Les instances de socialisation
CE QU’IL FAUT SAVOIR
République et citoyenneté
Introduction
La citoyenneté est intrinsèquement liée à l’idée de république (res publica, la « chose publique »). La notion, instituée dans le monde antique (la République grecque ou romaine), fondait l’appartenance à la cité et le statut lié à cette appartenance. Aristote fut le premier à donner une définition claire et formelle (assez proche de la définition moderne) de la citoyenneté. Selon lui, le citoyen est celui « qui est gouverné et qui peut gouverner ».
Gouverner, ce n’est pas seulement prendre le pouvoir, c’est aussi mandater un représentant qui vote des lois. Le citoyen a le pouvoir et le droit de se donner des lois à travers les élus qui les votent en son nom. Le citoyen est aussi celui qui respecte ces lois (il est gouverné). Il doit d’autant plus respecter les règles qu’il se les est lui-même données. Le pouvoir devient abusif quand il édicte des lois que les citoyens ne choisissent pas majoritairement. La citoyenneté s’apparente donc à un ensemble de droits (de vote et de représentation) et de devoirs (de civisme et de respect des règles).
Citoyenneté en France
Droits et devoirs du citoyen
Un citoyen français jouit de droits politiques ou civils et s’acquitte de devoirs envers la société.
Les droits sont garantis par la Constitution. Il s’agit des droits politiques de voter ou de se présenter à certaines fonctions électives, des droits civils qui fondent les libertés essentielles (d’aller et venir, d’exprimer ses opinions, de propriété, de penser ou de croire…), des droits sociaux liés au travail (droit de grève), à l’éducation, à la culture ou à la protection sociale. Pour jouir de ces droits, le citoyen doit aussi remplir des obligations :
Valeurs de citoyenneté
La Constitution de 1958 (qui fonde la Ve République) inscrit dans son préambule la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen promulguée en 1789. Elle définit également les trois grands principes républicains : Liberté, Égalité, Fraternité.
Identité du citoyen
Le statut de citoyen français reste intimement lié à la nationalité française. Les étrangers (du moins ceux qui n’appartiennent pas à l’Union européenne) ne peuvent pas participer aux élections en France (sauf les élections professionnelles, universitaires, etc.). Le citoyen doit aussi jouir de ses droits civiques et politiques, ce qui exclut les mineurs, les majeurs sous tutelle et les personnes déchues de ces droits par les tribunaux.
Avec l’intégration de la France dans l’Union européenne, et plus spécifiquement la signature du traité de Maastricht en 1992, les ressortissants d’un État de l’UE qui vivent en France peuvent participer aux élections municipales ou européennes et s’y faire élire. Par ailleurs, les ressortissants de l’UE acquièrent de plein droit la citoyenneté européenne (qui s’ajoute à la citoyenneté nationale mais ne la remplace pas).
Finalement, même si la citoyenneté se définit légalement selon une logique juridique, il convient de tenir compte de l’engagement, des vertus morales et participatives des personnes dans la société. À ce titre, on peut se comporter en « citoyen » sans en avoir juridiquement le statut.
Vers un déclin de la citoyenneté
Un danger communautariste ?
Les principes fondamentaux qui cimentent la République sont mis à mal par ceux qui les refusent. On peut citer le communautarisme religieux, ethnique (pratiques de l’excision, de la polygamie), le repli social (dans les ghettos riches ou pauvres, dans des zones de non-droit), la résurgence des régionalismes (corses, basques, bretons)…
La République devient un creuset de communautés ou de minorités qui semblent soucieuses de vivre en vase clos pour préserver leur identité. Jusqu’où la République, une et indivisible, peut-elle accepter que s’expriment les différences de ceux qui la composent ? Cette question, ajoutée à celle de la laïcité (qu’elle prolonge forcément), est au cœur du débat sur le « foulard islamique ». L’aspiration légitime à vivre selon ses valeurs peut-elle se faire au détriment du collectif ? La République peut-elle rester un creuset (qui intègre et mélange) ou se condamne-t-elle à nier les identités, à écraser les spécificités pour formater les différences dans un moule aux principes intangibles ? Par exemple, les musulmans, aujourd’hui nombreux en France, ont-ils de ce fait la légitimité de modifier (fût-ce seulement à la marge) les règles en jeu dans le vivre ensemble de notre République ? Être citoyen, ce n’est pas seulement se conformer aux règles (le devoir), c’est aussi se donner démocratiquement la possibilité (le droit) de les modifier.
