Chapitre 11 Maladies respiratoires
Symptômes de maladie respiratoire
Toux
Une toux qui ne dure que quelques semaines est le plus souvent due à une infection aiguë des voies respiratoires. L’asthme, la maladie du reflux gastro-œsophagien et l’écoulement nasal postérieur sont les causes les plus communes de toux persistante (tableau 11.1). Un écoulement nasal postérieur est dû à une rhinite, une rhinopharyngite aiguë ou une sinusite et les symptômes autres que la toux sont un écoulement nasal, une sensation de liquide glissant dans la gorge, et des raclements de gorge fréquents. La toux peut être le seul symptôme de l’asthme quand elle s’aggrave durant la nuit, au réveil ou à l’effort. Une toux chronique, parfois accompagnée d’expectorations, est fréquente chez les fumeurs. Toutefois, une aggravation de la toux peut être le symptôme révélateur d’un carcinome bronchique et requiert des investigations poussées.
* Rhinopharyngite * Asthme * Maladie du reflux gastro-œsophagien Toux postvirale Maladie pulmonaire : MPOC, bronchectasies, tumeur, corps étranger Maladie du parenchyme : pneumopathie interstitielle, abcès Médicaments : inhibiteurs de l’ECA |
ECA : enzyme de conversion de l’angiotensine ; MPOC : maladie pulmonaire obstructive chronique.
* Ce sont les causes les plus fréquentes ; elles sont responsables de 99 % des cas chez les non-fumeurs et chez les patients ne prenant pas d’inhibiteurs de l’ECA et dont la radiographie thoracique est normale.
Essoufflement
La cause de l’essoufflement (tableau 11.2) est souvent identifiée par les antécédents et l’examen clinique, en particulier lorsque l’essoufflement est soudain et aigu. Lors d’un essoufflement aigu, les premiers examens appropriés sont : une radiographie du thorax, l’oxymétrie de pouls et, parfois, les gaz du sang artériel. Selon les circonstances cliniques, un ECG, un hémogramme, les dosages dans le sérum des électrolytes, de la glycémie, de la troponine (soupçon d’une cause cardiaque) et des D-dimères (soupçon d’embolie pulmonaire) peuvent être indiqués. L’embolie pulmonaire (EP) peut être de diagnostic difficile, la radiographie pulmonaire, les gaz du sang et de l’ECG pouvant être normaux (voir chap. 10). En cas d’essoufflement chronique, des tests simples de fonction pulmonaire, l’oxymétrie de pouls, un hémogramme et une radiographie pulmonaire, sont les premières investigations pour la plupart des patients. L’échocardiographie est indiquée si une cause cardiaque est suspectée.
Aigu (apparition en quelques minutes/heures) | Chronique (apparition en plusieurs jours/mois) |
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Asthme aigu | Asthme |
Exacerbation de la MPOC | MPOC |
Pneumothorax | Maladie pulmonaire parenchymateuse diffuse |
Embolie pulmonaire | Épanchement pleural |
Pneumonie | Cancer des bronches/trachée |
Pneumonite d’hypersensibilité | Insuffisance cardiaque |
Obstruction des voies respiratoires supérieures : | Anémie profonde |
Insuffisance cardiaque gauche | |
Tamponnade cardiaque | |
Panique avec hyperventilation |
MPOC : maladie pulmonaire obstructive chronique.
Douleur thoracique
Lorsqu’elle est liée à une maladie respiratoire, la douleur thoracique (voir tableau 10.2) est souvent localisée et fortement aggravée par la respiration profonde ou la toux (douleur pleurale). Elle est le plus souvent causée par une infection ou une irritation pleurale à la suite d’une EP.
