Chapitre 1 Moyens et objectifs de l’anatomie pathologique en médecine
Savoir préciser la place de l’anatomie pathologique dans la démarche médicale.
Connaître et savoir donner des exemples des différents types de prélèvements cytologiques.
Connaître et savoir donner des exemples des différents types de prélèvements tissulaires.
Connaître les différentes étapes techniques qui vont permettre l’analyse microscopique d’un prélèvement cellulaire.
Connaître les différentes étapes techniques qui vont permettre l’analyse microscopique d’un prélèvement tissulaire.
Connaître les principes de la fixation cellulaire/tissulaire.
Connaître les principes (apports et limites) d’un examen cytopathologique.
Connaître les principes (apports et limites) d’un examen extemporané.
Historique
En 1799, publication du Traité des membranes par Bichat.
En 1819, publication du Traité de l’auscultation médiate par Laennec.
Il s’agissait d’une auscultation au moyen d’un cylindre, précurseur du stéthoscope.
Place de l’anatomie pathologique en médecine
Démarche diagnostique
Buts de l’anatomie pathologique dans la pratique médicale
Le rôle de l’anatomocytopathologie est de contribuer à :
• élaborer le diagnostic par la démarche anatomoclinique : les lésions sont analysées et décrites dans un compte-rendu, puis l’anatomopathologiste doit intégrer l’ensemble des faits morphologiques et des renseignements cliniques pour, en conclusion du compte-rendu, affirmer un diagnostic ou proposer une hypothèse diagnostique ;
• préciser le pronostic en apportant des éléments utiles, en particulier dans le domaine de la pathologie tumorale ;
• évaluer l’effet des thérapeutiques : les examens anatomocytopathologiques sont renouvelés au cours d’un traitement afin de juger de la disparition, de la persistance ou de l’aggravation des lésions.
Différents types de prélèvements
Prélèvements cytologiques
Les cellules isolées, ou les petits amas cellulaires, peuvent être obtenus de diverses façons :
• recueil des liquides spontanément émis (urine, expectoration, fistule, drain) ;
• raclage, brossage, écouvillonnage, aspiration de cellules desquamant spontanément (col utérin, bulle cutanéo-muqueuse, bronches, voies biliaires, aspiration après lavage bronchoalvéolaire) ;
• ponction à l’aiguille d’un liquide (épanchement de séreuse ou articulaire, liquide céphalo-rachidien, kyste, collection) avec ou sans contrôle écho-ou scannographique ;
• ponction à l’aiguille d’un organe ou d’une tumeur (ganglion, nodule thyroïdien ou mammaire) avec ou sans contrôle échographique ou scannographique ;
• apposition d’un tissu (pièce opératoire, biopsie) sur une lame.
Prélèvements tissulaires
Ils sont effectués selon trois modalités : la biopsie, les pièces opératoires et l’autopsie.
Biopsie
La biopsie consiste à prélever un fragment de tissu sur un être vivant en vue d’un examen anatomopathologique. Par extension, ce terme peut désigner le fragment tissulaire.
La biopsie peut être effectuée selon plusieurs modalités :
• par ponction à l’aide d’une aiguille coupante ou d’un trocart (foie, rein, os, etc.) : on obtient des cylindres de tissu de quelques millimètres à quelques centimètres de long (figure 1.1). Les ponctions sont effectuées « à l’aveugle » lorsque l’ensemble de l’organe est malade, ou sous repérage (échographie, scanner) lorsque la ponction doit être dirigée sur une lésion focale visible en imagerie ;
• par biopsie chirurgicale après anesthésie locale ou générale et sous contrôle de la vue : biopsie partielle, ou biopsie exérèse enlevant la totalité de la lésion ;
• au cours d’une endoscopie (pince montée sur l’endoscope) : fragments de 0,5 mm à 2 mm (figure 1.2).
La valeur des biopsies repose sur :
1. leur taille (ex : pour la recherche d’une artérite de Horton où les lésions sont segmentaires, une biopsie d’artère temporale représentative doit mesurer au moins 1,5 cm) ;
2. leur nombre : plus elles sont nombreuses, plus on a de chance de trouver du tissu tumoral, de rendre compte de l’hétérogénéité d’une tumeur et d’observer une lésion focale, mais importante pour le diagnostic ;
3. le choix de la zone biopsiée : éviter les zones nécrotiques ou hémorragiques ; sur la peau ou une muqueuse, éviter les prélèvements trop superficiels ; biopsier le ganglion ayant fait l’objet d’une ponction cytologique motivant la biopsie ;
4. la bonne préservation des tissus : ne pas étirer ou écraser les fragments, éviter le bistouri électrique « grillant » les tissus ;
5. le repérage topographique de biopsies multiples (flacons différents répertoriés).
