11. Les instances de socialisation


Les instances de socialisation



CE QU’IL FAUT SAVOIR



République et citoyenneté



Quelques définitions


Citoyen. Celui qui, reconnu membre d’une cité (aujourd’hui d’un État), jouit du droit de participer à la vie politique de cet État et assume le devoir de se soumettre à son autorité.


Civisme. Cela consiste à manifester un comportement actif et volontaire dans la vie publique. Il s’agit d’une participation au collectif, soit dans le cadre électif (voter et/ou se présenter pour un mandat), soit dans un cadre associatif.


Civilité. Notion qui renvoie à l’urbanité, au savoir-vivre ensemble, à la capacité de construire un lien « fraternel » avec ses concitoyens.


Quelques chiffres


36 %. Selon une enquête réalisée par le Cidem (Civisme et démocratie) en 2007, c’est le pourcentage de personnes qui ne s’intéressent pas à la politique en France.


28,4 %. Il s’agit du plus fort taux d’abstention enregistré au cours du premier tour d’une élection présidentielle sous la Ve République. C’était le 21 avril 2002. Contre toute attente, le leader de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen supplantait le chef de file des socialistes Lionel Jospin. Échaudés par cette expérience désastreuse, les Français retourneront aux urnes pour l’élection de 2007, avec un taux de participation exceptionnel de 83,77 %.


16. Il s’agit du nombre de candidats au premier tour en 2002, record absolu depuis la première élection au suffrage universel en 1965. Ils étaient « seulement » 10 en 2012.


L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cet article promulgué le 26 août 1789 proclame : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Sans liberté d’expression, il n’est pas de démocratie possible ; sans démocratie, la république n’est qu’un leurre et l’exercice de la citoyenneté une fiction.


800 000. Nombre d’associations réparties dans des secteurs aussi divers que le sport, les arts, les loisirs, la défense des consommateurs, les structures militantes ou caritatives… Près de quatre Français sur dix font partie d’au moins une association.


1,3 million. Nombre de salariés qui travaillent dans des associations en France.


125 euros. Montant de l’amende que doit verser un Belge en cas d’abstentions répétées (la première fois, il en coûte environ 25 euros) à une élection. Pour lutter contre l’abstention, le gouvernement d’outre-Quiévrain a en effet rendu le vote obligatoire : un électeur qui ne participe pas commet une infraction qui, en plus de l’amende, peut avoir des implications importantes sur le quotidien (radiation des listes électorales, impossibilité d’être promu dans la fonction publique…).



image Introduction


La citoyenneté est intrinsèquement liée à l’idée de république (res publica, la « chose publique »). La notion, instituée dans le monde antique (la République grecque ou romaine), fondait l’appartenance à la cité et le statut lié à cette appartenance. Aristote fut le premier à donner une définition claire et formelle (assez proche de la définition moderne) de la citoyenneté. Selon lui, le citoyen est celui « qui est gouverné et qui peut gouverner ».


Gouverner, ce n’est pas seulement prendre le pouvoir, c’est aussi mandater un représentant qui vote des lois. Le citoyen a le pouvoir et le droit de se donner des lois à travers les élus qui les votent en son nom. Le citoyen est aussi celui qui respecte ces lois (il est gouverné). Il doit d’autant plus respecter les règles qu’il se les est lui-même données. Le pouvoir devient abusif quand il édicte des lois que les citoyens ne choisissent pas majoritairement. La citoyenneté s’apparente donc à un ensemble de droits (de vote et de représentation) et de devoirs (de civisme et de respect des règles).



image Citoyenneté en France





image Identité du citoyen


Le statut de citoyen français reste intimement lié à la nationalité française. Les étrangers (du moins ceux qui n’appartiennent pas à l’Union européenne) ne peuvent pas participer aux élections en France (sauf les élections professionnelles, universitaires, etc.). Le citoyen doit aussi jouir de ses droits civiques et politiques, ce qui exclut les mineurs, les majeurs sous tutelle et les personnes déchues de ces droits par les tribunaux.


Avec l’intégration de la France dans l’Union européenne, et plus spécifiquement la signature du traité de Maastricht en 1992, les ressortissants d’un État de l’UE qui vivent en France peuvent participer aux élections municipales ou européennes et s’y faire élire. Par ailleurs, les ressortissants de l’UE acquièrent de plein droit la citoyenneté européenne (qui s’ajoute à la citoyenneté nationale mais ne la remplace pas).


