1: Introduction

Chapitre 1 Introduction



Analyser le col utérin, c’est découvrir une belle et grande histoire puisque c’est celle de la Femme dans toute son aventure génitale que l’on peut y lire comme véritablement à livre ouvert.


En effet, l’analyse détaillée des structures histologiques du col va permettre d’y retrouver tous les stigmates des différents chapitres de cette histoire naturelle, ponctuée par tant d’étapes qui resteront inscrites sur le col de chaque femme comme sur un journal intime rédigé à son insu. Il a fallu des siècles à la science gynécologique pour savoir décrypter ces signes, et nous allons essayer aujourd’hui, au fil de ces pages, d’en dévoiler tous les secrets.


La colposcopie, comme l’indique son étymologie grecque, consiste à regarder par ou dans le vagin. Elle ne consiste donc pas à explorer seulement le col, comme la syllabe « col » de colposcopie le laisse souvent croire à l’oreille profane (alors que colpos veut dire vagin en grec), mais à examiner tout le défilé cervicovaginal, l’examen pouvant s’étendre à la vulve par une vulvoscopie comme complément logique.


Les objectifs de la colposcopie sont au nombre de trois :



La réalisation pertinente d’un examen colposcopique précis est un prérequis fondamental pour traiter correctement une lésion cervicale, le risque d’un « sur-traitement » étant une exérèse excessive de tissu cervical sain, avec des répercussions obstétricales potentielles évidentes, alors que le « sous-traitement » serait inadmissible en termes carcinologiques et aurait des implications dramatiques pour la patiente.


On comprend dès lors que le gynécologue colposcopiste doit être, dans l’idéal, le praticien en charge de la patiente, donc assurant la réalisation du geste chirurgical complémentaire (cette notion d’opérateur rodé à la pratique colposcopique diagnostique sera d’ailleurs étayée dans le chapitre 15 dédié à la démarche qualité).


L’exploration colposcopique s’intègre donc dans une démarche diagnostique et thérapeutique qui, à notre sens, ne doit pas être un examen ultraspécialisé, mais un outil destiné à s’adresser au plus grand nombre.


Nous étudierons successivement les principes de cet examen, sa méthodologie, c’est-à-dire l’application pratique des principes initialement exposés, puis les bases anatomopathologiques des images ainsi générées.



Principes


« Regarder » un tissu, c’est en fait voir son chorion à travers le vernis translucide donc invisible de l’épithélium de surface. Or, la pathologie recherchée étant épithéliale, il convient de trouver des subterfuges pour « révéler » ces épithéliums.


Au niveau du col et du vagin, le chorion apparaît rose foncé (ou rouge clair), nettement visible avec ses vaisseaux arborescents, les épithéliums étant particulièrement transparents (le malpighien car non kératinisé et le cylindrique car mince et non stratifié). Le principe de la colposcopie va donc consister à jouer avec la transparence des épithéliums grâce à des réactifs tels que l’acide acétique (AA) et l’iode.


Chaque réactif modifiant l’aspect épithélial génère des images qui lui sont propres (à l’acide acétique : acidophilie, ponctuations, mosaïque, etc. ; au Lugol : iodo-négativité, aspects inhomogènes, images ponctuées, etc.), mais le regroupement des images ainsi créées par les deux colorants permet la constitution de tableaux ou complexes colposcopiques cernant au plus près les diagnostics.


Toutefois, il faut insister sur le fait que cet examen colposcopique n’apporte pas un diagnostic lésionnel et encore moins histologique. Le prolongement logique et obligatoire est représenté par le prélèvement biopsique qui viendra confirmer l’impression de l’imagerie et c’est l’objectif primordial de la colposcopie que d’orienter les biopsies et d’être ainsi au centre du trépied cyto-colpo-histologique que nous détaillerons.



Méthodologie


Afin de « révéler » un épithélium translucide, deux réactifs sont à notre disposition.




Lugol




Cette préparation donne une concentration dite à 2 %.


La solution de Lugol étant iodée, quelques questions peuvent se poser quant à son utilisation dans certaines conditions. Chez les patientes allergiques à l’iode, il est préférable de considérer qu’il y a contre-indication. Chez la femme enceinte, par contre, il est prouvé qu’il n’existe pas de retentissement sur la thyroïde fœtale et son utilisation est autorisée.


L’iode a pour effet de colorer le glycogène intracellulaire en brun foncé, volontiers dénommé brun acajou.


Dans un épithélium malpighien normal, la maturation cellulaire se caractérise par une charge en glycogène et le Lugol teinte donc fortement l’épithélium normal. Cette coloration persiste environ 15 minutes.


Les épithéliums pathologiques, tels qu’on les rencontre dans une métaplasie immature ou une dysplasie, ne maturent pas, donc « ne chargent pas » en glycogène. Ces tissus restent iodo-négatifs (figure 1.3).


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Jul 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 1: Introduction

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