Défiance vis-à-vis de la politique et des valeurs républicaines
Cette défiance est surtout liée à la méconnaissance des principes républicains (les valeurs, les principes, les règles) et des mécanismes institutionnels qui organisent cette société. Elle s’explique surtout par un déficit éducatif. L’école forme de moins en moins les citoyens à connaître les institutions et les valeurs de la République.
Par ailleurs, ces valeurs de la République française semblent caduques. Égalité ? Les différences de salaires n’ont jamais été aussi importantes et les écarts se creusent à l’école. Fraternité ? Le communautarisme segmente la société en groupes toujours plus restreints et parfois antagonistes (juifs et musulmans). Liberté ? Au nom de la lutte contre la criminalité et le terrorisme, on restreint les libertés individuelles et la liberté d’expression se voit contrainte par la pression communautariste.
Sentiment d’impuissance des citoyens
La politique ne séduit plus, séduit moins ou séduit autrement. Les élus sont objet de méfiance (c’est l’accusation du « tous pourris », d’un permanent soupçon de corruption). Les citoyens sont désabusés : ils imaginent un monde politique complètement gangrené par des politiciens plus soucieux de leur réélection que du sort de leurs compatriotes. L’abstention ou le vote dit « de contestation » vers les extrêmes s’expliquent aussi par ce sentiment de colère et d’impuissance. Les citoyens semblent néanmoins avoir retrouvé le chemin des urnes avec le référendum sur la Constitution européenne en 2005 et l’élection présidentielle en 2007.
Ce regain d’intérêt pour la politique se double d’une absence d’illusions sur les capacités réelles des leaders à changer le cours des choses. Car, malgré ces signes positifs, les citoyens ont l’impression que le pouvoir leur échappe, comme il échappe aux élus, et que le « vrai » pouvoir est ailleurs. On connaît cette critique de la technocratie (conseillers, secrétaires de cabinet, etc.), amplifiée par l’ouverture à l’Europe qui entraîne une dilution du pouvoir. L’État n’a plus de marge de manœuvre dans ce contexte de mondialisation : la citoyenneté dans son expression nationale, telle qu’elle se vivait jusqu’alors, n’a plus d’efficacité.
Vers de nouvelles formes de citoyenneté ?
Certes, la citoyenneté telle que nous l’avons connue jusqu’à présent semble être sur le déclin. Mais de nouvelles formes de citoyenneté apparaissent, à la fois plus locales et plus globales, plus restreintes et plus larges.
Vers une citoyenneté plus locale
Au niveau local, le sens civique fonctionne assez bien. On a vu, lors des élections municipales ou régionales, une abstention moins forte que lors des échéances nationales. La France garde une tradition de démocratie de proximité : 36 000 communes témoignent de la vitalité démocratique du tissu local.
Les associations sont extrêmement dynamiques en France. Il s’en crée entre 60 000 et 70 000 par an, il en existe environ 800 000. Elles emploient plus d’un million de salariés et un quart des Français font partie d’au moins une association. Ces chiffres marquent une participation active de nos concitoyens à la vie sociale. De ce point de vue, les associations correspondent à la sociabilité moderne. Avant, l’individu était contraint par une sociabilité de proximité (voisinage) ; maintenant, il construit son réseau autour d’affinités électives, c’est-à-dire en choisissant avec qui et comment il compte organiser ses liens. Nous vivons l’ère des communautés-réseaux qui, forcément, développent de nouvelles manières d’être ensemble. Ceci est facilité par les moyens de communication modernes et les associations de plus en plus nombreuses.
Vers une citoyenneté plus globale
Nous l’avons dit : en Europe, les ressortissants de l’Union acquièrent de plein droit la citoyenneté européenne. Par ailleurs, la mondialisation a bouleversé la nature même des liens qui unissent peuples et individus. Dans un monde globalisé, où les décisions se prennent à l’intérieur d’instances internationales (ONU, OMC, etc.), les militants entendent globaliser leur participation et développer une citoyenneté mondiale. Les associations comme Greenpeace ou Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide aux citoyens) se mondialisent et font du lobbying lors des grandes conférences internationales. Chaque humain sur cette planète est devenu un « citoyen du monde ».