Finalement, même si la citoyenneté se définit légalement selon une logique juridique, il convient de tenir compte de l’engagement, des vertus morales et participatives des personnes dans la société. À ce titre, on peut se comporter en « citoyen » sans en avoir juridiquement le statut.



image Vers un déclin de la citoyenneté



image Un danger communautariste ?

Les principes fondamentaux qui cimentent la République sont mis à mal par ceux qui les refusent. On peut citer le communautarisme religieux, ethnique (pratiques de l’excision, de la polygamie), le repli social (dans les ghettos riches ou pauvres, dans des zones de non-droit), la résurgence des régionalismes (corses, basques, bretons)…


La République devient un creuset de communautés ou de minorités qui semblent soucieuses de vivre en vase clos pour préserver leur identité. Jusqu’où la République, une et indivisible, peut-elle accepter que s’expriment les différences de ceux qui la composent ? Cette question, ajoutée à celle de la laïcité (qu’elle prolonge forcément), est au cœur du débat sur le « foulard islamique ». L’aspiration légitime à vivre selon ses valeurs peut-elle se faire au détriment du collectif ? La République peut-elle rester un creuset (qui intègre et mélange) ou se condamne-t-elle à nier les identités, à écraser les spécificités pour formater les différences dans un moule aux principes intangibles ? Par exemple, les musulmans, aujourd’hui nombreux en France, ont-ils de ce fait la légitimité de modifier (fût-ce seulement à la marge) les règles en jeu dans le vivre ensemble de notre République ? Être citoyen, ce n’est pas seulement se conformer aux règles (le devoir), c’est aussi se donner démocratiquement la possibilité (le droit) de les modifier.



image Défiance vis-à-vis de la politique et des valeurs républicaines

Cette défiance est surtout liée à la méconnaissance des principes républicains (les valeurs, les principes, les règles) et des mécanismes institutionnels qui organisent cette société. Elle s’explique surtout par un déficit éducatif. L’école forme de moins en moins les citoyens à connaître les institutions et les valeurs de la République.


Par ailleurs, ces valeurs de la République française semblent caduques. Égalité ? Les différences de salaires n’ont jamais été aussi importantes et les écarts se creusent à l’école. Fraternité ? Le communautarisme segmente la société en groupes toujours plus restreints et parfois antagonistes (juifs et musulmans). Liberté ? Au nom de la lutte contre la criminalité et le terrorisme, on restreint les libertés individuelles et la liberté d’expression se voit contrainte par la pression communautariste.



image Sentiment d’impuissance des citoyens

La politique ne séduit plus, séduit moins ou séduit autrement. Les élus sont objet de méfiance (c’est l’accusation du « tous pourris », d’un permanent soupçon de corruption). Les citoyens sont désabusés : ils imaginent un monde politique complètement gangrené par des politiciens plus soucieux de leur réélection que du sort de leurs compatriotes. L’abstention ou le vote dit « de contestation » vers les extrêmes s’expliquent aussi par ce sentiment de colère et d’impuissance. Les citoyens semblent néanmoins avoir retrouvé le chemin des urnes avec le référendum sur la Constitution européenne en 2005 et l’élection présidentielle en 2007.


Ce regain d’intérêt pour la politique se double d’une absence d’illusions sur les capacités réelles des leaders à changer le cours des choses. Car, malgré ces signes positifs, les citoyens ont l’impression que le pouvoir leur échappe, comme il échappe aux élus, et que le « vrai » pouvoir est ailleurs. On connaît cette critique de la technocratie (conseillers, secrétaires de cabinet, etc.), amplifiée par l’ouverture à l’Europe qui entraîne une dilution du pouvoir. L’État n’a plus de marge de manœuvre dans ce contexte de mondialisation : la citoyenneté dans son expression nationale, telle qu’elle se vivait jusqu’alors, n’a plus d’efficacité.



image Vers de nouvelles formes de citoyenneté ?


