Chapitre 10 – Item 305. Douleurs buccales
Plan du chapitre
Rappel anatomique
Cavité buccale
Innervation sensitive de la face
Examen devant une douleur buccale
Interrogatoire
Examen clinique
Examen complémentaire
Orientation diagnostique devant une douleur buccale
Causes dentaires et gingivales – Item 256
Douleurs d’origine muqueuse
Causes sinusiennes
Causes salivaires – Item 270
Causes osseuses
Causes neurologiques et vasculaires – Item 262
Causes manducatrices
Douleurs buccales idiopathiques
Devant des douleurs buccales, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
Les douleurs buccales étant parfois difficile à distinguer d’une algie faciale (traitée dans l’item 262), nous en ferons quelques rappels.
Les douleurs buccales et les algies de la face représentent un motif fréquent de consultation non seulement pour le chirurgien maxillo-facial mais également pour le médecin généraliste. Si les causes en sont nombreuses et parfois intriquées, les douleurs buccales restent majoritairement d’origine dentaire.
Rappel anatomique
Cavité buccale
La cavité buccale représente le premier segment du tube digestif. Elle reconnaît comme limite (cf. fig. 2.1) :
• en haut, le palais;
• en bas, la langue et le plancher de la bouche;
• latéralement, la face interne des joues;
• en avant, les lèvres;
• en arrière du «V» lingual et du palais dur, l’oropharynx.
Innervation sensitive de la face
L’innervation sensitive de la face est sous la dépendance des branches terminales du Nerftrijumeaunerf trijumeau (Ve paire crânienne) composées de deux racines, l’une motrice, l’autre sensitive. Les corps cellulaires des neurones sensitifs sont localisés dans le ganglion trigéminal (ou ganglion de Gasser). Il en émerge trois branches terminales : le nerf ophtalmique (V1), le nerf maxillaire (V2) et le nerf mandibulaire (V3).
Quelques afférences sensitives empruntent le trajet du nerf facial (VIIe paire crânienne), le nerf glossopharyngien (IXe paire crânienne) et le nerf vague (Xe paire crânienne), et participent à la sensibilité de l’oropharynx (surtout de la base de langue) et aussi de la zone de Ramsay-Hunt (conque de l’oreille externe) (cf. fig. 1.14 et 1.31 au chapitre 1).
• Préciser la douleur
• Effectuer un examen clinique minutieux
• Choisir l’examen radiologique le plus adapté en première intention
• Connaître les principales causes des douleurs buccales et des algies faciales
Examen devant une douleur buccale
Interrogatoire
Caractéristiques de la douleur
• Topographie : son caractère uni- ou bilatéral, son point de départ, ses irradiations.
• Date et circonstances d’apparition (facteur causal initial).
• Facteurs déclenchants selon le tissu à l’origine de la douleur (dent, glande salivaire, nerf, appareil manducateur, etc.).
• Type (lourdeur, tension, brûlure, piqûre, décharge électrique, etc.).
• Intensité : au mieux évaluée sur Échelle visuelle analogique (EVA)l’échelle visuelle analogique (EVA) ou sur une échelle sémantique.
• Évolution : caractère aigu ou chronique.
• Signes d’accompagnement : œdème, rougeur, larmoiement, rhinorrhée, vertiges, etc.
• Retentissement de la douleur sur la vie courante (alimentation, mastication, sommeil, vie sociale).
Antécédents
• Soins dentaires récents : extraction dentaire, traitement orthodontique, etc.
• Traumatisme dentaire ou facial.
• Antécédents généraux, notamment éthylotabagique.
• Traitement en cours ou anciens (anxiolytique, radiothérapie, etc.).
Examen clinique
L’examen clinique est stéréotypé, méthodique et associe un examen exobuccal et cervicofacial à un examen endobuccal. Il comprend une inspection puis une palpation et nécessite d’être assis au niveau du patient, sous un éclairage adapté, avec des gants, des abaisse-langue, éventuellement des miroirs dentaires et une bombe de froid.
Examen exobuccal
L’examen exobuccal comporte
• un examen neurologique : déficit sensitif (V), déficit moteur (VII);
• un examen des téguments (plaie, érythème, ecchymose, etc.);
• une palpation des glandes salivaires (loges parotidiennes, submandibulaires) et de l’appareil manducateur (articulations temporomandibulaires et muscles masticateurs);
• une recherche d’adénopathie.
Examen endobuccal
L’examen endobuccal comprend l’examen des six structures susceptibles d’engendrer des douleurs buccales : dents (et gencives), muqueuses, maxillaires, glandes salivaires, nerfs et vaisseaux, appareil manducateur.
Inspection
L’inspection doit être réalisée sous bon éclairage, en s’aidant d’abaisse-langue pour voir l’intégralité des structures buccales après avoir déplissé les muqueuses (plancher buccal, sillons, vestibules) :
• dents et gencives : caries, état dentaire, occlusion (trouble de l’articulé dentaire);
• muqueuses, notamment le bord libre de la langue, région la plus sujette aux cancers buccaux; la langue peut être inspectée au repos ou en protraction (une déviation signera une lésion des muscles du côté de la déviation);
• maxillaires : tuméfaction, modification de l’occlusion (fracture);
• glandes salivaires : inflammation ostiale, salive purulente;
• appareil manducateur : recherche d’une limitation d’ouverture buccale.
Palpation
Elle est menée protégé par des gants :
• dents : douleurs à la percussion, au froid, test de vitalité, mobilité;
• muqueuses : induration, comblement d’un vestibule, tendance au saignement de la muqueuse au contact;
• maxillaires : recherche d’une mobilité, d’une tuméfaction;
• glandes salivaires : recherche d’un calcul (palpation bidigitale);