Examens en cas de maladie respiratoire
Tests de fonction respiratoire
Spirométrie
Dosage des gaz dans le sang artériel
Ce dosage mesure les pressions partielles d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang artériel (voir tableau 12.6), dont les résultats sont utilisés pour l’évaluation du patient dyspnéique ainsi que le suivi du traitement de l’insuffisance respiratoire et de l’asthme aigu. La saturation artérielle en oxygène (SaO2) peut être mesurée en continu de manière non invasive à l’aide d’un oxymètre auriculaire ou digital. Les normes vont de 94 à 98 %. Cependant, les taux de dioxyde de carbone ne sont pas mesurés et une hypoventilation avec rétention de dioxyde de carbone peut passer inaperçue.
Imagerie
Radiographie thoracique
Les clichés de routine sont postéroantérieurs (PA), c’est-à-dire que le film est placé devant le patient avec la source de rayons X derrière. Les prises AP sont réservées aux patients incapables de se lever ; le contour cardiaque semble plus gros et les omoplates ne peuvent être déplacées hors de la vue. La figure 11.1 montre une radiographie thoracique normale et propose une étude systématique du cliché. Le nodule pulmonaire solitaire détecté à la radiographie est un problème clinique fréquent (tableau 11.3). Dans ce cas, il faut prendre en compte les facteurs de risque de cancer : âge, tabagisme, exposition professionnelle aux substances cancérogènes, augmentation de la taille de la lésion (80 % > 3 cm), bord irrégulier, calcifications excentriques de la lésion et taille accrue par rapport à une ancienne radiographie. Une TDM est généralement nécessaire pour une évaluation approfondie.
Figure 11.1 Radiographie thoracique normale et liste des points à examiner.
Nom du patient et date du cliché
Centrage – Distance égale entre chaque tête claviculaire et entre les processus vertébraux ?
Trachée – déviée de la ligne médiane ?
Tissus mous : cou, épaules, thorax
Os : côtes, clavicules et colonne vertébrale
Diaphragme – la coupole droite est généralement 2 à 3 cm plus haute que la gauche
Région hilaire – lymphadénopathie ? Dilatation des artères et des veines pulmonaires ?
Bénin | Malin |
---|---|
Granulome infectieux, par exemple tuberculose | Carcinome bronchique |
Autres infections, par exemple pneumonie localisée, abcès, kyste hydatique Tumeurs bénignes Malformation artérioveineuse | Métastase unique Lymphome Carcinoïde pulmonaire |
Kyste bronchogénique | |
Infarctus pulmonaire | |
Inflammatoire, nodule rhumatoïde, granulome de Wegener |
Tabagisme
• thérapie par des substituts contenant de la nicotine : gommes, pastilles, timbres transdermiques, comprimés, spray nasal ;
• comprimés de bupropion – le mode d’action de cet agent pour le sevrage tabagique n’est pas clair ;
• comprimés de varénicline – agoniste partiel des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine.
Maladies des voies respiratoires supérieures
Sinusite rhinite (voir chap. 16)
• pour une période limitée dans l’année (rhinite saisonnière ou intermittente) ;
• durant toute l’année (rhinite allergique pérenne ou persistante).
La rhinite saisonnière est souvent appelée « rhume des foins » et survient au printemps et en été. Elle est causée par une allergie aux pollens de graminées et d’arbres et aux spores de diverses moisissures (par exemple Aspergillus fumigatus) qui poussent sur des plantes cultivées. En plus des symptômes nasaux, il peut y avoir des démangeaisons des yeux et du palais mou.
La rhinite allergique pérenne peut être allergique (les allergènes sont similaires à ceux impliqués dans l’asthme) ou non allergique (déclenchée par l’air froid, la fumée et certains parfums). Les patients ont rarement des symptômes affectant les yeux ou le palais mou. Chez certains, des polypes nasaux se développent ; ils peuvent provoquer une obstruction nasale, la perte de l’odorat et du goût et une respiration buccale.
