10. Les addictions


Les addictions



CE QU’IL FAUT SAVOIR



Psychotropes illicites



Quelques définitions


Psychotrope. On appelle « psychotrope » une substance qui agit sur le cerveau (sur le système nerveux central) et entraîne des modifications de la perception, des sensations, de l’humeur ou de la conscience.


MILDT. La mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies est un organisme public chargé de lutter contre l’usage de produits psychotropes, que ces produits soient licites (comme le tabacou l’alcool) ou non.


THC. La tétrahydrocannabinol est le principe actif du cannabis : cette substance psychoactive se concentre dans le cerveau et modifie la perception et les sensations.


Quelques chiffres


5 à 10 %. C’est le taux de sportifs amateurs utilisant des produits dopants.


5 millions. Il s’agit du nombre de Français qui ont consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie selon l’Observatoire des drogues et toxicomanies.


Les psychotropes sont des substances psychoactives qui peuvent dans de nombreux cas entraîner une dépendance physique (ou psychologique) ainsi qu’un phénomène de tolérance qui incite à augmenter les doses. Le tabac, l’alcool ou certains médicaments sont considérés comme des psychotropes, au même titre que les drogues dites « illicites ». Ces produits stupéfiants sont interdits, car ils constituent un danger pour l’individu (dépendance, désocialisation, risque d’overdose…) comme pour la société (trafic, corruption, violence).



image Drogues dures


La toxicomanie liée aux drogues dites « dures » (héroïne, cocaïne, crack, acide, ecstasy, GHB) est un fléau pour les sociétés contemporaines. La dépendance physique et psychologique est très rapide et très forte. Le coût élevé de ces substances contraint souvent les toxicomanes à voler, à se prostituer ou à dealer pour obtenir leur dose quotidienne. Leur vie entière est alors focalisée sur le produit qu’ils vont devoir se procurer pour ne pas souffrir du manque.


Le problème des pouvoirs publics consiste à lutter contre les trafiquants et les dealers qui sont à la source de la toxicomanie. Ils doivent également mener une politique visant à soigner les malades et à les réinsérer dans la vie sociale. La vigilance doit aussi se porter sur certains problèmes parallèles liés à la qualité des produits, à la propagation des virus par l’échange de seringue, en mettant en place des moyens de contrôle des différentes substances et en distribuant des seringues stériles.



image Cannabis


Le cannabis est une plante généralement consommée sous forme d’herbe (qu’on appelle marijuana, ganja, beuh…), de résine (haschisch, shit…) ou plus rarement d’huile. Il contient une substance psychoactive, le THC (tétrahydrocannabinol), qui se concentre dans le cerveau. C’est le THC qui produit les effets du cannabis sur le système nerveux et qui modifie la perception et les sensations. Le cannabis est la plupart du temps fumé, plus rarement consommé sous forme de gâteau (space cake) ou d’infusion.


Malgré une législation particulièrement draconienne (la loi de 1970 sur les stupéfiants est l’une des plus répressives d’Europe), la France se place au premier rang des nations européennes en matière de consommation de cannabis. On a même assisté à une amplification du phénomène au cours de ces dernières années : en dix ans, le nombre de jeunes ayant fumé au moins une fois du cannabis dans l’année a été multiplié par trois ! Certes, il s’agit pour la plupart d’expérimentateurs qui ne continueront pas nécessairement dans la voie toxicomaniaque… Cependant, l’usage régulier à partir de 18 ans ne manque pas d’inquiéter : à cet âge, un adolescent sur cinq environ fume du cannabis tous les 3 jours… Nous ne sommes plus tout à fait dans la prise occasionnelle. Sommes-nous pour autant déjà dans l’addiction ?


À ce sujet, on estime qu’environ 10 % des consommateurs de cannabis, contrairement à l’idée répandue, sont dépendants. Certes, les effets du cannabis n’ont rien de comparable avec ceux d’autres psychotropes comme l’héroïne. Mais encore une fois, les dangers sont réels : il peut s’agir d’une intoxication aiguë, que les jeunes appellent bad trip, qui entraîne un malaise plus ou moins grave (vomissements, palpitations, angoisses, etc.). Le cannabis provoque une diminution de la vigilance, il affecte les capacités de concentration, la mémoire à court terme ou l’attention. Sous son emprise, les risques d’accidents sont les mêmes que sous celle de l’alcool. Les résultats scolaires ou l’efficacité professionnelle, bien souvent, s’en ressentent. À plus long terme, on observe une baisse de la motivation, des difficultés à nouer du lien social.


