Chapitre 10. Considérations pédiatriques en endoscopie bronchique
Bertrand Delaisi
Malgré les progrès constants de l’imagerie thoracique, l’endoscopie bronchique reste, en raison du caractère très complet des informations recueillies, un moyen d’exploration précieux des voies aériennes supérieures et inférieures, ainsi que du poumon profond au travers du lavage bronchoalvéolaireLavage bronchoalvéolaire (LBA). Le développement de matériels de plus petite taille et l’amélioration des techniques d’anesthésie autorisent sa pratique à tous les âges pédiatriques, y compris chez le nouveau-né, même prématuré.
Indications
Endoscopie bronchique chez l’enfantindicationsLes indications résultent de toutes les situations où une visualisation directe, un prélèvement, ou un acte interventionnel sont nécessaires au niveau des voies aériennes inférieures. Elles sont résumées dans le tableau 10.1.
Indications diagnostiques – Recherche d’un obstacle sur les voies aériennes (intrinsèque, extrinsèque ou dynamique) suspecté devant : • un bruit respiratoire anormal • une atélectasie ou une hyperclarté radiologiques persistantes • une pneumopathie récidivante • un syndrome de pénétration • un wheezing ne répondant pas au traitement habituel, surtout chez le nourrisson • une suspicion d’anomalie congénitale • une toux chronique invalidante inexpliquée • une bronchorrhée chronique • des dilatations des bronches • une suspicion de fistule œsotrachéale • suspicion de trachéo- ou bronchomalacie – Recherche d’un agent infectieux • Chez l’immunodéprimé, notamment en l’absence d’évolution favorable d’une pneumopathie après 48 h d’antibiothérapie à large spectre • Chez l’immunocompétent, en cas de pneumopathie sévère • Systématique chez l’enfant cas de tuberculose maladie pour le prélèvement et préciser l’existence de lésions endobronchiques (compression, granulome fistulisé ou non), pouvant déboucher sur l’indication d’une corticothérapie – Devant une hémoptysie – Syndrome interstitiel, pour réalisation d’un lavage bronchoalvéolaireLavage bronchoalvéolaire à visée de diagnostic microbiologique et histologique après élimination des diagnostics fréquents (mycoplasme, virus) – En cas de tableau clinique évoquant une dyskinésie ciliaire, pour réalisation de prélèvement pour étude des cils avec analyse en microscopie optique et électronique Indications thérapeutiques – Extraction d’un corps étranger – Bronchoaspiration – Résection d’un granulome – Dilatation d’une sténose trachéale ou bronchique – Lavage bronchoalvéolaire thérapeutique au cours d’une protéinose alvéolaire ou après inhalation de suie à la suite d’un incendie – Mise en place d’une prothèse endobronchique |
Contre-indications
Endoscopie bronchique chez l’enfantcontre-indicationsLes contre-indications sont uniquement relatives, la bronchoscopie étant contre-indiquée quand d’autres procédures diagnostiques moins invasives peuvent aboutir aux mêmes informations avec un meilleur rapport bénéfice/risque. La plus grande prudence est requise en cas d’hypertension artérielle pulmonaire sévère, d’hémoptysie massive, de compression ou sténose trachéale importante, d’hypoxémie sévère, de bronchospasme sévère, de risque hémorragique (anomalie de l’hémostase ou thrombopénie < 50 000/mm3).
Réalisation
Pour être réalisée dans de bonnes conditions, l’endoscopie bronchique pédiatrique nécessite désormais un plateau technique assez étendu (fig. 10.1) qui doit associer un nombre suffisant d’endoscopes de différentes tailles (fig. 10.2) permettant de réaliser les examens de manière continue sans immobiliser l’opérateur durant le temps de décontamination qui avoisine une heure. De plus, la chaîne de décontamination des endoscopes fait souvent appel à l’utilisation d’une machine spécialisée. Le bloc opératoire doit également être adapté à l’activité ambulatoire et, surtout, un personnel entraîné est nécessaire. Le recours à une sédation doit être considéré comme indispensable. Celle-ci peut faire appel à l’anesthésie générale (propofol ou sévoflurane le plus souvent) lorsque la présence d’un anesthésiste est possible et que le caractère prolongé du geste (LBA, biopsie, etc.) ou les particularités du patient (risque de mauvaise tolérance ou maladie chronique) la rendent souhaitable. Il sera alors préférable de laisser l’enfant en ventilation spontanée sans devoir l’intuber. Dans les autres cas, on aura recours à une sédation consciente, avec des protocoles variant d’une équipe à l’autre, qui peuvent faire notamment appel à l’inhalation, à l’aide d’un masque facial adapté pour permettre le passage de l’endoscope (fig. 10.3), à un mélange oxygène–protoxyde d’azote, mais aussi au midazolam injectable. L’atropine par voie sublinguale peut être utilisée pour diminuer le risque de bradycardie et l’importance des sécrétions au niveau des voies aériennes. L’hypnose ou le conditionnement sont parfois proposés comme techniques adjuvantes, avec des résultats intéressants. Dans tous les cas, l’anesthésie locale des voies aériennes supérieures et inférieures à l’aide de lidocaïne doit être soigneuse, permettant de diminuer le réflexe de toux. Au niveau du nez et du larynx, la concentration utilisée est à 2 %. Au niveau des voies aériennes inférieures, une solution à 1 % est utilisée afin de limiter la quantité totale administrée qui ne doit pas dépasser approximativement 7 mg/kg. En cas d’utilisation d’un bronchoscope rigide, l’anesthésie générale est systématique. Dans tous les cas, l’examen est effectué après un temps de jeûne de 5 à 6 h.