Vers une citoyenneté morale
Depuis quelques années, des militants expriment leur citoyenneté en désobéissant sciemment aux lois votées démocratiquement par le Parlement français : c’est ce que l’on nomme « la désobéissance civile » (ou civique). Cette forme inédite de participation tend même à se généraliser : les écologistes qui fauchent des plans d’OGM, les militants qui cachent des sans-papiers en instance de renvoi, les élus qui enfreignent la loi pour en marquer le caractère inique (Noël Mamère qui marie deux hommes en sachant que le mariage sera cassé par la justice)…
Ces moyens d’action font l’objet de débats : plutôt que de transgresser la loi, ne vaut-il pas mieux la changer en faisant élire démocratiquement des représentants dans une assemblée ? Si le peuple s’est prononcé, au nom de quoi (de quelles valeurs supérieures) des militants peuvent-ils désavouer des décisions démocratiques et souveraines ?
Place des religions dans la société
Introduction
La pensée religieuse est née avec l’homme : la métaphysique et le sacré accompagnent l’Homo sapiens, comme le montrent les peintures rupestres et les travaux des paléontologues. Toutes les civilisations se sont construites autour de questionnements qui tentent de trouver leurs réponses dans la foi, la croyance, les mythes. S’il existe des sociétés sans dieu (songeons au culte de l’Être suprême pendant la Révolution), il n’existe pas de société sans sacré.
On croyait les religions en déclin, que les avancées sociales, politiques ou scientifiques avaient relégué en marge du temporel des croyances qui relèvent désormais du seul domaine spirituel. Il n’en est rien. Nos sociétés sont en permanence travaillées par la question de la place des religions dans les sociétés laïques, par la tension entre le respect des croyances et la liberté d’expression, par la cohabitation des différentes religions dans un contexte de crise et de désespérance.
Phénomène religieux
La religion comme lien spirituel et social
La religion investit principalement deux visées : l’une, spirituelle, préoccupée des questions liées au sacré ; l’autre, temporelle, plutôt versée dans l’organisation du collectif.
Spirituellement, la religion fournit des réponses aux questions des origines (« D’où venons-nous ? », « Comment le monde a-t-il été créé ? », « Par qui ? ») comme à celles de la fin (« Quelle est la finalité de toute chose ? », « Comment le monde finira-t-il ? », « Quel est le sens de la vie ? », « Qu’y a-t-il après la mort ? »). Les aptitudes rationnelles dont sont doués les humains ne sont jamais venues à bout de tous les questionnements. Chaque société a construit ses propres tentatives de réponses. Les mythes antiques, les polythéismes, les animismes (conférer une âme, un esprit aux choses, aux animaux, aux plantes), les religions monothéistes, les religions panthéistes… la croyance en un esprit, une entité surnaturelle ou transcendante a pu recouvrir les formes les plus variées en fonction des temps et des cultures. Une société sécularisée (c’est-à-dire où l’influence du sacré et du religieux est en recul) comme la nôtre tend à privilégier l’explication scientifique sur le récit mythique. Les débats autour de l’enseignement du darwinisme sont symptomatiques de cette tension.
Socialement, la religion structure les communautés autour de rites, de symboles, de dogmes, de célébrations et de fêtes qui forment le tissu social et rythment la vie. Longtemps, en Occident au moins, la vie des individus, quelle que soit leur classe, s’est inscrite dans une sociabilité largement déterminée par le religieux. La religion ne se préoccupe donc pas que de questions spirituelles : elle étend son influence au temporel. La question de la place du religieux et des institutions qui en dépendent est au cœur des enjeux contemporains. Jusqu’où la religion peut-elle s’immiscer dans l’ordre politique et social ? Doit-elle rester une simple affaire privée ou peut-elle s’ingérer dans la vie publique ? Les débats autour de la laïcité, de la tolérance (« Chacun peut-il avoir sa morale ? »), du droit d’expression (« Peut-on blasphémer ? ») sont encore vivaces aujourd’hui.
Déclin du religieux en Occident
Jusqu’au XXe siècle, dans les pays avancés, la religion, cadre de référence quasi unique qui donnait sens à la vie, était omniprésente à travers les rituels, les traditions, la pression qu’elle exerçait sur la pensée ou sur les mœurs. Plusieurs facteurs ont contribué, par couches historiques successives, à la sécularisation :
Prééminence des religions et retour du religieux
Dans le monde, les religions ne se sont jamais aussi bien portées. On estime à moins de 15 % de la population mondiale le nombre d’individus sans religion (athées ou agnostiques). L’influence religieuse reste encore vivace dans les pays émergents en voie de développement. Les chrétiens, les musulmans ou les hindouistes, quelle que soit leur obédience, représentent à eux seuls 4,5 milliards de fidèles !