Certes, la citoyenneté telle que nous l’avons connue jusqu’à présent semble être sur le déclin. Mais de nouvelles formes de citoyenneté apparaissent, à la fois plus locales et plus globales, plus restreintes et plus larges.



image Vers une citoyenneté plus locale

Au niveau local, le sens civique fonctionne assez bien. On a vu, lors des élections municipales ou régionales, une abstention moins forte que lors des échéances nationales. La France garde une tradition de démocratie de proximité : 36 000 communes témoignent de la vitalité démocratique du tissu local.


Les associations sont extrêmement dynamiques en France. Il s’en crée entre 60 000 et 70 000 par an, il en existe environ 800 000. Elles emploient plus d’un million de salariés et un quart des Français font partie d’au moins une association. Ces chiffres marquent une participation active de nos concitoyens à la vie sociale. De ce point de vue, les associations correspondent à la sociabilité moderne. Avant, l’individu était contraint par une sociabilité de proximité (voisinage) ; maintenant, il construit son réseau autour d’affinités électives, c’est-à-dire en choisissant avec qui et comment il compte organiser ses liens. Nous vivons l’ère des communautés-réseaux qui, forcément, développent de nouvelles manières d’être ensemble. Ceci est facilité par les moyens de communication modernes et les associations de plus en plus nombreuses.



image Vers une citoyenneté plus globale

Nous l’avons dit : en Europe, les ressortissants de l’Union acquièrent de plein droit la citoyenneté européenne. Par ailleurs, la mondialisation a bouleversé la nature même des liens qui unissent peuples et individus. Dans un monde globalisé, où les décisions se prennent à l’intérieur d’instances internationales (ONU, OMC, etc.), les militants entendent globaliser leur participation et développer une citoyenneté mondiale. Les associations comme Greenpeace ou Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide aux citoyens) se mondialisent et font du lobbying lors des grandes conférences internationales. Chaque humain sur cette planète est devenu un « citoyen du monde ».



image Vers une citoyenneté morale

Depuis quelques années, des militants expriment leur citoyenneté en désobéissant sciemment aux lois votées démocratiquement par le Parlement français : c’est ce que l’on nomme « la désobéissance civile » (ou civique). Cette forme inédite de participation tend même à se généraliser : les écologistes qui fauchent des plans d’OGM, les militants qui cachent des sans-papiers en instance de renvoi, les élus qui enfreignent la loi pour en marquer le caractère inique (Noël Mamère qui marie deux hommes en sachant que le mariage sera cassé par la justice)…


Ces moyens d’action font l’objet de débats : plutôt que de transgresser la loi, ne vaut-il pas mieux la changer en faisant élire démocratiquement des représentants dans une assemblée ? Si le peuple s’est prononcé, au nom de quoi (de quelles valeurs supérieures) des militants peuvent-ils désavouer des décisions démocratiques et souveraines ?



Place des religions dans la société



Quelques définitions


Religion. Étymologiquement, le mot vient du latin religere (« relier »). La religion définit en effet ce qui relie d’un côté le sacré au profane, et de l’autre les membres de la communauté dans une même croyance et autour de rites communs. La visée est double : il s’agit, sur un plan spirituel, de relier l’homme à Dieu mais aussi, dans une perspective plus sociale, d’unir les hommes entre eux.


Secte. Régis Dericquebourg, chercheur au CNRS, définit ainsi les mouvements « sectaires » : « Une secte est un groupe coupé du monde, enclavé, élitiste, exclusif et qui recherche le perfectionnement des individus. » Il est difficile de faire entrer dans cette définition l’ensemble des mouvements pourtant désignés comme des sectes ; par ailleurs, des mouvements ou groupes non sectaires peuvent en faire partie. Les spécialistes des religions parlent aussi de « groupes religieux minoritaires » pour qualifier les sectes.


Laïcité. Ce terme renvoie, de manière générale, à la séparation des institutions civiles et religieuses. En France, la laïcité pose le principe de la neutralité de l’État vis-à-vis des cultes, de la liberté de conscience et du pluralisme des croyances dans le respect de l’ordre républicain.


Quelques chiffres




image Introduction


La pensée religieuse est née avec l’homme : la métaphysique et le sacré accompagnent l’Homo sapiens, comme le montrent les peintures rupestres et les travaux des paléontologues. Toutes les civilisations se sont construites autour de questionnements qui tentent de trouver leurs réponses dans la foi, la croyance, les mythes. S’il existe des sociétés sans dieu (songeons au culte de l’Être suprême pendant la Révolution), il n’existe pas de société sans sacré.


