11 Cavité orale
La cavité orale constitue le segment initial de la voie digestive. Sa fonction principale est la manducation, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions qui concourent à l’action de manger : préhension, mastication, insalivation et déglutition ; la manducation comprend également la succion et la gustation.
La cavité orale participe à la phonation, sa structure musculaire permettant l’articulation et les variations de son volume modulant les sons produits par le larynx. Elle participe également à la respiration, car elle communique en arrière avec l’oropharynx qui est une voie commune au flux aérien et au flux alimentaire. Cette notion fondamentale a des applications quotidiennes en clinique humaine.
La cavité orale est située sous les fosses nasales et occupe l’étage inférieur de la face.
I Description générale
La cavité orale présente à décrire (fig. 11.1, A) :
• un toit constitué par le palais (palais dur et palais mou, ou voile) ;
• un plancher comprenant la langue ;
• deux parois latérales représentées par les joues ;
• une communication en avant avec le milieu extérieur par l’intermédiaire de la fente orale limitée par les lèvres ;
• une communication en arrière avec l’oropharynx par l’isthme du gosier.
Fig. 11.1 Cavité orale. A. Situation et limites. B. Segmentation : vestibule et cavité orale proprement dite.
La cavité orale est cloisonnée en deux parties (fig. 11.1, B) par les arcades alvéolodentaires maxillaire et mandibulaire. Le vestibule oral est la partie située en dehors des arcades alvéolodentaires. La partie située en dedans des arcades alvéolodentaires constitue la cavité orale proprement dite. Ces deux parties communiquent aisément lorsque les arcades dentaires sont séparées, tandis que la communication est limitée aux régions rétromolaires lorsque les arcades sont en contact.
II Vestibule oral
Le vestibule oral constitue un espace dont la limite externe est constituée par les lèvres en avant et par les joues latéralement, et dont la limite interne est constituée par les arcades alvéolodentaires maxillaire et mandibulaire.
A Région orale
1 Vue d’ensemble
La région orale, ou labiale, limite la cavité orale en avant (fig. 11.2, A). Elle est constituée par les lèvres supérieure et inférieure qui se rejoignent latéralement au niveau des commissures labiales. Au repos, les deux lèvres sont au contact, se joignent sans effort. La ligne qui unit les deux lèvres se projette normalement en regard de la jonction du tiers inférieur et du tiers moyen de la face vestibulaire des incisives maxillaires.
Chaque lèvre comprend un versant cutané (lèvre blanche) et un versant muqueux, ou vermillon (lèvre rouge). La limite saillante entre les deux est dénommée ligne de jonction cutanéomuqueuse.
2 Lèvre supérieure
Au niveau de la lèvre supérieure, la lèvre blanche présente une dépression médiane, le philtrum, limité latéralement par les crêtes philtrales. La limite latérale de la lèvre supérieure est constituée par le sillon nasolabial qui la sépare de la joue. La portion de la ligne de jonction cutanéomuqueuse qui correspond au philtrum forme l’arc de Cupidon. Le tubercule labial est un relief plus ou moins marqué qui se situe au niveau de la partie médiane de la lèvre rouge.
3 Lèvre inférieure
Au niveau de la lèvre inférieure, la lèvre blanche est séparée du menton par le sillon labiomentonnier. La ligne de jonction cutanéomuqueuse est régulière et concave vers le haut. La lèvre rouge présente une petite dépression médiane qui répond au tubercule labial de la lèvre supérieure.
4 Plans de la lèvre
Chaque lèvre est constituée de quatre plans (fig. 11.2, B). Sous le plan cutané se situe le muscle orbiculaire de la bouche innervé par le nerf facial (VII). Ce muscle circulaire est sphinctérien mais il est en rapport latéralement avec d’autres muscles cutanés dont la fonction est de dilater la fente orale (sourire, par exemple). Cette intrication de fibres située latéralement par rapport à la commissure labiale porte le nom de modiolus.