Par ailleurs, l’emprise des religions paraît de plus en plus forte. Il faut aussi évoquer le développement des intégrismes, qu’ils soient islamiques (salafistes), chrétiens (évangélistes) ou juifs (orthodoxes). Les mouvements terroristes tuent chaque jour au nom de Dieu comme ils tuaient, voilà 30 ou 40 ans, au nom de Karl Marx. Les mouvements religieux savent écouter les populations pauvres dans les pays musulmans. Les intégristes sont omniprésents sur le terrain, dans la rue. Ils vont vers les plus démunis, comme le font les Frères musulmans dans tout le Maghreb. Ils viennent aussi faire du prosélytisme dans les pays occidentaux en essayant de convertir des jeunes désœuvrés.
Même en Occident, malgré la désaffection des églises et la sécularisation encore très forte, certains analystes font le constat d’une résurgence de la spiritualité, de la morale religieuse et des pratiques qui lui sont liées. Dans un contexte de désenchantement politique et spirituel, la religion semble combler un manque. Politiquement, nos contemporains ne croient plus dans la capacité des représentants et de leurs idées à changer le monde (c’est la chute des idéologies) ; socialement, l’idée de progrès bat de l’aile dans un contexte de suspicion généralisée vis-à-vis des sciences et techniques (débats sur la bioéthique, le nucléaire, la pollution).
Nous vivons une époque de déficit de sens, de repères. Dès lors, nombreux sont ceux qui se tournent vers les mouvements sectaires, qui parlent un langage moderne et novateur qui les séduit. Les mouvements sataniques, new age ou ufologiques ont un succès énorme auprès des adolescents.
Phénomènes sectaires
Une définition difficile
Le mot (qui signifie « couper », « se séparer ») a pris une connotation péjorative parce qu’il désigne, dans l’acception populaire, des mouvements minoritaires dangereux pour l’individu. La secte renvoie à des spiritualités déviantes. Son langage ésotérique, incompréhensible, ses pratiques étranges, incongrues, ses croyances loufoques et ses dérives morbides en font un phénomène suspect aux yeux de la majorité.
Cependant, il est très difficile de définir une secte. En 1995, une commission d’enquête parlementaire avait tenté de spécifier la réalité sectaire. Elle n’y était pas vraiment parvenue. On ne pouvait définir les sectes qu’en les opposant aux religions dites « traditionnelles ».
Qu’est-ce qui spécifie le mouvement sectaire ? Plusieurs critères peuvent être retenus :
Diversité des mouvements
En France, les mouvements sectaires regrouperaient plus de 160 000 adeptes (dont 130 000 témoins de Jéhovah) et au moins 100 000 sympathisants. Ces chiffres sont approximatifs, tant il reste difficile de mener des enquêtes approfondies dans des milieux par définition opaques, mouvants et protéiformes.
Les différentes sectes se regroupent autour de croyances et de rituels parfois extravagants, loufoques ou totalement décalés. Leur dangerosité varie considérablement d’un mouvement à l’autre. On peut citer, pour les principales :
La question de l’interdiction des mouvements sectaires
Des affaires retentissantes (suicides collectifs, agressions, mariages forcés, pédophilie, escroquerie…) ont incité les pouvoirs publics à se pencher sur ce phénomène.
On peut citer entre autres faits-divers qui ont défrayé la chronique : la mort des 914 adeptes du temple du Peuple (dont plus de 250 enfants) en Amérique du Sud, le 18 novembre 1978 ; les 72 davidiens décédés dans l’incendie de leur ferme lors du siège de Waco au Texas en 1993 ; les 12 morts et environ 5000 blessés de l’attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum dans le métro de Tokyo en 1995 ; les 74 adeptes (dont 19 enfants) de l’ordre du Temple solaire retrouvés morts dans trois affaires entre 1994 et 1997 ; les 39 adeptes de l’Heaven’s Gate suicidés par empoisonnement en Californie ; les 500 adeptes du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu, brûlés vifs dans leur église le 18 mars 2000 en Ouganda…
Chaque jour, des exactions, peut-être moins spectaculaires mais destructrices pour l’individu, sont commises. Certains ont estimé qu’il fallait interdire les sectes. Cette hypothèse fait l’objet de fortes critiques :
Est-on, dès lors, condamné à subir les mouvements sectaires ?