On croyait les religions en déclin, que les avancées sociales, politiques ou scientifiques avaient relégué en marge du temporel des croyances qui relèvent désormais du seul domaine spirituel. Il n’en est rien. Nos sociétés sont en permanence travaillées par la question de la place des religions dans les sociétés laïques, par la tension entre le respect des croyances et la liberté d’expression, par la cohabitation des différentes religions dans un contexte de crise et de désespérance.



image Phénomène religieux



image La religion comme lien spirituel et social

La religion investit principalement deux visées : l’une, spirituelle, préoccupée des questions liées au sacré ; l’autre, temporelle, plutôt versée dans l’organisation du collectif.


Spirituellement, la religion fournit des réponses aux questions des origines (« D’où venons-nous ? », « Comment le monde a-t-il été créé ? », « Par qui ? ») comme à celles de la fin (« Quelle est la finalité de toute chose ? », « Comment le monde finira-t-il ? », « Quel est le sens de la vie ? », « Qu’y a-t-il après la mort ? »). Les aptitudes rationnelles dont sont doués les humains ne sont jamais venues à bout de tous les questionnements. Chaque société a construit ses propres tentatives de réponses. Les mythes antiques, les polythéismes, les animismes (conférer une âme, un esprit aux choses, aux animaux, aux plantes), les religions monothéistes, les religions panthéistes… la croyance en un esprit, une entité surnaturelle ou transcendante a pu recouvrir les formes les plus variées en fonction des temps et des cultures. Une société sécularisée (c’est-à-dire où l’influence du sacré et du religieux est en recul) comme la nôtre tend à privilégier l’explication scientifique sur le récit mythique. Les débats autour de l’enseignement du darwinisme sont symptomatiques de cette tension.


Socialement, la religion structure les communautés autour de rites, de symboles, de dogmes, de célébrations et de fêtes qui forment le tissu social et rythment la vie. Longtemps, en Occident au moins, la vie des individus, quelle que soit leur classe, s’est inscrite dans une sociabilité largement déterminée par le religieux. La religion ne se préoccupe donc pas que de questions spirituelles : elle étend son influence au temporel. La question de la place du religieux et des institutions qui en dépendent est au cœur des enjeux contemporains. Jusqu’où la religion peut-elle s’immiscer dans l’ordre politique et social ? Doit-elle rester une simple affaire privée ou peut-elle s’ingérer dans la vie publique ? Les débats autour de la laïcité, de la tolérance (« Chacun peut-il avoir sa morale ? »), du droit d’expression (« Peut-on blasphémer ? ») sont encore vivaces aujourd’hui.




image Prééminence des religions et retour du religieux

Dans le monde, les religions ne se sont jamais aussi bien portées. On estime à moins de 15 % de la population mondiale le nombre d’individus sans religion (athées ou agnostiques). L’influence religieuse reste encore vivace dans les pays émergents en voie de développement. Les chrétiens, les musulmans ou les hindouistes, quelle que soit leur obédience, représentent à eux seuls 4,5 milliards de fidèles !


Par ailleurs, l’emprise des religions paraît de plus en plus forte. Il faut aussi évoquer le développement des intégrismes, qu’ils soient islamiques (salafistes), chrétiens (évangélistes) ou juifs (orthodoxes). Les mouvements terroristes tuent chaque jour au nom de Dieu comme ils tuaient, voilà 30 ou 40 ans, au nom de Karl Marx. Les mouvements religieux savent écouter les populations pauvres dans les pays musulmans. Les intégristes sont omniprésents sur le terrain, dans la rue. Ils vont vers les plus démunis, comme le font les Frères musulmans dans tout le Maghreb. Ils viennent aussi faire du prosélytisme dans les pays occidentaux en essayant de convertir des jeunes désœuvrés.


Même en Occident, malgré la désaffection des églises et la sécularisation encore très forte, certains analystes font le constat d’une résurgence de la spiritualité, de la morale religieuse et des pratiques qui lui sont liées. Dans un contexte de désenchantement politique et spirituel, la religion semble combler un manque. Politiquement, nos contemporains ne croient plus dans la capacité des représentants et de leurs idées à changer le monde (c’est la chute des idéologies) ; socialement, l’idée de progrès bat de l’aile dans un contexte de suspicion généralisée vis-à-vis des sciences et techniques (débats sur la bioéthique, le nucléaire, la pollution).


