à début précoce (< 40 ans) ou associée à des antécédents familiaux.


L’ECG et l’échocardiographie servent à l’évaluation de l’état cardiaque en cas de signes cliniques de cœur pulmonaire (voir chap. 10).


Tableau 11.5 Degrés de gravité selon les critères GOLD























Stade de la MPOC Fonction Symptômes
Stade I, bénin VEMS/CVF < 70 %
VEMS ≥ 80 % de la valeur prédite
Toux chronique, essoufflement léger ou nul
Stade II, modéré VEMS/CVF < 70 %
50 % ≤ VEMS < 80 % de la valeur prédite
Essoufflement à l’effort
Stade III, grave VEMS/CVF < 70 %
30 % ≤ VEMS < 50 % de la valeur prédite
Essoufflement au moindre effort. Amaigrissement possible et dépression
Stade IV, très grave VEMS/CVF < 70 %
VEMS < 30 % de la valeur prédite ou
VEMS < 50 % de la valeur prédite plus insuffisance respiratoire
Essoufflement au repos

(Adapté de Global Strategy for the Diagnosis, Management and Prevention of COPD, www.goldcopd.com).



Soins


Une MPOC devrait être soignée par une équipe multidisciplinaire comprenant, outre le médecin généraliste et le pneumologue, des spécialistes en soins infirmiers des voies respiratoires, en physiothérapie, en ergothérapie, en diététique et, à la phase terminale de la maladie, en soins palliatifs.



Cesser de fumer. Il est essentiel de convaincre le patient d’arrêter de fumer. Cela peut ralentir la détérioration.


Bronchodilatateurs. Une démarche thérapeutique graduelle est appliquée comme dans le traitement de l’asthme (voir plus loin). L’inhalation (avec aérochambre si nécessaire), une fois par jour, de bromure de tiotropium, un agent antimuscarinique à longue durée d’action, convient au début du traitement d’entretien. Afin de prévenir ou d’atténuer les symptômes aigus, il faut associer, en cas de besoin, un β2-agoniste à brève durée d’action. Chez les patients dont la dyspnée persiste, on ajoutera un β2-agoniste à longue durée d’action. Les inhalateurs de poudre sèche sont plus simples à utiliser que les inhalateurs doseurs, mais la technique d’utilisation doit encore être contrôlée. La thérapie par nébulisation peut être utile pour les patients souffrant d’essoufflement incapacitant malgré les inhalations.


Corticoïdes. La réversibilité est évaluée sur la base d’une cure de 2 semaines de prednisolone par voie orale (30 mg par jour), avec mesure de la fonction pulmonaire avant et après la période de traitement. Si les résultats montrent une amélioration objective (amélioration > 15 % du VEMS), les corticoïdes oraux sont progressivement réduits et remplacés par des corticoïdes inhalés.


Prévention de l’infection. Les exacerbations aiguës de la MPOC sont souvent dues à une infection bactérienne ou virale. Les patients doivent être vaccinés contre les pneumocoques et chaque année contre la grippe, et recevoir rapidement un traitement antibiotique lors des exacerbations aiguës.


Oxygène. L’oxygène peut être fourni à domicile à long terme par des concentrateurs d’oxygène. L’oxygénothérapie améliore la survie chez certains patients :




Pour juger de l’utilité de l’oxygène à domicile, il faut mesurer les gaz du sang à 3 semaines d’intervalle chez un patient stable sous traitement bronchodilatateur. L’oxygénothérapie, réservée aux patients qui ne fument plus (ce qui est prouvé par une concentration de carboxyhémoglobine < 3 %), dure 19 heures par jour (chaque jour) à un débit de 1 à 3 l/min, au moyen de lunettes nasales, la saturation en oxygène à atteindre étant > 90 %.