Ajoutons que certains fumeurs réguliers doivent trouver 30 à 40 euros par semaine pour se procurer leur dose. Bien des adolescents ne perçoivent pas cette somme en argent de poche. Ceux-là sont « contraints » au vol, au racket, voire au deal pour se fournir en produit. Le fait de côtoyer des milieux criminogènes, ou tout du moins délictueux, entraîne pour les adolescents une prise de risque supplémentaire.


Finalement, le cannabis ne doit pas être banalisé. Entre la répression démagogique (qui n’a visiblement servi à rien puisque, dans le même temps, la consommation augmentait) et les appels à la dépénalisation irresponsable, il existe des alternatives possibles.



Alcoolisme



Quelques définitions


Binge drinking. Le mot pourrait se traduire par « biture expresse ». Cette pratique consiste à rechercher l’ivresse totale en ingurgitant de grosses quantités de boisson dans un laps de temps restreint.


CSAPA. Les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie sont les structures spécialisées qui prennent en charge des malades alcoolodépendants.


Quelques chiffres


15,2 ans. Il s’agit de l’âge de la première ivresse. Ce chiffre reste stable depuis 2000 :


5 %. C’est le pourcentage des jeunes de 13 ans qui boivent régulièrement, et ce malgré les interdictions d’acheter de l’alcool et d’en consommer.





image L’alcoolisme et les jeunes


Même si l’alcoolisme concerne encore près d’un Français sur dix, la consommation moyenne annuelle est en baisse puisqu’on est passé de 22 l à 15 l par habitant de plus de 15 ans en une trentaine d’années.


Ces chiffres marquent une évolution positive, mais ils sont trompeurs : la baisse de la consommation moyenne ne concerne que le vin, pas la bière ni les alcools forts. Les prémix (vodka-citron, gin-tonic, tequila frappée, etc.) ont un énorme succès chez les plus jeunes qui recherchent moins l’alcoolisme de sociabilité (boire pour être ensemble) que l’ivresse en soirée (être ensemble pour boire). Le développement du binge drinking marque cette évolution inquiétante dans les pays occidentaux. Les jeunes sont majoritairement adeptes de cette pratique. Violences, accidents, comas, relations sexuelles non consenties, etc. Les dérives qu’entraîne ce mode d’alcoolisation sont légion. Les professionnels du soin et les travailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme, par exemple au Royaume-Uni où le binge drinking constitue d’ores et déjà un problème de santé publique.


Le problème de l’alcool est complexe tant cette drogue, considérée comme « dure », est intimement liée à nos traditions et à nos pratiques culturelles. On imagine mal un ministre de la Santé interdire du jour au lendemain l’alcool dans notre société. Les Français n’apprécieraient pas une mesure coercitive touchant un produit qui leur est cher.



image L’alcool : un produit « culturel » et social


Pourquoi l’alcool a-t-il une si grande importance ? Trois raisons semblent concourir à expliquer ce phénomène.



image L’alcool n’est pas seulement une drogue destinée à procurer l’ivresse. C’est aussi un mets, parfois très raffiné, provoquant de réels plaisirs gustatifs. Le prestige du vin est fortement lié à l’art culinaire et à la bonne table, surtout dans notre pays.


image On sait que l’alcool est un produit psychotrope. Il apporte un soulagement illusoire contre l’angoisse et libère des complexes. C’est un dérivatif contre l’ennui, un exutoire dont on croit trop souvent qu’il permet d’évacuer les problèmes du quotidien. Toutes les sociétés consomment des euphorisants. Si les musulmans ont renoncé aux boissons fermentées, ils fument le tabac et boivent avec excès le thé et le café. De leur côté, les Indiens des Andes mâchent la coca quand les Orientaux fument l’opium. Bref, toutes les civilisations ont inventé des dérivatifs contre l’anxiété, la misère ou l’ennui. Notre société n’échappe malheureusement pas à ce processus.


image Beaucoup refusent systématiquement l’eau comme boisson : le verre de vin à table est une habitude sociale fortement ancrée. La boisson est également un signe de convivialité et de sociabilité. Le rite de l’apéritif en est l’exemple le plus marquant. Ajoutons que dans certains milieux et certaines régions, la consommation d’alcool est assimilée à la virilité et organise des rites de passage de l’enfance à l’âge adulte.

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May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 10. Les addictions

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