Maladies des voies respiratoires inférieures
Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)
Épidémiologie et étiologie
Le tabagisme est la principale cause de MPOC, dont la gravité dépend du nombre moyen de cigarettes fumées par jour et des années passées à fumer. S’ils persistent à fumer, la plupart des fumeurs finissent par souffrir d’une fonction pulmonaire déficiente. L’exposition professionnelle chronique à des polluants (mines, bâtiment, industries chimiques), la pollution de l’air et l’inhalation de la fumée de combustibles de la biomasse utilisés dans le chauffage et la cuisson dans des endroits mal ventilés sont impliquées, en particulier dans les pays en développement. Le déficit héréditaire en α1-antitrypsine (voir chap. 4) peut causer une MPOC précoce, mais les patients deviennent rarement symptomatiques avant l’âge mûr. Le poids financier de la MPOC est très lourd en raison des coûts directs (hospitalisations, consultations, médicaments) et des coûts indirects (perte de jours de travail).
Pathogénie
• La fumée de cigarette provoque une hypertrophie des glandes muqueuses des voies respiratoires principales et une infiltration des parois bronchiques et bronchiolaires par des neutrophiles, des macrophages et des lymphocytes. Ces cellules libèrent des médiateurs inflammatoires (élastases, protéases, IL-1, IL-8 et TNF-α), dont certains attirent les cellules inflammatoires et amplifient le processus, alors que d’autres, à la suite d’un déséquilibre entre protéases et antiprotéases, détruisent le tissu conjonctif du parenchyme pulmonaire, ce qui induit les changements structurels menant à l’emphysème. L’α1-antitrypsine, qui est un des principaux inhibiteurs de protéases, est inactivée par la fumée de cigarette.
• Les infections respiratoires sont une cause précipitant des exacerbations aiguës au cours d’une MPOC, mais on ignore si elles contribuent à la limitation progressive du débit respiratoire qui caractérise la MPOC.
• Le déficit en α1-antitrypsine (voir chap. 4) est une cause d’emphysème à début précoce.
Caractéristiques cliniques
Les symptômes et signes cliniques permettent la distinction entre la MPOC et l’asthme (tableau 11.4). Les symptômes caractéristiques de la MPOC sont la toux avec expectorations, respiration sifflante et essoufflement après des années de toux du fumeur. Les exacerbations infectieuses sont fréquentes ; les expectorations deviennent alors purulentes. À l’examen, le patient gravement atteint est essoufflé au repos, son expiration est prolongée, l’expansion thoracique est faible et les poumons sont distendus, ce qui cause une perte de la matité cardiaque et hépatique, donne au thorax une forme de tonneau et fait saillir l’abdomen. Les lèvres pincées à l’expiration préviennent l’effondrement des alvéoles et des voies respiratoires. La mobilisation des muscles respiratoires accessoires (scalènes et sternocléidomastoïdiens) reflète l’accroissement de l’effort respiratoire (fig. 11.2). La respiration peut être sifflante ou les bruits respiratoires assourdis. Chez les pink puffers, l’essoufflement est la difficulté principale ; ils ne sont pas cyanosés. Les blue bloaters hypoventilent ; ils sont cyanosés, peuvent être œdémateux et montrent des signes de rétention de CO2 : extrémités chaudes, pouls bondissant, astérixis (tremblements des mains tendues) et confusion dans les cas graves.