En dedans du plan musculaire se trouve un plan contenant des glandes labiales, qui sont des glandes salivaires accessoires, et les vaisseaux. La vascularisation des lèvres est assurée par les artères labiales supérieure et inférieure, qui sont des collatérales de l’artère faciale. Au niveau des deux lèvres, les systèmes artériels droit et gauche sont anastomosés à plein canal.
Le dernier plan est le plan muqueux.
L’innervation sensitive provient des rameaux labiaux supérieurs du nerf infraorbitaire (V2) pour la lèvre supérieure et des rameaux labiaux inférieurs du nerf mentonnier (V3) pour la lèvre inférieure.
B Région buccale
Les joues forment les parois latérales du vestibule oral et, par extension, de la cavité orale proprement dite.
1 Muscle buccinateur
Entre la peau et la muqueuse, le plan musculaire est essentiellement représenté par le muscle buccinateur (fig. 11.3, A), recouvert sur sa face externe par d’autres muscles cutanés. Le muscle buccinateur est aussi un muscle cutané mais il joue un rôle important dans la fonction viscérale de la cavité orale. Il s’insère en arrière sur les processus alvéolaires du maxillaire et de la mandibule et sur le raphé ptérygomandibulaire tendu de l’hamulus de la lame médiale du processus ptérygoïde au trigone rétromolaire de la mandibule. Au niveau de cette insertion dorsale, ses fibres s’intriquent avec celles du muscle constricteur supérieur du pharynx. Il se termine en avant au niveau du modiolus en latéral de la commissure labiale en intriquant ses fibres avec d’autres muscles cutanés, dont le muscle orbiculaire de la bouche. Il est innervé par le nerf facial (VII).
Le muscle buccinateur est traversé par le conduit parotidien (fig. 11.3, B), canal excréteur de la glande parotide, qui débouche sur la face jugale du vestibule supérieur par un ostium visible en regard de la deuxième molaire maxillaire.
2 Muqueuse
La muqueuse jugale est adhérente au muscle buccinateur. En haut et en bas, cette muqueuse s’infléchit au niveau de lignes de réflexion muqueuses pour rejoindre les processus alvéolaires. La muqueuse jugale reçoit également l’abouchement des canaux excréteurs des glandes salivaires accessoires jugales.
C Arcades alvéolodentaires
Les arcades alvéolodentaires sont constituées des dents maxillaires et mandibulaires et de l’os alvéolaire qui les supportent. L’os alvéolaire est intimement lié à la présence des dents puisqu’il apparaît et disparaît avec elles. Par rapport à ces structures dentoalvéolaires, le maxillaire et la mandibule ont une origine et un mode de croissance différents : en effet, les dents évoluent par poussées, alors que le squelette grandit de manière plus régulière. Ceci permet de comprendre la notion de dysharmonie dentosquelettique.
1 Formules dentaires
La denture adulte complète (fig. 11.4, A) est constituée de trente-deux dents réparties en nombre égal sur le maxillaire et la mandibule. Chaque hémi-arcade est formée de deux incisives, une médiale (ou centrale) et une latérale, d’une canine, de deux prémolaires et de trois molaires. Les dernières molaires sont communément appelées dents de sagesse (wisdom teeth en anglais).
Fig. 11.4 A. Denture définitive adulte. B. Denture déciduale. C. Numérotation internationale des dents.
Schéma C : d’après Pathologie maxillo-faciale et stomatologie, par J.-P. Lézy et G. Princ, 3e édition, Masson, Paris, 2004.
La denture provisoire de l’enfant, dite denture temporaire ou déciduale (fig. 11.4, B), comprend vingt dents réparties en nombre égal sur le maxillaire et la mandibule. Chaque hémi-arcade est formée de deux incisives, une médiale (ou centrale) et une latérale, d’une canine et de deux molaires.
Dans un but de simplification la Fédération dentaire internationale a attribué à chaque dent un numéro selon la formule suivante (fig. 11.4, C) :
• le chiffre des dizaines représente une hémi-arcade :
• le chiffre des unités numérote la dent sur une hémi-arcade en allant de l’avant vers l’arrière.