Nous vivons une époque de déficit de sens, de repères. Dès lors, nombreux sont ceux qui se tournent vers les mouvements sectaires, qui parlent un langage moderne et novateur qui les séduit. Les mouvements sataniques, new age ou ufologiques ont un succès énorme auprès des adolescents.



image Phénomènes sectaires




image Diversité des mouvements

En France, les mouvements sectaires regrouperaient plus de 160 000 adeptes (dont 130 000 témoins de Jéhovah) et au moins 100 000 sympathisants. Ces chiffres sont approximatifs, tant il reste difficile de mener des enquêtes approfondies dans des milieux par définition opaques, mouvants et protéiformes.


Les différentes sectes se regroupent autour de croyances et de rituels parfois extravagants, loufoques ou totalement décalés. Leur dangerosité varie considérablement d’un mouvement à l’autre. On peut citer, pour les principales :



image les sectes schismatiques (qui se coupent des religions dites « traditionnelles » à cause de certains points de doctrine, comme les évangélistes) ;


image les sectes ésotériques (qui mélangent des traditions initiatiques, hermétiques, comme la secte du Temple solaire) ;


image les sectes syncrétistes (qui réunissent différentes religions ou courants spirituels, comme le Mandarom) ;


image les sectes sataniques (qui vouent un culte au Diable et s’adonnent à des rituels sacrificiels d’animaux ou à des invocations comme les messes noires) ;


image les sectes apocalyptiques (qui annoncent la fin du monde, comme les témoins de Jéhovah) ;


image les sectes guérisseuses (qui développent des théories autour des corps et de la spiritualité) ;


image les sectes néopaïennes (qui rendent des cultes à d’anciennes croyances parfois antérieures à la religion chrétienne comme les cultes druidiques) ;


image les sectes « soucoupistes » ou « ufologiques » (qui mêlent extraterrestres et ovnis, comme les raëliens).



image La question de l’interdiction des mouvements sectaires

Des affaires retentissantes (suicides collectifs, agressions, mariages forcés, pédophilie, escroquerie…) ont incité les pouvoirs publics à se pencher sur ce phénomène.


On peut citer entre autres faits-divers qui ont défrayé la chronique : la mort des 914 adeptes du temple du Peuple (dont plus de 250 enfants) en Amérique du Sud, le 18 novembre 1978 ; les 72 davidiens décédés dans l’incendie de leur ferme lors du siège de Waco au Texas en 1993 ; les 12 morts et environ 5000 blessés de l’attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum dans le métro de Tokyo en 1995 ; les 74 adeptes (dont 19 enfants) de l’ordre du Temple solaire retrouvés morts dans trois affaires entre 1994 et 1997 ; les 39 adeptes de l’Heaven’s Gate suicidés par empoisonnement en Californie ; les 500 adeptes du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu, brûlés vifs dans leur église le 18 mars 2000 en Ouganda…


Chaque jour, des exactions, peut-être moins spectaculaires mais destructrices pour l’individu, sont commises. Certains ont estimé qu’il fallait interdire les sectes. Cette hypothèse fait l’objet de fortes critiques :



image Une interdiction irait à l’encontre de la liberté de pensée inscrite dans la Constitution de 1958. L’État ou le législateur auraient un droit de regard sur notre spiritualité : pareille pratique n’existe que dans les pays totalitaires !


image La liberté d’association, loi de 1901, permet aux personnes qui le désirent de partager leurs objectifs, de mettre en commun leurs activités ou leurs connaissances dans un but autre que financier. C’est une conquête, un droit, et il serait liberticide de s’y attaquer en interdisant a priori les associations liées aux croyances non institutionnalisées.


image La liberté de religion, loi de 1905, instaure la séparation de l’Église et de l’État. Cette scission a permis de garantir à chacun une liberté de culte. L’État n’a pas à se prononcer sur le contenu du spirituel ni sur les rites tant que cela reste dans le cadre de la loi.


Est-on, dès lors, condamné à subir les mouvements sectaires ?