Exacerbation aiguë de la MPOC



Le diagnostic se fait sur la base d’une dyspnée accrue, ou d’une augmentation des expectorations ou de leur purulence. La complication majeure est l’insuffisance respiratoire. Les exacerbations sont habituellement la conséquence d’une infection virale ou bactérienne des voies respiratoires ; elles sont prises en charge et traitées comme dans l’asthme, mais avec quelques modifications essentielles (voir ci-dessous). Certains patients avec des exacerbations légères peuvent être traités à domicile par une équipe multidisciplinaire spécialisée incluant infirmières, physiothérapeutes et ergothérapeutes. Les soins à prodiguer en cas d’hospitalisation sont les suivants.



Une oxygénothérapie contrôlée vise à maintenir la SaO2 > 88 à 92 % et la PaO2 > 8 kPa sans augmentation de la PaCO2. Souvent, ces patients doivent garder un certain degré d’hypoxémie afin que le stimulus respiratoire soit maintenu. Dès lors, si l’oxygène est nécessaire, les concentrations administrées seront faibles (24 %) et le seront par l’intermédiaire d’un masque Venturi (masque à concentration fixe en oxygène) afin de ne pas atténuer le stimulus respiratoire et de ne pas précipiter une aggravation de l’hypercapnie ni une acidose respiratoire. Si l’examen clinique et les gaz du sang artériel (mesure répétée toutes les 30 à 60 minutes) n’indiquent pas d’hypoventilation, de rétention de dioxyde de carbone et d’aggravation de l’acidose, la concentration en oxygène est augmentée par incréments (28 % puis 35 %).


Les bronchodilatateurs (salbutamol et bromure d’ipratropium) sont administrés toutes les 4 à 6 heures avec de la prednisolone orale à la dose journalière de 40 mg. En présence d’insuffisance respiratoire de type 2, il faut utiliser des nébuliseurs fonctionnant à l’air et administrer l’oxygène simultanément et de manière contrôlée par une sonde nasale.


Les antibiotiques, par exemple céfaclor ou co-amoxiclav, sont indiqués si les expectorations sont devenues purulentes ou si les clichés radiographiques pulmonaires ont changé. Les patients devraient être encouragés à expectorer, d’abord avec l’aide d’un kinésithérapeute. Le traitement antibiotique sera adapté en fonction des résultats de la culture des expectorations.


Le recours à l’aminophylline est controversé en raison de sa faible efficacité et de la forte incidence d’effets secondaires. Elle est utilisée chez des patients victimes d’une exacerbation modérée à sévère qui ne répondent pas au traitement habituel décrit ci-dessus. Elle est administrée par voie intraveineuse, avec surveillance cardiaque comme dose de charge (5 mg/kg pendant 20 minutes) suivie d’une dose d’entretien de 0,5 mg/kg/heure. Pour la théophylline, il faut mesurer les taux plasmatiques quotidiennement pour maintenir la concentration à 10 à 20 mg/l (55 à 110 μmol/l). Chez les patients qui prennent déjà ce médicament par voie orale, il faut omettre la dose de charge et vérifier les taux plasmatiques avant de commencer la perfusion d’entretien.


Les patients atteints d’insuffisance respiratoire mettant leur vie en danger ont besoin d’une assistance ventilatoire. Les dispositifs à double niveau de pression (BiPAP, bilevel positive airway pressure ; voir en fin de chap. 12) évitent le besoin de ventilation mécanique et d’intubation chez certains patients. Ils sont indiqués chez les patients dont la détresse respiratoire s’aggrave (fréquence respiratoire > 30/min) en acidose respiratoire (≤ 7,35 pH sanguin, PaCO2 > 6 kPa), ou qui n’ont pas répondu à un traitement médical optimal et à une oxygénothérapie contrôlée.


L’héparine de bas poids moléculaire est indiquée afin d’éviter une thrombo-embolie.


Les stimulants respiratoires sont rarement utilisés en raison de la disponibilité croissante de support ventilatoire non invasif. La perfusion IV lente de doxapram, 1,5 à 4,0 mg/min, peut aider à court terme à maintenir éveillé le patient ainsi qu’à stimuler la toux et l’élimination de sécrétions encombrantes.