Pièces opératoires
Les pièces opératoires : exérèse partielle ou complète d’un ou de plusieurs organes, séparés ou en monobloc (figure 1.3).
Techniques d’étude morphologique des prélèvements cellulaires et tissulaires
Enregistrement
1. l’identité du patient : nom, prénom(s), date de naissance, sexe ;
2. le siège, la date (jour et heure) et la nature du prélèvement (biopsie ou exérèse) ;
3. les circonstances cliniques et paracliniques qui ont motivé le prélèvement et éventuellement les hypothèses diagnostiques ;
4. l’aspect macroscopique ou endoscopique des lésions (un compte-rendu opératoire peut être utilement joint), éventuellement l’aspect d’imagerie, en particulier pour les tumeurs osseuses ;
5. les antécédents pathologiques du patient, en particulier, dans la mesure du possible, les antécédents d’examens anatomopathologiques effectués dans un autre laboratoire et la nature des traitements éventuellement administrés au malade ;
6. les nom et coordonnées du médecin prescripteur et du préleveur, et éventuellement ceux des autres médecins correspondants.
Techniques d’étude des cellules
Étalement des cellules sur des lames de verre
L’étalement est fait par le préleveur lors des cytoponctions d’organes, des frottis, écouvillonnage, brossages ou appositions. Ce geste simple doit être bien maîtrisé pour éviter un écrasement des cellules, ou des amas, en plusieurs couches peu interprétables (figure 1.4).
Cytocentrifugation sur lame de verre
Le liquide (naturel, ou d’épanchement, ou de lavage) est acheminé au laboratoire où il est centrifugé directement sur une lame de verre, sous forme de pastille (figure 1.5).
Fixation des étalements
Elle se fait soit par simple séchage à l’air pour la coloration de May-Grünwald-Giemsa (figure 1.6), soit par immersion dans l’alcool-éther, ou par application d’un aérosol de laque fixante pour les colorations de Harris-Schorr, ou de Papanicolaou (frottis cervico-utérins notamment [figure 1.7]).
• fixation des frottis cervico-utérins par le médecin préleveur ;
• acheminement rapide d’un liquide à l’état frais au laboratoire ;
• et coloration au MGG sans délai excessif de lames séchées à l’air.
Étalement des cellules en monocouche
Cette technique moins répandue consiste à recueillir les cellules par ponction (séreuse, organe plein…), ou par frottis (col utérin) et à les transmettre au laboratoire dans un liquide conservateur. Les cellules présentes dans le flacon du fixateur sont ensuite remises en suspension et éventuellement soumises à une dispersion par gradient de densité. Ensuite on effectue un processus de concentration (par filtration et/ou centrifugation). Enfin, les cellules sont transférées en couche mince sur une lame et sur une pastille de taille déterminée.
Techniques d’étude des tissus
La technique de base comporte plusieurs étapes : la fixation, l’inclusion en paraffine, la confection de coupes et leur coloration. Avant la fixation, il est possible d’effectuer sur le tissu frais des appositions sur lames pour une étude cytopathologique, et des prélèvements pour des techniques particulières :
• la fixation adaptée à la microscopie électronique ;
• la mise en culture pour étude cytogénétique, ou en suspension cellulaire pour étude par cytométrie en flux.
Étude macroscopique
L’examen macroscopique détaillé est une partie essentielle de l’étude d’une pièce opératoire : la pièce est examinée, mesurée, pesée, palpée puis disséquée (figure 1.8). Chaque lésion est repérée sur un schéma et éventuellement photographiée. Ces constatations sont confrontées aux documents cliniques et/ou radiologiques, ce qui souligne l’importance des renseignements écrits fournis par le médecin clinicien. En cas de pièces opératoires complexes (exérèse monobloc de plusieurs organes, ou pièce de résection selon une méthode non conventionnelle), le chirurgien devra adresser la pièce avec des indications de repérage topographique. Il peut être utile de marquer les berges d’une pièce de résection de tumeur avec une encre indélébile : ceci ne nuit pas à l’étude histologique et permet d’apprécier exactement la distance entre la tumeur et la limite chirurgicale de la pièce (figure 1.9).