11: Affections des nerfs périphériques

11 Affections des nerfs périphériques






SYMPTOMATOLOGIE GÉNÉRALE


La plupart des nerfs périphériques contiennent à la fois des fibres motrices et des fibres sensitives. Les fibres sensitives sont en moyenne de plus gros calibres et sont, de ce fait, plus sensibles à certains phénomènes comme les phénomènes compressifs. Certaines affections métaboliques ou dégénératives peuvent également toucher préférentiellement les fibres sensitives. De la même façon, les fibres motrices peuvent être la cible privilégiée de certains processus pathologiques. Mais, hormis ces quelques cas de figure, les neuropathies périphériques ont un caractère mixte.


Les neuropathies périphériques peuvent s’inscrire dans le cadre large de l’intolérance à l’effort ou de la fatigabilité anormale. Elles se présentent comme une atteinte de type motoneurone périphérique éventuellement associée à des troubles sensitifs ou proprioceptifs.


L’étude des réflexes médullaires et la topographie cutanée d’un trouble sensitif permettent de localiser plus précisément les lésions et de déterminer s’il s’agit d’une mononévrite (atteinte d’un seul tronc nerveux), d’une polynévrite (atteinte de plusieurs nerfs) ou d’une polyneuropathie (atteinte de plusieurs territoires nerveux). L’existence d’une dysphagie ou d’un mégaœsophage, d’une dysphonie, d’une dyspnée d’origine laryngée est un élément qu’il faut systématiquement rechercher car ils sont régulièrement associés à certaines polyneuropathies.


Malheureusement, l’examen clinique n’est pas toujours assez performant et, dans bien des cas, il ne permet pas de déterminer avec certitude si l’animal est atteint d’une neuropathie, d’une jonctionopathie ou d’une myopathie. Cette difficulté explique pourquoi le recours aux examens complémentaires est pratiquement toujours nécessaire. Ceci non seulement pour préciser la cause de l’affection mais, et c’est une particularité du système neuromusculaire, pour caractériser la maladie.




ÉTUDE SPÉCIALE




NEUROPATHIES SENSITIVES


La grande majorité des neuropathies sont mixtes. Les neuropathies purement sensitives sont rares. La plupart sont familiales. Parmi les neuropathies sensitives acquises, seules celles intéressant les racines dorsales et les ganglions paraspinaux sont bien caractérisées. Les symptômes sont très évocateurs : il n’existe pas de signes moteurs tels que la parésie ou la fatigabilité. En revanche, on note une dysmétrie avec hypermétrie, un déficit proprioceptif et une hypo- ou une aréflexie tendineuse. Attention donc, suite à cette dernière caractéristique, à ne pas les classer abusivement dans les atteintes motrices de type MNP. Il s’agit là d’un piège classique de l’examen neurologique qui est cependant rapidement écarté tant le tonus musculaire est important chez les animaux atteints.


Les nerfs crâniens peuvent également être atteints. Les chiens touchés sont jeunes ou d’âge moyen. La maladie évolue vers un mode chronique. Il n’existe pas de traitement.


L’une des plus connues, décrite en France, est l’axonopathie progressive du boxer. Il s’agit d’une neuropathie multisystémique et diffuse. Les lésions sont distribuées dans le système nerveux central et périphérique. Dès l’âge de 2 à 3 mois, les mouvements des membres postérieurs sont ataxiques et montrent une hypermétrie marquée. Les membres antérieurs sont touchés dans un deuxième temps. Les réflexes tendineux surtout patellaires sont très affectés, et il n’y a pas d’atrophie ou d’hypotonie musculaire. Par la suite, un déficit proprioceptif apparaît progressivement.


Les lésions semblent dues à une anomalie du transport des neurofilaments. L’origine génétique est établie.


Il n’y a pas de traitement mais une stabilisation clinique est possible.


D’autres neuropathies sensitives sont décrites chez le pointer, le teckel à poil long et l’épagneul français. Dans ces races, les signes cliniques habituels peuvent être accompagnés de comportements d’automutilation.



AUTRES NEUROPATHIES








NEUROPATHIES ACQUISES



Traumatismes des nerfs périphériques



Traumatisme aigu


Les neuropathies traumatiques sont dominantes parmi les neuropathies périphériques. La nature traumatique des lésions est établie soit par l’anamnèse, soit par la recherche attentive de signes associés : lésions cutanées, hématomes, fractures. Malheureusement, dans la plupart des cas, il n’existe aucun signe externe de traumatisme. Les lésions traumatiques des nerfs périphériques sont classées en trois catégories. La neurapraxie est un bloc fonctionnel. La conduction nerveuse est interrompue sans qu’il y ait de lésion histologique. La guérison est la règle, mais elle est parfois longue à survenir : de trois semaines à plusieurs mois.


L’axonotmésis désigne une lésion axonale. Les axones subissent une dégénérescence axonale et lorsque l’intégrité des enveloppes nerveuses (épinèvre, périnèvre, endonèvre) est préservée, la régénération axonale est possible.


La neurotmésis est une section d’un tronc nerveux touchant à la fois les axones et les enveloppes. Cette lésion ne se répare jamais spontanément et nécessite le recours à la microchirurgie.


L’électrodiagnostic est d’une importance capitale pour donner des informations sur la sévérité des lésions et, partant de là, établir un pronostic.


Les données de l’électrophysiologie doivent cependant être complétées par les facteurs environnementaux qui conditionnent la récupération fonctionnelle des nerfs périphériques.


Les modèles expérimentaux de dégénérescence wallérienne ont montré qu’un axone « repousse » en moyenne à raison d’un millimètre par jour. Ceci permet, une fois que l’électrodiagnostic à établi la topographie des lésions, d’estimer, compte tenu de la distance qu’il y a entre la lésion et le muscle à réinnerver, le temps nécessaire à la récupération. C’est ici qu’interviennent les différents éléments qui peuvent retarder ou empêcher la récupération fonctionnelle.


Le nerf et le muscle entretiennent des rapports trophiques, ce qui explique l’amyotrophie rapide lors de syndrome de type MNP. Si la dénervation persiste, le muscle devient le siège d’un phénomène dégénératif au cours duquel il subit une fibrose. Lorsque celle-ci est installée, il n’y a plus de récupération possible. La première condition est donc : la fibre nerveuse doit atteindre le muscle avant qu’il ne dégénère.


La dénervation conduit à une paralysie et une articulation qui n’est pas mobilisée régulièrement s’ankylose.


Dans un traumatisme les fibres sensitives sont touchées au même titre que les fibres motrices. Il s’en suit une anesthésie ou une paresthésie locale qui entraîne soit des comportements d’automutilation (observés également lors de la repousse de fibres sensitives), soit une insensibilité aux agressions extérieures. Dans les deux cas, le membre en aval des lésions risque d’être le siège d’infections sévères. Ce phénomène est encore aggravé par la perte de l’innervation des vaisseaux sanguins, qui conduit à une diminution du flux sanguin local.


May 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 11: Affections des nerfs périphériques

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