1: Vertèbre lombale

Chapitre 1


Vertèbre lombale



La colonne lombale est constituée de cinq vertèbres distinctes numérotées selon leur localisation sur une colonne complète. Elles portent des numéros de un à cinq de haut en bas (figure 1.1). Bien que certaines caractéristiques vertébrales permettent de les numéroter et de les identifier individuellement, il n’est pas nécessaire aux étudiants de savoir le faire à ce stade de l’étude. Cet apprentissage serait en effet peu réaliste, lourd et pédagogiquement douteux. De nombreux détails sont mieux perçus et plus facilement compris après l’étude complète de la colonne lombale et de sa mécanique. Dans ce but, une description des caractéristiques des vertèbres lombales particulières est fournie dans l’annexe. Il est recommandé de ne l’étudier qu’après le chapitre 7.



À ce stade, il convient d’examiner les caractéristiques communes à toutes les vertèbres lombales et de comprendre comment les vertèbres types sont conçues pour faciliter leurs rôles fonctionnels. La description suivante est par conséquent divisée en plusieurs parties. La première partie décrit les caractéristiques d’une vertèbre lombale type. Elle servira soit d’introduction aux étudiants débutant leur étude de la colonne lombale, soit de révision aux étudiants déjà familiers avec les bases d’anatomie vertébrale. La deuxième partie traitera des particularités relatives à la compréhension de la fonction vertébrale lombale et servira de base pour les chapitres suivants.


Il est fortement recommandé de lire ces parties avec des modèles de vertèbres lombales à la disposition du lecteur. L’inspection visuelle renforcera les informations écrites, et l’examen tactile améliorera la perception tridimensionnelle de la structure.



LA VERTÈBRE LOMBALE TYPE


Les vertèbres lombales sont des os irréguliers composés de différentes parties (figure 1.2). La partie antérieure de chaque vertèbre est un bloc osseux appelé corps vertébral. Le corps vertébral a plus ou moins la forme d’une boîte, avec des surfaces supérieures et inférieures relativement plates, et des surfaces antérieures et latérales légèrement concaves. Vu d’en haut ou de dessous, le corps vertébral a un périmètre incurvé plus ou moins réniforme. La surface postérieure du corps est relativement plate, mais l’inspection complète est entravée par les éléments vertébraux postérieurs.



La plus grande partie des surfaces inférieures et supérieures de chaque corps vertébral est lisse et perforée de petits orifices. Toutefois, le périmètre de chaque surface porte les marques d’un anneau osseux plus lisse, étroit et moins perforé ainsi que légèrement surélevé. Cet anneau représente la fusion du listel marginal qui est le centre d’ossification secondaire du corps vertébral (voir chapitre 12).


La surface postérieure du corps vertébral est caractérisée par un ou plusieurs orifices appelés foramens nourriciers. Ces foramens acheminent les artères nourricières du corps vertébral et des veines basivertébrales (voir chapitre 11). Les surfaces antéro-externes du corps vertébral sont caractérisées par des foramens similaires mais plus petits, qui acheminent des artères intraosseuses supplémentaires.


Deux solides contreforts osseux se projettent en arrière du corps vertébral. Chacun d’entre eux porte le nom de pédicule. Ces pédicules s’insèrent postérieurement sur la partie proximale du corps vertébral. C’est une des caractéristiques qui permettent d’identifier les parties supérieures et inférieures du corps vertébral. Il faut observer une vertèbre de profil pour l’orienter correctement. L’extrémité supérieure de la surface postérieure du corps vertébral est celle sur laquelle les pédicules sont le plus intimement liés (figures 1.2A et B).


Le mot « pédicule » est dérivé du mot latin pediculus qui signifie « petit pied » et le choix de cette nomenclature paraît évident quand on regarde la vertèbre par le haut (figure 1.2E). On peut remarquer un arc osseux sur la partie postérieure du corps vertébral appelé arc neural, dénommé ainsi car il entoure les structures neurologiques passant à travers la colonne lombale. L’arc neural est constitué de plusieurs parties et protubérances, mais les pédicules sont les parties qui ressemblent à de petites jambes semblant « marcher » à l’arrière du corps vertébral (figure 1.2E), d’où l’origine latine.


De chaque pédicule se projette médialement une plaque osseuse appelée lame. Ce nom a pour origine le mot latin lamina qui signifie feuille ou plaque. Les deux lames qui fusionnent médialement ressemblent au toit d’une tente vue d’en haut et forment en effet la « voûte » de l’arc neural.


