1: L’ECG des patients en bonne santé

1 L’ECG des patients en bonne santé



En ce qui concerne les objectifs de ce chapitre, nous supposerons que le patient chez qui l’ECG a été enregistré est asymptomatique, et que l’examen physique n’a révélé aucune anomalie. Il nous faut prendre en considération la fourchette de normalité de l’ECG, mais bien entendu, nous ne pouvons éviter le fait que toutes les affections ne provoquent pas nécessairement des symptômes ou des signes anormaux, et qu’un sujet qui semble en bonne santé peut ne pas l’être en réalité et peut par conséquent présenter un ECG anormal. En particulier, les individus qui se présentent pour un « bilan » peuvent fort bien accuser des symptômes pour lesquels ils n’ont pas consulté de médecin, c’est pourquoi on ne peut affirmer qu’un ECG obtenu à partir d’un bilan de santé provient d’un sujet réellement en bonne santé.


La fourchette de normalité de l’ECG est par conséquent discutable. Nous aurons d’abord à considérer les variations de l’ECG que l’on peut s’attendre à trouver chez les sujets en parfaite santé, puis il nous faudra réfléchir à la signification des tracés qui sont indubitablement « anormaux ».





LA FRÉQUENCE CARDIAQUE


Il est difficile de définir une fréquence cardiaque normale, et les termes « tachycardie » et « bradycardie » doivent être utilisés avec prudence. Il n’existe pas de niveau au-dessus duquel la fréquence cardiaque en rythme sinusal doit être nommée « tachycardie sinusale » ni de limite supérieure pour la « bradycardie sinusale ». Néanmoins, les fréquences inopinées trop rapides ou trop lentes se doivent de recevoir une explication.






L’ONDE P


Lorsque le rythme est sinusal, l’onde P est normalement positive dans toutes les dérivations excepté en VR. Lorsque le complexe QRS est à prédominance négative en VL, l’onde P peut également être inversée (figure 1.6).



Une onde P échancrée ou bifide est le témoin d’une hypertrophie auriculaire gauche (HAG), et des ondes P pointues sont en faveur d’une hypertrophie auriculaire droite (HAD) – mais des ondes P bifides ou pointues peuvent aussi s’observer sur l’ECG de cœurs normaux.


Chez les patients porteurs d’une dextrocardie, l’onde P est inversée en Dj (figure 1.7). En pratique, ceci s’observe souvent lorsque les dérivations des membres n’ont pas été correctement fixées, mais la dextrocardie peut être identifiée si les dérivations V5 et V6, qui normalement « regardent » le ventricule gauche, montrent un complexe QRS orienté vers le bas de manière prédominante.







Si l’ECG d’un patient porteur de dextrocardie est enregistré en inversant les dérivations des membres, et si les dérivations thoraciques sont placées sur l’hémithorax droit à la place de l’hémithorax gauche, aux places correspondantes, l’ECG reprendra alors l’aspect de celui d’un sujet normal (figure 1.8).









LE COMPLEXE QRS



L’AXE CARDIAQUE


Il existe une assez large fourchette de normalité en ce qui concerne la direction de l’axe électrique du cœur. Chez la plupart des individus, le complexe QRS est plus ample en DII, mais, dans les dérivations DI et DIII, le complexe QRS est également positif dans la majorité des cas (en d’autres termes, l’onde R est d’amplitude supérieure à l’onde S) [figure 1.10].



L’axe cardiaque est encore parfaitement normal lorsque l’onde R et l’onde S sont d’égale amplitude en DI : cet aspect est habituel chez les sujets de petite taille (figure 1.11).



Lorsque l’onde S est plus ample que l’onde R en DI, l’axe est dévié vers la droite. Toutefois, cet aspect est très fréquent chez des sujets parfaitement normaux. L’ECG de la figure 1.12 a été enregistré chez un footballeur professionnel.



Il est fréquent que l’onde S soit plus ample que l’onde R en DIII, et l’axe cardiaque peut encore être considérée comme normal si l’onde S est d’amplitude identique à l’onde R en DII. Ces aspects sont habituels chez les sujets obèses ainsi qu’au cours de la grossesse (figure 1.13).



Lorsque la profondeur de l’onde S excède la hauteur de l’onde R en DII, il y a déviation axiale gauche (voir la figure 2.26).











LA DIMENSION DES ONDES R ET S DANS LES DÉRIVATIONS PRÉCORDIALES


En V1, on doit observer une petite onde R et une onde S profonde, et la balance entre les deux doit évoluer progressivement lorsque l’on se dirige de V1 à V6. En V6, on doit trouver une grande onde R et l’onde S doit être absente (figure 1.14).



Typiquement, la « zone de transition », lorsque R et S sont d’amplitude identique, s’observe en V3 ou V4, mais il existe en réalité un assez grand nombre de variantes. La figure 1.15 montre un tracé sur lequel la transition se trouve entre V3 et V4.







La figure 1.16 montre un tracé ECG comportant une zone de transition située entre V4 et V5.



La figure 1.17 montre un tracé ECG comportant une zone de transition située entre V2 et V3.



La zone de transition se situe typiquement en V5 ou même V6 chez les patients qui sont atteints d’une affection respiratoire chronique (voir le chapitre 4), et cet aspect prend le nom de « rotation horaire ». Dans les cas extrêmes, l’électrode précordiale doit être placée sur la ligne axillaire postérieure, voire plus en arrière (dérivations V7-V9) avant que ne survienne la transition. Un aspect ECG identique peut s’observer chez les patients ayant une morphologie thoracique anormale, en particulier lorsqu’une dépression du sternum déplace le médiastin vers la gauche, quoique, dans ce cas, le terme « rotation horaire » ne soit pas utilisé. Le patient chez qui le tracé ECG de la figure 1.18 a été enregistré était porteur d’une déformation du médiastin.


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May 31, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 1: L’ECG des patients en bonne santé

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