MPOC | Asthme | |
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Fumeur ou ancien fumeur | La plupart | Eventuellement |
Symptômes avant 35 ans | Rares | Fréquents |
Terrain atopique (rhinite, eczéma) | Peu fréquent | Fréquent |
Infiltrat cellulaire | Macrophages, neutrophiles, lymphocytes T CD8 + | Eosinophiles, lymphocytes T CD4 + |
Toux et expectorations | Quotidiennes/fréquentes | Intermittentes |
Essoufflement | Persistant et progressif | Variable |
Symptômes nocturnes | Rares | Fréquents |
Importante variabilité diurne ou de jour en jour des symptômes | Peu fréquente | Fréquente |
Réponse aux bronchodilatateurs (VEMS et DEP) | < 15 % | > 20 % |
Réponse aux corticoïdes | Faible | Bonne |
Examens
• Les tests de fonction pulmonaire montrent une réduction progressive du débit parallèle à l’aggravation de l’essoufflement (tableau 11.5). Chez certains patients, l’obstruction bronchique est partiellement réversible, avec une augmentation du VEMS (généralement < 15 %) après inhalation d’un β2-agoniste. Des mesures de débit expiratoire de pointe peuvent être nécessaires afin d’exclure l’asthme (tableau 11.4). En cas d’incertitude diagnostique, on peut être amené à demander des tests supplémentaires de fonction pulmonaire. Les volumes pulmonaires sont normaux ou augmentés, et la perte d’alvéoles liée à l’emphysème diminue le coefficient de transfert gazeux au test de monoxyde de carbone.
• La radiographie thoracique peut être normale ou montrer des signes de distension pulmonaire, indiquée par la position basse et l’aplatissement du diaphragme ainsi qu’une ombre cardiaque longue et étroite. La trame pulmonaire est moins marquée en périphérie et la destruction du parenchyme pulmonaire forme des bulles, des espaces aériens > 1 cm.
• La TDM à haute résolution convient particulièrement pour mettre en évidence les bulles d’emphysème.
• L’hémoglobine et l’hématocrite peuvent être élevés en raison de l’hypoxémie persistante et de la polyglobulie secondaire (voir chap. 5).
• Les gaz du sang artériel peuvent être normaux ou montrer une hypoxie avec ou sans hypercapnie dans les cas avancés.
• L’α1-antitrypsine sérique est dosée et son génotype identifié dans la maladie à début précoce (< 40 ans) ou associée à des antécédents familiaux.
• L’ECG et l’échocardiographie servent à l’évaluation de l’état cardiaque en cas de signes cliniques de cœur pulmonaire (voir chap. 10).
Stade de la MPOC | Fonction | Symptômes |
---|---|---|
Stade I, bénin | VEMS/CVF < 70 % VEMS ≥ 80 % de la valeur prédite | Toux chronique, essoufflement léger ou nul |
Stade II, modéré | VEMS/CVF < 70 % 50 % ≤ VEMS < 80 % de la valeur prédite | Essoufflement à l’effort |
Stade III, grave | VEMS/CVF < 70 % 30 % ≤ VEMS < 50 % de la valeur prédite | Essoufflement au moindre effort. Amaigrissement possible et dépression |
Stade IV, très grave | VEMS/CVF < 70 % VEMS < 30 % de la valeur prédite ou VEMS < 50 % de la valeur prédite plus insuffisance respiratoire | Essoufflement au repos |
(Adapté de Global Strategy for the Diagnosis, Management and Prevention of COPD, www.goldcopd.com).
Soins
• Cesser de fumer. Il est essentiel de convaincre le patient d’arrêter de fumer. Cela peut ralentir la détérioration.
• Bronchodilatateurs. Une démarche thérapeutique graduelle est appliquée comme dans le traitement de l’asthme (voir plus loin). L’inhalation (avec aérochambre si nécessaire), une fois par jour, de bromure de tiotropium, un agent antimuscarinique à longue durée d’action, convient au début du traitement d’entretien. Afin de prévenir ou d’atténuer les symptômes aigus, il faut associer, en cas de besoin, un β2-agoniste à brève durée d’action. Chez les patients dont la dyspnée persiste, on ajoutera un β2-agoniste à longue durée d’action. Les inhalateurs de poudre sèche sont plus simples à utiliser que les inhalateurs doseurs, mais la technique d’utilisation doit encore être contrôlée. La thérapie par nébulisation peut être utile pour les patients souffrant d’essoufflement incapacitant malgré les inhalations.
