1 Cathéter artériel pulmonaire (cathéter de Swan-Ganz)
Principe de fonctionnement
mesurer les pressions dans la circulation pulmonaire et le débit cardiaque par thermodilution ;
calculer les paramètres d’oxygénation périphérique grâce à la mesure des gaz du sang veineux mêlé dans l’artère pulmonaire.
Les pressions mesurées sont transmises le long :
Matériel (figure 1.1)
la lumière distale (voie jaune), avec à son extrémité un ballonnet gonflable en latex permettant de guider la progression du cathéter, au fil du flux sanguin, sert :
la lumière du ballonnet (voie rouge) permet le gonflement du ballonnet ;
la lumière proximale (voie bleue) sert à :
la lumière pour le capteur de température nécessaire à la mesure du débit cardiaque. Il est équipé d’une thermistance située à 4 cm de l’extrémité distale qui mesure les variations instantanées de la température dans l’artère pulmonaire, à partir desquelles sera obtenu le DC selon le principe de thermodilution. L’embout de la thermistance est relié au moniteur par un câble électrique.
Figure 1.1 Structure générale du cathéter artériel pulmonaire.
Chaque fine marque noire représente 10 cm. Chaque gros trait noir représente 50 cm.
Procédure de mise en place
Pose du cathéter
Mise en place par voie transcutanée au lit du malade dans les mêmes conditions d’asepsies chirurgicales qu’une pose de VVC.
Ponction veineuse par méthode de Seldinger : après avoir ponctionné la veine avec l’aiguille, et introduit le guide dans la lumière, on retire l’aiguille et on glisse l’ensemble perforateur–gaine (désilet ou introducteur) sur le guide ; perforateur et guide sont ensuite retirés. N.B. : la voie de perfusion du désilet servira si nécessaire à la perfusion des catécholamines. Visser la seringue sur la lumière du ballonnet et tester son intégrité en le gonflant (maximum 1,5 cc d’air).
Set de pression sur la voie distale
Monter le set de pression sur la voie distale (ligne PAP = voie jaune) et la purger entièrement avec du sérum physiologique.
Installer et purger la voie proximale (ligne OD = voie bleue) avec du sérum physiologique.
Après avoir purgé toutes les voies, brancher la lumière distale au moniteur de pression.
Brancher l’ensemble des câbles des têtes de pression (Art, PAP) sur les connecteurs du module.
Effectuer le « zéro »
Mettre la tête de pression au niveau du point phlébostatique du patient ( « zéro de référence » ).
Optimiser l’échelle de pression.
Tester le signal en tapotant doucement l’extrémité du cathéter : un signal doit apparaître sur le scope.
Glisser le cathéter à travers la chemise de protection (enfiler la « chaussette ») puis à travers la valve antireflux de l’introducteur.
S’assurer que le patient est bien à plat (et non en Trendelenburg) à ce moment pour faciliter la progression du cathéter dans une zone III de West.
Montage de la sonde
Maintenir l’introducteur entre le pouce et l’index gauches, le cathéter entre le pouce et l’index droits.
Introduire le cathéter dans le flux sanguin vers les cavités droites, ballonnet distal dégonflé, tout en surveillant l’aspect de la courbe de pression mesurée à l’extrémité distale de la sonde. S’arrêter à 20 cm. Vérifier sur le scope si vous avez un tracé veineux intelligible : l’apparition sur cette courbe d’oscillation en rapport avec la fréquence respiratoire signifie que l’extrémité du CAP se situe dans une veine endothoracique.
Gonfler alors le ballonnet dès l’oreillette droite avec 1,5 mL d’air, facilitant la progression du cathéter jusque dans l’artère pulmonaire (emporté par le courant sanguin).
Puis avancer progressivement le CAP, ballonnet gonflé, en vous guidant sur la morphologie des courbes de pression pour repérer la cavité dans laquelle se situe l’extrémité de la sonde. Observer l’apparition successive sur le moniteur de pression des courbes caractéristiques (voir figure 1.2) :
N.B. : s’aider des repères marqués sur le cathéter artériel pulmonaire (tableau 1.1).
Surveiller en permanence dans le même temps le tracé électrocardiographique, la progression de la sonde pouvant induire des troubles du rythme (le passage dans le VD étant très arythmogène).
Site de ponction veineux | Destination | Distance (cm) |
---|---|---|
Jugulaire interne droite | OD | 20 |
VD | 20–35 | |
AP | 40–45 | |
PAPO | 50 | |
Sous-clavière (D et G) | Idem | |
Jugulaire interne G | + 10 | |
Fémorale | + 15 |
Dernière étape de la progression du CAP : lorsqu’il est gonflé dans une branche distale de cette artère, il en obstrue la lumière et on obtient une courbe de PAPO, d’aspect semblable à une courbe de pression d’oreillette gauche (POG) et très proche de l’aspect d’une courbe de POD.
Une fois cette courbe obtenue, s’assurer du bon positionnement du CAP en dégonflant le ballonnet, ce qui doit faire réapparaître la courbe de PAP.
Si le patient est sous héparine, ne pas aller jusqu’en capillaire (si rupture d’AP → hémostase impossible). En principe ne jamais aller au-delà de 55 cm pour un abord jugulaire interne classique (tableau 1.1).
Ne jamais purger le conduit distal !
En cas de retrait du cathéter : ne pas forcer lors d’une résistance !
Rappelez-vous qu’en cas d’insuffisance mitrale, vous pouvez ne jamais obtenir de tracé de PAPO.
Déplier le manchon de protection pour qu’il entoure tout le cathéter artériel pulmonaire. Serrer les « écrous » solidarisant la « chaussette » au CAP.
Fixer l’introducteur à la peau. Pour certaines marques, il faut aussi fixer le bras latéral à l’introducteur de telle façon que les deux parties ne puissent pas se désolidariser. N.B. : la séparation de ces deux parties peut entraîner des embolies gazeuses ou l’exsanguination du patient.
Contrôler la position de la sonde par une RP de face (quotidienne) et éventuellement de profil.
Connecter les autres branches électriques de la sonde (thermistance et filament thermique selon le type de cathéters mis en place).
Brancher le câble du débit cardiaque au module : une désignation de paramètre DC accompagné de fenêtre s’affiche en général (une courbe DC s’affiche également lors de la procédure d’injection).
Assurer une surveillance ininterrompue du tracé de pression de l’AP. Un cathéter bloqué équivaut à une embolie pulmonaire et entraîne un risque mécanique sérieux (rupture ou dissection de l’artère pulmonaire).
Assurer une perfusion constante des orifices de l’AP, de l’OD et de l’introducteur.
Procédure de mesure
Faire le « zéro » de référence (= mise à zéro des pressions)
Préalable : éviter d’effectuer les mesures dans des conditions respiratoires instables (Vasalva, toux, asynchronisme entre patient et ventilateur).
Patient en décubitus dorsal strict.
Tête de pression au niveau de la ligne axillaire moyenne du malade.
Flusher les voies distales et proximales (AP = jaune et OD = bleue).
Tourner le robinet de la tête de pression en mettant celle-ci en communication avec l’air atmosphérique (robinet de la chambre de pression sur position Off vers le cathéter) en faisant mémoriser par le moniteur, comme étant égale à zéro, la pression enregistrée : appuyer sur la touche Zéro sur le tableau de commande du scope et vérifier que la référence zéro soit établie.
Remettre la tête de pression en fermant l’air atmosphérique.
Vérifier la qualité de la courbe : test de flush rapide = conformité du signal.