Cardiologie
ANGOR D’EFFORT STABLE (1)
Traitement de la crise test [1]
• Éducation indispensable du patient.
• Arrêt immédiat de l’effort déclenchant.
• Le patient doit s’asseoir ou s’allonger à cause de l’effet hypotenseur des dérivés nitrés.
• Administration sublinguale d’un dérivé nitré d’action immédiate, NATISPRAY 0,3 mg : 1 à 2 pulv. franches sous la langue sans inhaler.
• La crise doit céder en 2 à 5 min.
• La prise sublinguale peut être répétée après 5 min en cas d’inefficacité.
• Expliquer au patient la nécessité d’un traitement prophylactique avec prise de dérivés nitrés d’action immédiate avant d’effectuer un effort qu’il sait « anginogène ».
• Un dérivé nitré d’action immédiate doit être prescrit sur l’ordonnance de tout coronarien.
Traitement de fond [1]
Bêtabloquants
• En première intention en l’absence de contre-indication. Réduction de 66 % de la mortalité chez le coronarien stable.
• Ils sont particulièrement efficaces en cas de tachycardie sinusale, d’HTA ou d’hyperexcitabilité ventriculaire.
• Ils diminuent la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la contractilité, les 3 paramètres essentiels régulant les besoins en O2 du cœur.
• La posologie doit être suffisante pour permettre un blocage efficace des récepteurs β-adrénergiques, c’est-à-dire :
• Ne jamais interrompre le traitement β-bloquant brutalement : risque d’angor instable, d’infarctus du myocarde, de troubles du rythme et de mort subite.
• Exemples de posologie journalière :
Dérivés nitrés d’action prolongée
• Ils sont souvent prescrits en première intention en association avec les β-bloquants.
• Ils doivent être administrés à fortes doses pour surmonter l’effet de premier passage hépatique.
• Ils doivent couvrir la période douloureuse mais des fenêtres thérapeutiques sont nécessaires pour éliminer l’effet d’accoutumance.
• Les formes à libération prolongée sont particulièrement adaptées dans cette indication.
• Exemples de posologie journalière :
DÉRIVÉS NITRÉS D’ACTION IMMÉDIATE : FORMES PERLINGUALES
PROPRIÉTÉS
Résorption très rapide par voie perlinguale.
Trinitrine sublinguale : action en 1 à 2 min pendant 10 à 30 min.
Isosorbide dinitrate sublingual : action en 3 à 15 min pendant 1 h.
INDICATIONS
Traitement curatif de la crise d’angor.
Traitement préventif précritique de la crise d’angor.
Œdème aigu pulmonaire en complément des autres traitements usuels.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Grossesse et allaitement: innocuité non établie.
En cas de cyanose inexpliquée, faire doser la méthémoglobinémie.
EFFETS INDÉSIRABLES
Céphalées en début de traitement mais disparaissant progressivement.
Hypotension notamment chez le sujet âgé.
ANGOR D’EFFORT STABLE (2)
Inhibiteurs calciques
Non dihydropyridines : diltiazem (TILDIEM) et vérapamil (ISOPTINE)
• Inhibiteurs calciques bradycardisants.
• Réduisent la consommation en O2 du myocarde.
Les inhibiteurs calciques sont indiqués quand :
• Les β-bloquants sont contre-indiqués :
• L’angor est à forte composante spastique :
• L’association d’un β-bloquant et d’un dérivé nitré est insuffisante (angor d’effort sévère) :
• L’association dihydropyridine à longue durée d’action avec β-bloquant a l’AMM dans cette indication :
CHRONADALATE LP 30 mg : 1 cp./j + n’importe quel β-bloquant en prise simultanée matinale.
Activateurs des canaux potassiques
• Propriétés voisines de celles des dérivés nitrés.
• Effet antispastique, diminution de la pré-et de la post-charge, effet coronarodilatateur.
• Peuvent être prescrits en monothérapie ou en association avec un β-bloquant ou un inhibiteur calcique bradycardisant.
