1: Prérequis: définitions et rappel d’anatomie fonctionnelle

Chapitre 1 Prérequis


définitions et rappel d’anatomie fonctionnelle


Malgré d’incontestables avancées, des imprécisions et des ambiguïtés persistent. Elles compliquent la compréhension et doivent être rapidement levées. Ces difficultés concernent surtout les définitions qui n’ont pas toujours, dans les diverses publications, la même signification.



DÉFINITIONS


Le terme de cou de pied (CdeP) est utilisé pour l’extrémité distale des deux os de la jambe (région supramalléolaire), l’articulation talo-crurale et le talus. Le pied est subdivisé en arrièrepied (ARP) fait du calcanéus, de l’articulation sous-talienne, du naviculaire, du cuboïde et de l’articulation médio-tarsienne, et en avant-pied (AVP) pour l’ensemble des structures distales à partir de l’interligne de Lisfranc (jonction tarso-métatarsienne) incluant les cunéiformes.


Certaines définitions concernant la position du pied manquent de précision ; elles sont parfois utilisées sous des acceptions différentes. Nous proposons d’utiliser invariablement les définitions suivantes :





Pronation (P) et supination (S) définissent les déplacements de l’avant-pied dans le plan frontal autour d’un axe antéro-postérieur horizontal passant par le 3e métatarsien (qui est fixe). La pronation (P) abaisse le 1er rayon ; elle accentue ainsi le cavus médial. La supination (S) horizontalise le 1er rayon et tend à créer un planus médial (figure 1.1). On conviendra par convention que la PS explore spécifiquement l’interligne de Lisfranc et le tarse antérieur. Pour le 1er métatarsien, il s’agit des interlignes cunéonaviculaires et cunéo-métatarsien. Pour les 4e et 5e métatarsiens, des articulations cuboïdo-métatarsiennes. En effet, si le 2e et le 3e rayons, étroitement encastrés à leur base, sont particulièrement fixes, les deux rayons latéraux et le rayon médial ont une importante mobilité dans le plan sagittal.


Pour ce dernier, il est vraisemblable que :




Physiologiquement, varus-valgus et supination-pronation sont couplés, le varus du talon entraînant passivement une supination de l’avant-pied et, inversement, le valgus, une pronation. Pour maintenir la plante à plat en toute circonstance, il existe des mécanismes actifs de compensation. Ainsi, pour une position donnée de varus talonnier, le maintien en appui harmonieux de l’ensemble des têtes métatarsiennes nécessite une pronation active du 1er rayon (figure 1.2). Inversement, un valgus de l’ARP implique dans les mêmes conditions une verticalisation du 1er métatarsien :




La nomenclature anatomique internationale est à l’origine d’une certaine confusion :





Nous retiendrons bien entendu, comme il se doit, la nomenclature internationale pour l’ensemble des termes anatomiques. Nous conserverons les dénominations habituelles consacrées par l’usage pour la définition des pathologies.



 


RAPPEL D’ANATOMIE FONCTIONNELLE


Dans un souci de clarté, ne sont rappelées ici que des notions de base. Ce ne sont que de commodes moyens mnémotechniques destinés à faciliter l’examen clinique et la compréhension étiopathogénique.


Le pied est l’organe de contact avec le sol. Il a ainsi une double fonction, statique et dynamique.



Fonction statique


Elle permet la répartition homogène des pressions provoquées par le poids du corps grâce à une organisation particulière du squelette osseux et des tissus mous. L’appui plantaire s’effectue sur une aire triangulaire à sommet postérieur (appui talonnier) et à base antérieure, la barre d’appui métatarsienne.


