Chapitre 10 Généralités sur les techniques de traitement en médecine ostéopathique
Choix des techniques
Le choix des techniques de traitement se fait en fonction du tissu lésé ou du tissu responsable des symptômes (voir l’anamnèse), ou aussi de l’état du tissu lésé : les techniques ont seulement une action spécifique sur des tissus spécifiques.
Action sur les muscles
Les techniques d’énergie musculaire (ou relaxation post-isométrique) – stretching, techniques fonctionnelles, techniques avec thrust – ont une action sur les muscles. Le choix des techniques varie selon le type de problème présenté par le tissu mou :
Action sur les ligaments
Seules les techniques de stretching, de pompage et les techniques articulatoires seront efficaces.
Choix des tissus à traiter
Le choix des régions et des tissus à traiter dépend de plusieurs facteurs : de facteurs liés à l’interrogatoire et aux mécanismes engendrant les lésions et de facteurs liés à l’analyse posturale et biomécanique.
Notion de lésion métamérique
Les étages vertébraux, mis en évidence par l’étude métamérique des troubles, devront être traités en priorité :
Notion de densité
La palpation des tissus sus-jacents en cas de dysfonction somatique présente une différence de densité : par exemple la palpation d’une zone saine, bien vascularisée, où les tensions sont élastiques, sans douleur réflexe et sans spasme musculaire, est fondamentalement différente de la palpation d’une zone pathologique soumise à une facilitation chronique qui entraîne chaleur, induration et inflammation des tissus.
Notion de restriction de mobilité majeure
Tout comme il existe des zones plus denses, certaines régions présenteront divers degrés de restriction de mobilité : une zone où se produit une sollicitation mécanique excessive d’adaptation, une inhibition du tonus musculaire, sera hypermobile ; cette zone est presque toujours sus-jacente ou sous-jacente à une région facilitée. Ces zones de facilitation chronique et de fibrose devront être traitées en priorité.
Notion de paramètre lésionnel majeur en rapport avec une restriction globale de mobilité
Si, par exemple, il existe une restriction douloureuse globale lors de la latéroflexion droite du tronc et une restriction majeure de mobilité en latéroflexion droite de T5, il faudra traiter T5 en priorité pour soulager le patient.
Différentes techniques ostéopathiques
Classiquement, les techniques ostéopathiques sont séparées en techniques structurelles et techniques fonctionnelles, les autres techniques de manipulation n’étant que des subdivisions de ces deux catégories principales (figure 10.1).
Techniques structurelles [4, 5, 9, 14–16, 18–20]
Il s’agit de toutes les techniques, quels que soient les tissus auxquels elles s’adressent, qui sont effectuées dans le sens de la barrière, en s’opposant à la restriction de mobilité.
Techniques rythmiques
Dans cette catégorie de techniques, le contrôle du rythme ainsi que la répétition sont prépondérants. Chaque mouvement actif ou passif est accompagné de nombreux réflexes de régulation et d’adaptation incluant des phénomènes de facilitation et d’inhibition.
Techniques de stretching (étirements rythmiques)
Ces techniques ont pour objectif d’étirer les ligaments, les fascias, les muscles et les tendons en utilisant des bras de levier. On utilise une courte amplitude pour agir sur les éléments extrinsèques, c’est-à-dire sur les muscles. La force doit être appliquée lentement et progressivement afin d’entraîner des changements et de produire une relaxation des tissus : au fur et à mesure que la tension des tissus se modifie, on augmente l’étirement afin de profiter de la nouvelle longueur acquise.
Techniques de pompage
Ces techniques s’adressent essentiellement aux aponévroses et aux ligaments. Pour libérer les tensions à ce niveau il faut passer entre les structures osseuses et les structures aponévrotiques, le plus loin possible, le plus près possible des zones d’insertion.
Techniques articulatoires
Ces techniques s’adressent aux éléments périarticulaires et sont basées sur des mouvements passifs répétitifs associés à un ou plusieurs bras de levier et à un fulcrum (point fixe) afin d’augmenter la puissance.
Techniques avec mise en tension soutenue
Ce type de technique utilise les principes des techniques avec thrust (extension/flexion, latéroflexion et contre-rotation) ; la mise en tension est effectuée jusqu’à la réduction du slack, mais le thrust n’est pas réalisé, la mise en tension est maintenue tandis que le patient respire profondément jusqu’à ce qu’on obtienne un relâchement des tissus.
Techniques d’inhibition
Ces techniques s’adressent au spasme musculaire, et consistent à exercer une pression perpendiculairement aux fibres musculaires, maintenue jusqu’à ce que le muscle se détende. La pression est ensuite lentement relâchée.
Cette technique est appliquée en fonction des réactions des tissus et du rythme respiratoire.
Techniques d’énergie musculaire [10, 11, 15, 16, 19, 20]
Il s’agit de l’utilisation neurophysiologique des contractions musculaires dans le but de restaurer la mobilité articulaire, ou de corriger un déséquilibre tonique agoniste/antagoniste, ou de lutter contre le raccourcissement myo-fascial.
On peut utiliser cinq formes de contraction :
Indications
Relaxation post-isométrique
C’est la forme la plus utilisée en ostéopathie, elle consiste à utiliser l’état d’hypotonie d’un muscle qui suit sa contraction isométrique.