ADANCOR 10 ou 20 mg ou IKOREL 10 ou 20 mg : 5 mg × 2/j pendant 7 j puis 10 à 20 mg × 2/j.
Surveillance impérative quel que soit le traitement antiangineux de fond.
DÉRIVÉS NITRÉS D’ACTION IMMÉDIATE : FORMES PERLINGUALES
PROPRIÉTÉS
Action en 15 à 60 min mais prolongée de 4 à 24 h selon les produits et les formes galéniques.
INDICATIONS
Traitement de fond préventif des crises d’angor.
Traitement adjuvant de l’insuffisance cardiaque gauche sévère subaiguë.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
La posologie quotidienne doit être adaptée à l’efficacité et à la tolérance du patient.
Ne pas arrêter brutalement en cas de traitement prolongé et à fortes doses.
En cas de cyanose inexpliquée, faire doser la méthémoglobinémie.
EFFETS INDÉSIRABLES
Céphalées en début de traitement mais disparaissant progressivement.
Hypotension notamment chez le sujet âgé.
Vasodilatation cutanée avec érythème.
ANGOR D’EFFORT STABLE (3)
Antiagrégants plaquettaires
• Leur prescription est INDISPENSABLE à chaque coronarien.
• Ils préviennent les accidents thrombotiques (notamment coronaires mais aussi cérébraux).
ASPÉGIC 100 ou 250 mg : 1 sach./j.
En pratique [1]
Forme légère d’angor d’effort
• Crises peu fréquentes ne survenant que pour des efforts intenses.
• Il est recommandé de faire une épreuve d’effort lors de l’évaluation initiale. Si elle n’est pas concluante, une imagerie d’effort (ex : scintigraphie myocardique au thallium à l’effort ± dipyridamole) sera proposée.
• Il n’est pas recommandé de réaliser une épreuve d’effort lors de la surveillance d’un coronarien stable.
Forme sévère d’angor d’effort
• Angor d’effort pour lequel le traitement médical optimal reste inefficace.
• Une coronarographie se justifie (voir schéma ci-après).
• En cas de revascularisation impossible: indication à un traitement médical maximal, à savoir une trithérapie antiangineuse (dérivés nitrés retard, β-bloquants, inhibiteurs calciques) et antiagrégant plaquettaire.
• En cas de revascularisation possible: indication à une revascularisation myocardique par angioplastie coronaire transluminale ou par pontage aorto-coronaire.
DÉRIVÉS NITRÉS D’ACTION PROLONGÉE : FORMES PERCUTANÉES
CONTRE-INDICATIONS
Hypersensibilité aux dérivés nitrés. Cardiomyopathie obstructive. Hypertension intracrâ-nienne.
PRÉCAUTIONS D EMPLOI
Ne pas arrêter brutalement en cas de traitement prolongé et à fortes doses.
Enlever le système adhésif avant de réaliser un choc électrique externe.
En cas de cyanose inexpliquée, faire doser la méthémoglobinémie.
EFFETS INDÉSIRABLES
Réactions cutanées allergiques très rares.
Céphalées en début de traitement mais disparaissant progressivement.
Hypotension notamment chez le sujet âgé.
Vasodilatation cutanée avec érythème.
MOLÉCULES APPARENTÉES AUX DÉRIVÉS NITRÉS
ACTIVATEURS DES CANAUX POTASSIQUES
ANTIANGINEUX DIVERS
CONTRE-INDICATIONS
Hypersensibilité à l’ivabradine.
Bradycardie < 50/min, choc cardiogénique, hypotension artérielle < 90/50 mmHg.
IDM aigu, angor instable, BAV 3, IC NYHA III-IV.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Utilisation déconseillée en cas d’arythmie, de BAV 2 de bradycardie < 60/min, d’AVC récent.
EFFETS INDÉSIRABLES
Bradycardie, élévation uricémie et éosinophilie.
BAV 1, extrasystoles ventriculaires et supraventriculaires, palpitations.
Diarrhée, céphalées, vertiges, dyspnée.