Non : on peut compter sur la prévention (l’Adefi, Association pour la défense des familles et des individus, met en garde contre les dérives sectaires) mais surtout sur l’affirmation de la loi. La justice dispose d’un arsenal judiciaire pour punir les sectes quand il existe des dérives. La séquestration, le refus de soins, l’exercice illégal de la médecine, l’association de malfaiteurs, le défaut d’éducation, l’escroquerie, l’abus de confiance, la captation frauduleuse de biens, le viol ou encore le travail forcé sont autant de crimes et de délits sévèrement punis par la loi. On ne peut faire aux sectes un procès d’intention et les condamner a priori !



image Laïcité


La question de la laïcité est reposée régulièrement depuis 2003, après les récurrentes affaires de voile à l’école mais aussi après les problèmes de repli communautaire dans les lieux et établissements publics. Faut-il accepter la séparation hommes/femmes dans les piscines publiques pour ne pas froisser des groupes religieux ? Peut-on admettre que des familles refusent que des hommes pratiquent des examens gynécologiques dans les hôpitaux ? L’école de la République peut-elle adapter les horaires scolaires aux exigences des pratiques religieuses ? Les signes religieux (croix, étoile de David, main de Fatma ou foulard) sont-ils de nature à troubler l’ordre public et à déstabiliser la société ? Doit-on les accepter au nom du respect des croyances et de la tolérance à l’égard des groupes religieux ?




image Grands principes de la laïcité

Elle repose sur trois éléments fondamentaux :



Au fondement, il y a l’idée de neutralité de l’État et de l’ensemble de ses institutions. Les pouvoirs publics veillent à ce qu’aucune religion ne domine l’individu. La neutralité permet à chacun de croire en ce qu’il veut. Il n’y a pas de religion officielle en France : n’importe qui peut fonder une religion dans notre pays à partir du moment où ce mouvement ne nuit pas à l’ordre social et respecte les lois. Les pratiques religieuses n’influencent normalement pas les décisions politiques. L’État n’a pas à tenir compte d’une religion quand il élabore une loi. Le ministre de l’Intérieur (qui est aussi le ministre des Cultes) considère logiquement toutes les religions sur un pied d’égalité. Il veille à ce qu’elles soient traitées de la même manière, quelle que soit leur influence.


Normalement, la laïcité n’est pas un « intégrisme » : ce n’est nullement une force dominante qui assujettit l’individu au groupe. Au contraire, c’est un principe neutre qui veille à ce que tous les phénomènes religieux puissent s’exprimer quand ils se conforment aux lois de la République. C’est en cela que la laïcité n’est pas le contraire de la religion mais la garantie de son expression.



image Problème de la laïcité aujourd’hui

Le principe est revenu après les affaires de voile à l’école, mais tout part d’une circulaire ministérielle (Jean Zay) promulguée en 1936. Cette circulaire indique que toute forme de propagande politique ou confessionnelle ainsi que tout prosélytisme sont interdits dans les enceintes scolaires de la République.


En 1989, survient la première polémique autour du voile islamique dans un collège, à Creil. Tout s’est résolu avec une certaine souplesse du corps enseignant (ils consentaient à le tolérer sauf dans certaines matières comme la science ou le sport). En 1994, 1 500 affaires de voile sont recensées concernant 200 000 élèves musulmanes. Le mouvement enfle et la circulaire Bayrou recommande dès lors l’interdiction de signes ostentatoires qui constituent en eux-mêmes des éléments de prosélytisme ou de discrimination. En 2003, deux jeunes filles d’Aubervilliers, Alma et Lila, sont exclues pour avoir refusé d’enlever leur voile. Si cette affaire relance le débat, c’est qu’elle pose des questions sur des problèmes sociaux beaucoup plus vastes que la seule laïcité. Elle soulève la question sociale de l’égalité des sexes et du communautarisme.


La problématique de la laïcité intervient dans un contexte de crise de la citoyenneté. La République indivisible semble éclater en une multitude de revendications communautaires et identitaires. Doit-on lire dans ces affaires de voile un manque de volonté d’intégration à la République et à ses valeurs ou de simples soubresauts parfaitement compréhensibles dans une société multiculturelle ? La question reste entière malgré une loi qui désormais prohibe tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse ou idéologique dans les établissements administratifs ou scolaires publics.

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May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 11. Les instances de socialisation

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