Les exacerbations de la MPOC sont parfois déclenchées par un pneumothorax, une insuffisance cardiaque ou une embolie pulmonaire, et ces causes doivent être exclues.




Syndrome d’apnée du sommeil (SAS)



Il s’agit d’une apnée (arrêt de la respiration pendant 10 secondes ou plus) qui se répète pendant le sommeil en raison de l’obstruction des voies aériennes supérieures. Elle affecte environ 2 % de la population et est plus fréquente chez les hommes d’âge moyen en surpoids. Elle peut également survenir chez les enfants, particulièrement ceux dont les amygdales sont hypertrophiées.







Bronchectasies



Les bronchectasies sont des dilatations anormales et permanentes des voies aériennes centrales et de moyen calibre. La conséquence est une diminution de l’élimination des sécrétions bronchiques, ce qui favorise les infections bactériennes et une inflammation bronchique. Elles peuvent n’affecter qu’un lobe ou s’étendre à l’ensemble de l’arbre bronchique.






Soins


Les patients doivent cesser de fumer et recourir aux techniques de physiothérapie qui faciliteront les expectorations. Ils devraient être vaccinés contre les pneumocoques et, chaque année, contre la grippe. Un traitement immédiat aux antibiotiques s’impose lors des exacerbations.



La kinésithérapie respiratoire favorise la clairance mucociliaire et la production d’expectorations. Elle comprend les techniques du cycle respiratoire actif, le drainage postural et la percussion thoracique.


Une antibiothérapie s’impose chez les patients qui se mettent à tousser davantage et dont les expectorations sont devenues purulentes. Dans les cas bénins, une chimiothérapie intermittente avec du céfaclor, 500 mg trois fois par jour, peut être le seul traitement nécessaire. La flucloxacilline est le meilleur traitement si S. aureus est identifié à la culture des expectorations. Si celles-ci restent jaunes ou vertes, malgré la physiothérapie régulière et l’antibiothérapie, il est probable que l’agent infectieux est P. aeruginosa. Des antibiotiques spécifiques sont alors nécessaires, par exemple la ceftazidime ; ils sont administrés par aérosol ou par voie parentérale. La ciprofloxacine par voie orale est une alternative. Pour les patients qui souffrent d’exacerbations fréquentes, une antibiothérapie à long terme doit être envisagée.


Les bronchodilatateurs (β2-agonistes et/ou anticholinergiques) peuvent apporter un soulagement symptomatique, même sans amélioration objective du VEMS.


Des corticoïdes inhalés ou oraux peuvent ralentir l’aggravation.


La chirurgie est réservée à une très petite minorité dont la maladie est localisée. Une forme grave nécessite parfois la transplantation pulmonaire ou cœur–poumon.




Fibrose kystique ou mucoviscidose



La fibrose kystique (FK) est une affection autosomique récessive survenant chez un enfant sur 2000 au Royaume-Uni (la distribution géographique est hétérogène parmi les populations européennes [NdT]). Elle est beaucoup moins fréquente chez les Afro-Antillais et les Asiatiques. Elle est causée par des mutations d’un gène unique présent sur le chromosome 7 ; il code la protéine régulatrice de la conductance transmembranaire de la FK (CFTR, cystic fibrosis transmembrane conductance regulator), un canal à chlorure des membranes des cellules épithéliales pulmonaires, pancréatiques, gastro-intestinales et génitales. La mutation la plus fréquente est ΔF508 (délétion de la phénylalanine en position 508). Les perturbations du transport du chlorure et d’autres ions, comme le sodium et le bicarbonate, rendent le mucus de ces surfaces épithéliales plus visqueux et collant ; elles augmentent aussi la teneur en sel dans les sécrétions des glandes sudoripares.


Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Aug 1, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 11: Maladies respiratoires

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access