Chapitre 1. Les préalables
L’institution
La question de la mise en place des ateliers à médiations doit être posée en équipe pluriprofessionnelle. Si certaines activités sont du rôle propre infirmier3, la co-animation avec d’autres professionnels (ergothérapeute, psychomotricien par exemple) pose la question de la prescription médicale car ceux-ci n’exercent que sur prescription.
Néanmoins, si deux soignants même « autorisés » par un décret du CSP décident de mettre en place une activité sans que cette activité soit portée et reconnue par leurs collègues, quels que soient la qualité de l’animation et le dynamisme des soignants, il y a fort à parier que les effets seront limités. Il nous paraît nécessaire d’évaluer l’implication de l’institution, du service, puis de l’équipe autour de ces activités.
L’activité doit être considérée par l’institution et par les professionnels comme un temps soignant. L’effet thérapeutique de l’activité n’est pas réduit au temps de l’activité. Il dépend aussi de ce qui en est repris en dehors du temps de l’activité lui-même. Il ne doit pas s’agir d’une simple parenthèse dans la prise en charge, mais d’une partie d’un travail pluriprofessionnel qui s’articule autour d’autres actions thérapeutiques. Il est nécessaire lorsque l’on projette la mise en place d’un atelier, de penser dès le départ aux nécessaires articulations avec l’institution.
Pour que cette activité puisse être connue et reconnue, l’infirmier devra prendre le temps de l’écriture. Écrire un projet permet de poser ses idées, de les affiner, de les confronter au regard de l’autre. Il permet aussi de laisser date dans l’histoire de l’institution et de pouvoir s’y référer.
L’institution, outre son rôle de structuration des prises en charge, est le lieu de « dépôt » de la part d’un certain nombre de patients, de « petits morceaux » d’eux-même, de leur histoire, de leurs difficultés, de leur maladie. Dépôts qui se feront au gré des rencontres avec des soignants, au sein des groupes fréquentés. De tout cela, seul un fonctionnement institutionnel cohérent arrivera à en faire du soin. Tout se passe « comme si l’institution était un lieu de rassemblement pour l’image du corps des personnes psychotiques. Et si la constellation thérapeutique en est la conséquence instituante, la constellation transférentielle en sera l’extracteur logique, la conséquence instaurante »4.