Chapitre 1 Embryologie et histologie mammaire
Généralités
La glande mammaire caractérise la classe des mammifères et s’impose comme un important symbole de féminité primitive. Il s’agit d’une glande exocrine apparentée à une glande sudorale hyperspécialisée dont le lait serait une variété de sueur.
On a coutume de considérer que le nombre de glandes mammaires est fonction du nombre de petits qu’un mammifère peut engendrer. Pourtant, cette règle autorise quelques exceptions. On retrouve chez certaines espèces quatre à six glandes pour un seul descendant.
Une compréhension détaillée du développement embryologique ainsi que de la structure histologique mammaire conditionne les capacités d’évaluation et de pratique chirurgicale. L’objectif est d’optimiser les paramètres nécessaires au meilleur résultat fonctionnel et esthétique, que ce soit pour des pathologies malformatives, dégénératives ou néoplasiques.
Embryohistogenèse
Dès la 4e semaine de gestation, on constate l’apparition de deux épaississements ectoblastiques disposés de façon symétrique sur la paroi ventrale de l’embryon : les crêtes mammaires (figure 1.1). Elles s’étendent de la région axillaire au pli inguinal. À partir de la 6e semaine, ces crêtes ont presque intégralement régressé après avoir donné de cinq à sept nodules épithéliaux : les bourgeons mammaires (voir figure 1.4). Sur chaque crête vont se développer un ou plusieurs bourgeons en fonction du nombre de petits par portée, et chaque bourgeon va engendrer une glande mammaire.
Dans l’espèce humaine, un seul bourgeon va persister de chaque côté. Cependant, des bourgeons surnuméraires peuvent persister et être à l’origine de malformations : la polymastie (figure 1.2), pathologie relativement rare qui consiste en un développement de mamelles surnuméraires, et la polythélie (figure 1.3), qui se limite au développement de plaques aréolomamelonnaires surnuméraires, la localisation la plus fréquente étant juste en dessous du sein normal. Les mamelons surnuméraires sont aussi fréquents chez l’homme que chez la femme.
Les crêtes mammaires sont caractérisées par un épithélium unistratifié d’origine ectoblastique présentant une zone de stratification épithéliale qui forme un tubercule.
Le bourgeon mammaire est enchâssé dans le fascia superficialis. À partir de ce bourgeon prolifèrent des cordons épithéliaux qui s’enfoncent progressivement dans le mésenchyme sous-jacent. On compte entre 15 et 20 cordons épithéliaux qui figurent chacun une ébauche de glande mammaire. Un gradient de différenciation va être à l’origine d’un développement maximal dans la région centrale qui va s’épuiser progressivement en périphérie. Dix à 12 glandes uniquement vont se développer en s’arborisant ; les autres, plus périphériques, vont s’interrompre dans leur développement et involuer. La ramification épithéliale continue à s’effectuer vers la profondeur et entraîne une minuscule invagination du point original : la dépression mammaire. Ce développement est continu tout au long de la vie fœtale puis pendant l’enfance, aussi bien chez l’homme que chez la femme, car il est hormono-indépendant.
Aux alentours de 9 ans, la prolifération s’épuise chez l’homme. Chez la femme, l’action des estrogènes en faible concentration autorise une poursuite de la prolifération épithéliale bien avant l’apparition des premières règles (figure 1.4). La croissance de la glande va partitionner le fascia superficialis en deux feuillets antérieur et postérieur. En avant, la glande demeure suspendue au derme par les ligaments de Cooper. Progressivement, la plaque aréolomamelonnaire va faire saillie, se pigmenter et s’étaler en surface, parallèlement à l’augmentation de volume de la glande mammaire. De temps à autre, le mamelon restera invaginé.

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Full access? Get Clinical Tree