• Corticoïdes. La réversibilité est évaluée sur la base d’une cure de 2 semaines de prednisolone par voie orale (30 mg par jour), avec mesure de la fonction pulmonaire avant et après la période de traitement. Si les résultats montrent une amélioration objective (amélioration > 15 % du VEMS), les corticoïdes oraux sont progressivement réduits et remplacés par des corticoïdes inhalés.
• Prévention de l’infection. Les exacerbations aiguës de la MPOC sont souvent dues à une infection bactérienne ou virale. Les patients doivent être vaccinés contre les pneumocoques et chaque année contre la grippe, et recevoir rapidement un traitement antibiotique lors des exacerbations aiguës.
• Oxygène. L’oxygène peut être fourni à domicile à long terme par des concentrateurs d’oxygène. L’oxygénothérapie améliore la survie chez certains patients :
• Traitements complémentaires. Ils comprennent des mucolytiques pour réduire la viscosité des expectorations, des saignées en cas de polyglobulie, des diurétiques en cas d’œdème, un entraînement à l’effort pour améliorer l’essoufflement et le sentiment de bien-être, et des compléments alimentaires à haute teneur calorique chez ceux dont l’IMC est faible. Chez une minorité de patients, la chirurgie est bénéfique : bullectomie en cas de grandes bulles emphysémateuses et réduction du volume pulmonaire chez des patients sélectionnés avec une grave MPOC (VEMS < 1 l).
Exacerbation aiguë de la MPOC
• Une oxygénothérapie contrôlée vise à maintenir la SaO2 > 88 à 92 % et la PaO2 > 8 kPa sans augmentation de la PaCO2. Souvent, ces patients doivent garder un certain degré d’hypoxémie afin que le stimulus respiratoire soit maintenu. Dès lors, si l’oxygène est nécessaire, les concentrations administrées seront faibles (24 %) et le seront par l’intermédiaire d’un masque Venturi (masque à concentration fixe en oxygène) afin de ne pas atténuer le stimulus respiratoire et de ne pas précipiter une aggravation de l’hypercapnie ni une acidose respiratoire. Si l’examen clinique et les gaz du sang artériel (mesure répétée toutes les 30 à 60 minutes) n’indiquent pas d’hypoventilation, de rétention de dioxyde de carbone et d’aggravation de l’acidose, la concentration en oxygène est augmentée par incréments (28 % puis 35 %).
• Les bronchodilatateurs (salbutamol et bromure d’ipratropium) sont administrés toutes les 4 à 6 heures avec de la prednisolone orale à la dose journalière de 40 mg. En présence d’insuffisance respiratoire de type 2, il faut utiliser des nébuliseurs fonctionnant à l’air et administrer l’oxygène simultanément et de manière contrôlée par une sonde nasale.
• Les antibiotiques, par exemple céfaclor ou co-amoxiclav, sont indiqués si les expectorations sont devenues purulentes ou si les clichés radiographiques pulmonaires ont changé. Les patients devraient être encouragés à expectorer, d’abord avec l’aide d’un kinésithérapeute. Le traitement antibiotique sera adapté en fonction des résultats de la culture des expectorations.
• Le recours à l’aminophylline est controversé en raison de sa faible efficacité et de la forte incidence d’effets secondaires. Elle est utilisée chez des patients victimes d’une exacerbation modérée à sévère qui ne répondent pas au traitement habituel décrit ci-dessus. Elle est administrée par voie intraveineuse, avec surveillance cardiaque comme dose de charge (5 mg/kg pendant 20 minutes) suivie d’une dose d’entretien de 0,5 mg/kg/heure. Pour la théophylline, il faut mesurer les taux plasmatiques quotidiennement pour maintenir la concentration à 10 à 20 mg/l (55 à 110 μmol/l). Chez les patients qui prennent déjà ce médicament par voie orale, il faut omettre la dose de charge et vérifier les taux plasmatiques avant de commencer la perfusion d’entretien.