Non : on peut compter sur la prévention (l’Adefi, Association pour la défense des familles et des individus, met en garde contre les dérives sectaires) mais surtout sur l’affirmation de la loi. La justice dispose d’un arsenal judiciaire pour punir les sectes quand il existe des dérives. La séquestration, le refus de soins, l’exercice illégal de la médecine, l’association de malfaiteurs, le défaut d’éducation, l’escroquerie, l’abus de confiance, la captation frauduleuse de biens, le viol ou encore le travail forcé sont autant de crimes et de délits sévèrement punis par la loi. On ne peut faire aux sectes un procès d’intention et les condamner a priori !
Laïcité
La question de la laïcité est reposée régulièrement depuis 2003, après les récurrentes affaires de voile à l’école mais aussi après les problèmes de repli communautaire dans les lieux et établissements publics. Faut-il accepter la séparation hommes/femmes dans les piscines publiques pour ne pas froisser des groupes religieux ? Peut-on admettre que des familles refusent que des hommes pratiquent des examens gynécologiques dans les hôpitaux ? L’école de la République peut-elle adapter les horaires scolaires aux exigences des pratiques religieuses ? Les signes religieux (croix, étoile de David, main de Fatma ou foulard) sont-ils de nature à troubler l’ordre public et à déstabiliser la société ? Doit-on les accepter au nom du respect des croyances et de la tolérance à l’égard des groupes religieux ?
Définition
La laïcité se définit comme un système qui se détache des conceptions religieuses et partisanes. Elle repose sur le principe de neutralité. Ce principe est d’ailleurs inscrit dans notre Constitution : « La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. » La France, dans ses textes fondateurs, ne reconnaît aucune religion. Historiquement, la laïcité naît avec la Révolution française. Trois grandes dates en fondent le principe :
Grands principes de la laïcité
Elle repose sur trois éléments fondamentaux :
le respect de la liberté de conscience et de culte ;
l’absence de domination de la religion sur la société civile et l’État ;
Au fondement, il y a l’idée de neutralité de l’État et de l’ensemble de ses institutions. Les pouvoirs publics veillent à ce qu’aucune religion ne domine l’individu. La neutralité permet à chacun de croire en ce qu’il veut. Il n’y a pas de religion officielle en France : n’importe qui peut fonder une religion dans notre pays à partir du moment où ce mouvement ne nuit pas à l’ordre social et respecte les lois. Les pratiques religieuses n’influencent normalement pas les décisions politiques. L’État n’a pas à tenir compte d’une religion quand il élabore une loi. Le ministre de l’Intérieur (qui est aussi le ministre des Cultes) considère logiquement toutes les religions sur un pied d’égalité. Il veille à ce qu’elles soient traitées de la même manière, quelle que soit leur influence.
Normalement, la laïcité n’est pas un « intégrisme » : ce n’est nullement une force dominante qui assujettit l’individu au groupe. Au contraire, c’est un principe neutre qui veille à ce que tous les phénomènes religieux puissent s’exprimer quand ils se conforment aux lois de la République. C’est en cela que la laïcité n’est pas le contraire de la religion mais la garantie de son expression.
Problème de la laïcité aujourd’hui
Le principe est revenu après les affaires de voile à l’école, mais tout part d’une circulaire ministérielle (Jean Zay) promulguée en 1936. Cette circulaire indique que toute forme de propagande politique ou confessionnelle ainsi que tout prosélytisme sont interdits dans les enceintes scolaires de la République.
En 1989, survient la première polémique autour du voile islamique dans un collège, à Creil. Tout s’est résolu avec une certaine souplesse du corps enseignant (ils consentaient à le tolérer sauf dans certaines matières comme la science ou le sport). En 1994, 1 500 affaires de voile sont recensées concernant 200 000 élèves musulmanes. Le mouvement enfle et la circulaire Bayrou recommande dès lors l’interdiction de signes ostentatoires qui constituent en eux-mêmes des éléments de prosélytisme ou de discrimination. En 2003, deux jeunes filles d’Aubervilliers, Alma et Lila, sont exclues pour avoir refusé d’enlever leur voile. Si cette affaire relance le débat, c’est qu’elle pose des questions sur des problèmes sociaux beaucoup plus vastes que la seule laïcité. Elle soulève la question sociale de l’égalité des sexes et du communautarisme.
La problématique de la laïcité intervient dans un contexte de crise de la citoyenneté. La République indivisible semble éclater en une multitude de revendications communautaires et identitaires. Doit-on lire dans ces affaires de voile un manque de volonté d’intégration à la République et à ses valeurs ou de simples soubresauts parfaitement compréhensibles dans une société multiculturelle ? La question reste entière malgré une loi qui désormais prohibe tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse ou idéologique dans les établissements administratifs ou scolaires publics.

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