La vue postérieure de la vertèbre permet de voir les dimensions globales des lames (figure 1.2D). Chaque lame a des bords supérieurs légèrement irréguliers et quelque peu tranchants, mais ses bords externes sont arrondis et réguliers. Il n’y a pas de bordure médiale sur chaque lame, puisque les deux lames fusionnent médialement. De même, elles n’ont pas d’angle supéro-externe puisqu’elles fusionnent avec les pédicules sur ce même côté. L’angle inféro-externe et le bord inférieur de chaque lamelle s’étendent en un bloc osseux caractéristique appelé processus articulaire inférieur.


Chaque vertèbre possède quatre processus articulaires. Le processus articulaire supérieur se prolonge proximalement de chaque côté de la jonction entre la lame et le pédicule. Le processus articulaire inférieur se développe à partir de l’angle inféro-externe de la lame. Les processus épineux supérieurs et inférieurs gauches et droits constituent les caractéristiques des quatre processus. Les surfaces internes des processus épineux supérieurs et les surfaces externes des processus épineux inférieurs sont, sur un rachis en bon état, constituées d’os lisse recouvert de cartilage. Cette région constitue la facette articulaire de chaque processus articulaire.


À la jonction des deux lames, une étroite lamelle osseuse ressemblant de profil à une lame de hache (facilement saisissable entre le pouce et l’index) se projette postérieurement. C’est le processus épineux, ainsi nommé car il dessine dans d’autres régions rachidiennes des protubérances sous-cutanées évoquant l’épine dorsale de poissons et d’autres animaux. La base du processus épineux fusionne imperceptiblement avec les deux lames, mais présente par ailleurs des bords supérieurs et inférieurs libres ainsi qu’un bord postérieur plus large.


Le processus transverse, qui doit son nom à son orientation transverse, se projette latéralement à partir de la jonction entre le pédicule et la lame. Près de ses insertions pédiculaires, chaque processus transverse porte sur sa surface postérieure une petite aspérité irrégulière appelée tubercule accessoire. Les formes et tailles des tubercules accessoires varient de la simple saillie sur la partie dorsale du processus transverse à la protubérance osseuse plus prononcée, ou à une excroissance de longueur variable [1,2]. Quelle que soit sa forme réelle, le tubercule accessoire est identifiable en tant qu’unique protubérance de la terminaison proximale postérieure du processus transverse. L’observation de la vertèbre par derrière et par dessous le met plus en évidence (figures 1.2D et F).


Une observation minutieuse du bord postérieur de chaque processus articulaire révèle une autre aspérité qui diffère de son milieu par son aspect lisse. Il semblerait que cette structure ait été appelée processus mamillaire par les premiers anatomistes, du fait de sa ressemblance à un sein. Ce mot a pour origine latine mamilla qui signifie petit sein. Elle est localisée exactement au-dessus et légèrement en dedans du tubercule accessoire. Les deux processus sont séparés par une échancrure de profondeur variable portant le nom d’échancrure mamillo-accessoire.


Le réexamen de la structure de l’arc neural permet de remarquer que chaque arc est constitué de deux lames fusionnant médialement, soudées au dos du corps vertébral par l’intermédiaire des deux pédicules. Le processus épineux se projette postérieurement à partir de la jonction des lames avec les processus transverses. De chaque côté, les processus transverses se projettent à la jonction des lames avec les pédicules. Les processus épineux supérieurs et inférieurs se projettent à l’angle des lames.


Les autres caractéristiques des vertèbres lombales ne sont pas osseuses, mais sont constituées par des interstices et des échancrures. La vue supérieure de la vertèbre permet d’observer que l’arc neural et la partie postérieure du corps vertébral encerclent un espace du diamètre d’un doigt. Cet orifice, appelé foramen vertébral, sert entre autres de conduit pour les structures neurologiques recouvertes par la colonne vertébrale.


Vu de profil, on peut reconnaître deux échancrures au-dessus et au-dessous de chaque pédicule. L’échancrure supérieure est petite et bornée inférieurement par le sommet du pédicule, postérieurement par le processus articulaire supérieur, et antérieurement par la partie la plus haute du bord postérieur du corps vertébral. L’échancrure inférieure est plus profonde et plus prononcée. Elle repose derrière la partie la plus distale du corps vertébral ; sous le bord inférieur du pédicule, et en avant de la lame et du processus articulaire inférieur. La différence de taille de ces échancrures peut être utilisée pour identifier correctement les parties supérieures et inférieures d’une vertèbre lombale. L’échancrure inférieure sera toujours celle qui sera la plus profonde et la plus apparente.


Mis à part l’aide qu’elles apportent dans l’orientation de la vertèbre lombale, ces échancrures n’ont pas de signification fondamentale et ne portent pas de nom. Cependant, lorsque deux vertèbres adjacentes sont articulées l’une à l’autre (voir figure 1.7), les encoches supérieures et inférieures forment ce que l’on appelle le foramen intervertébral dont l’anatomie est décrite plus en détail au chapitre 5.


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 1: Vertèbre lombale

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