• Les patients atteints d’insuffisance respiratoire mettant leur vie en danger ont besoin d’une assistance ventilatoire. Les dispositifs à double niveau de pression (BiPAP, bilevel positive airway pressure ; voir en fin de chap. 12) évitent le besoin de ventilation mécanique et d’intubation chez certains patients. Ils sont indiqués chez les patients dont la détresse respiratoire s’aggrave (fréquence respiratoire > 30/min) en acidose respiratoire (≤ 7,35 pH sanguin, PaCO2 > 6 kPa), ou qui n’ont pas répondu à un traitement médical optimal et à une oxygénothérapie contrôlée.
• L’héparine de bas poids moléculaire est indiquée afin d’éviter une thrombo-embolie.
• Les stimulants respiratoires sont rarement utilisés en raison de la disponibilité croissante de support ventilatoire non invasif. La perfusion IV lente de doxapram, 1,5 à 4,0 mg/min, peut aider à court terme à maintenir éveillé le patient ainsi qu’à stimuler la toux et l’élimination de sécrétions encombrantes.
• Les exacerbations de la MPOC sont parfois déclenchées par un pneumothorax, une insuffisance cardiaque ou une embolie pulmonaire, et ces causes doivent être exclues.
Syndrome d’apnée du sommeil (SAS)
Soins
• La perte de poids, la résection d’amygdales nettement hypertrophiques et la correction de certaines malformations faciales peuvent aider.
• La ventilation en pression positive continue (PPC ; voir chap. 12) par un masque nasal moulant (PPC nasale) garde le pharynx ouvert pendant le sommeil et s’avère un traitement efficace.
Bronchectasies
Examens
• La radiographie thoracique peut être normale ou montrer des bronches dilatées avec épaississement pariétal et, parfois, de multiples kystes contenant du liquide.
• La TDM à haute résolution est la technique de référence pour le diagnostic. Elle montre une dilatation des voies respiratoires, un épaississement de la paroi bronchique et des kystes pariétaux, invisibles sur une simple radiographie.
• La culture des expectorations est essentielle lors d’une exacerbation infectieuse. Les bactéries fréquemment retrouvées sont Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa et Haemophilus influenzae.
• Parfois, on suspecte une cause sous-jacente, ce qui justifie des examens supplémentaires, par exemple le dosage des immunoglobulines sériques ou un test de la sueur.
Soins
• La kinésithérapie respiratoire favorise la clairance mucociliaire et la production d’expectorations. Elle comprend les techniques du cycle respiratoire actif, le drainage postural et la percussion thoracique.
• Une antibiothérapie s’impose chez les patients qui se mettent à tousser davantage et dont les expectorations sont devenues purulentes. Dans les cas bénins, une chimiothérapie intermittente avec du céfaclor, 500 mg trois fois par jour, peut être le seul traitement nécessaire. La flucloxacilline est le meilleur traitement si S. aureus est identifié à la culture des expectorations. Si celles-ci restent jaunes ou vertes, malgré la physiothérapie régulière et l’antibiothérapie, il est probable que l’agent infectieux est P. aeruginosa. Des antibiotiques spécifiques sont alors nécessaires, par exemple la ceftazidime ; ils sont administrés par aérosol ou par voie parentérale. La ciprofloxacine par voie orale est une alternative. Pour les patients qui souffrent d’exacerbations fréquentes, une antibiothérapie à long terme doit être envisagée.
• Les bronchodilatateurs (β2-agonistes et/ou anticholinergiques) peuvent apporter un soulagement symptomatique, même sans amélioration objective du VEMS.
• Des corticoïdes inhalés ou oraux peuvent ralentir l’aggravation.
• La chirurgie est réservée à une très petite minorité dont la maladie est localisée. Une forme grave nécessite parfois la transplantation pulmonaire ou cœur–poumon.
Complications
Les complications sont énumérées dans le tableau 11.6.
Hémoptysie – peut être massive Pneumonie Empyème Abcès cérébral métastatique Pneumothorax Insuffisance respiratoire |