Les bords collatéraux de ce triangle définissent les arches antéro-postérieures ; l’arche médiale est creuse (cavus interne), l’arche latérale plate, en contact avec le sol. Les arches réalisent des poutres composites faites de pièces osseuses quadrilatères, assemblées par des articulations congruentes et de solides ligaments particulièrement développés à la plante. L’un d’entre eux, le ligament calcanéo-naviculaire plantaire (« spring ligament ») a un rôle considérable. Recouvert de cartilage, il soutient passivement la tête du talus entre le sustentaculum tali et le naviculaire (figure 1.4). Ce ligament est protégé par le muscle tibial postérieur (TP). En chaîne fermée, la contraction du tibial postérieur s’oppose, par appui naviculaire, à la bascule plantaire de la tête talienne. Il assure, à la façon d’un hamac actif, la protection dynamique du « spring ligament ». Ce mécanisme de protection activo-passive est sous la dépendance de la sensibilité profonde et de la voie réflexe proprioceptive. L’entrait fibromusculaire qui sous-tend les arches relève d’un processus identique par action conjuguée des formations fibro-aponévrotiques et des muscles intrinsèques plantaires (complexe suro-calcanéo-pédieux). Ces arches ont un rôle majeur d’amortissement et d’adaptation aux irrégularités du sol.



La zone d’appui postérieure correspond au contact de la tubérosité postérieure du calcanéus avec le sol. Physiologiquement, dans le plan frontal, le talon est incliné à 5 degrés de valgus par rapport à l’axe jambier.


La barre d’appui métatarsienne (BAM) correspond à l’appui simultané des cinq têtes métatarsiennes. Les têtes répondent à un double alignement. De profil, toutes les têtes appuient simultanément. Dans le plan dorso-plantaire, la présence d’une arche antérieure anatomique impose, pour préserver l’homogénéité de l’appui distal, un alignement particulier des têtes grâce à la longueur adaptée de chaque rayon métatarsien. Les travaux de M. Maestro ont permis de préciser cet alignement et de déterminer des canons où, idéalement 1er et 2e métatarsiens sont d’égale longueur alors que les métatarsiens latéraux décroissent régulièrement ; le différentiel de longueur augmentant pour chaque rayon latéral selon une progression géométrique de raison 2 (figure 1.5). Globalement, si la charge de chacune des têtes latérales est identique, celle de l’hallux est le double de ses voisines.



Cette structure ostéoarticulaire composite est protégée par des tissus mous dont l’organisation est orientée vers l’amortissement et la répartition de la charge. Cet agencement intéresse la peau et le tissu cellulaire sous-cutané.


L’épiderme est particulièrement épais avec une couche cornée très réactive, de sorte qu’en regard des zones d’appui se développe une hyperkératose protectrice. Les plans profonds sont richement vascularisés et innervés. Cette richesse neurovasculaire est dirigée vers la protection des agressions traumatiques. La qualité de la vascularisation explique le haut potentiel de cicatrisation des plaies plantaires. L’organisation sensitive, superficielle et profonde, est la caractéristique la plus importante. La sensibilité superficielle, par des terminaisons intraépidermiques libres et des corpuscules à adaptation rapide, est le dispositif d’alerte des agressions aiguës. La sensibilité profonde, par les mécanorécepteurs terminaux des grosses fibres myéliniques, assure la protection contre les microtraumatismes chroniques, à la jonction dermo- épidermique. Elle maintient la cohésion des différentes couches cutanées, sollicitées par les contraintes en cisaillement. Elle préserve l’intégrité cutanée en présence de microtraumatismes répétés ou de situations bio mécaniques à l’origine de contraintes de friction (pourvoyeuses de fissurations intradermiques ou de décollements cutanés).


Le revêtement cutané recouvre un plan cellulo-adipeux dont l’épaisseur et la structure sont adaptées à la charge. Ainsi, au niveau de l’appui talonnier et de la barre d’appui métatarsienne, se définissent des capitons qui protègent les structures osseuses des agressions mécaniques. En superficie, ces capitons sont indissociables du plan cutané. En profondeur, ils sont également solidement ancrés sur les structures osseuses par des cloisons fibreuses verticales. Ces cloisons segmentent le plan sous-cutané en un certain nombre de loges de contenu cellulo-graisseux lâche. Ces structures composites réalisent des structures viscoélastiques à effet d’amortissement (voir figure 1.4) :




Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 1: Prérequis: définitions et rappel d’anatomie fonctionnelle

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access