INDICATIONS
Traitement prophylactique d’appoint des crises d’angine de poitrine.
Traitement d’appoint des atteintes vasculaires chorio-rétiniennes.
Traitement d’appoint des vertiges d’origine vasculaire, vertiges de Ménière, acouphènes.
BÊTABLOQUANTS – PHARMOCOLOGIE (1)
Différents bêtabloquants
• On distingue les β-bloquants :
• On distingue aussi les β-bloquants par:
• On distingue aussi les β-bloquants:
• Propriétés supplémentaires propres à certains β2-bloquants:
BÊTABLOQUANTS – PHARMOCOLOGIE (2)
Effets cliniques
INDICATIONS
– Hypertension artérielle (HTA).
– Prophylaxie des crises d’angor d’effort.
– Infarctus du myocarde à la phase aiguë.
– Traitement au long cours après infarctus (réduction des récidives ischémiques et de la mortalité essentiellement par mort subite).
– Insuffisance cardiaque chronique (carvédilol, métoprolol, bisoprolol, nébivolol). Cf. Insuffisance cardiaque.
– Traitement et prévention des tachycardies sinusales ou jonctionnelles, d’une cadence ventriculaire élevée dans les fibrillations et les flutters auriculaires. Traitement et prévention de certains troubles du rythme ventriculaires (extrasystolie ventriculaire, tachycardies ventriculaires).
– Signes fonctionnels des cardiomyopathies hypertrophiques et obstructives.
– Manifestations cardiovasculaires des hyper-thyroïdies.
– Traitement de fond des migraines, algies faciales et tremblements essentiels.
– Prévention primaire (grades II et III) et secondaire (tous grades) de l’hémorragie digestive par rupture de varices œsophagiennes (propranolol et nadolol).
CONTRE-INDICATIONS
Asthme et bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) sévères.
Insuffisance cardiaque décompensée, choc cardiogénique.
Blocs auriculoventriculaires (BAV) des 2e et 3e degrés non appareillés.
Maladie du sinus (y compris bloc sino-auriculaire).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Utiliser avec prudence en cas d’asthme ou de BPCO modérés : préférer un cardiosélectif.
Utiliser avec prudence en cas de BAV de 1er degré. Surveillance de l’ECG.
En cas de phéochromocytome, associer toujours un α-bloquant pour éviter une crise hypertensive.
Chez le sujet âgé : respect absolu des contre-indications et surveillance étroite.
Utiliser avec prudence en cas d’antécédent de choc anaphylactique.
Allaitement: passage dans le lait maternel. À éviter sauf le propranolol (passage très faible).
BÊTABLOQUANTS – PHARMOCOLOGIE (3)
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Association contre-indiquée : floctafénine (IDARAC).
Associations nécessitant des précautions d’emploi:
– Anesthésiques volatils halogénés.
– Inhibiteurs calciques : diltiazem, vérapamil; risque de bradycardie excessive. Avec les dihydropyridines, le risque est l’addition des effets inotropes négatifs des produits.
– Antiarythmique de classe Ia : surveillance clinique et ECG nécessaire.
– Baclofène (LIORÉSAL) : surveillance de la pression artérielle.
– Lidocaïne (XCYLOCARD, XYLOCAÏNE) : décrit pour le propranolol, métoprolol et nadolol.
– Produits de contraste iodés : réduction sous bêtabloquants des réactions cardiovasculaires de compensation en cas de choc allergique aux produits iodés.
– AINS, antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques, corticoïdes, méfloquine (LARIAM).
– Cimétidine et inducteurs enzymatiques : à utiliser prudemment avec les β-bloquants liposolubles.
ANTIAGRÉGANTS PLAQUETTAIRES (2)
PROPRIÉTÉS
– Aspirine : inhibition irréversible de la cyclo-oxygénase plaquettaire entraînant une absence de synthèse de thromboxane A2, activateur plaquettaire et vasoconstricteur.
– Ticlopidine et clopidogrel : inhibition irréversible de l’agrégation plaquettaire induite par l’ADP qui est un activateur plaquettaire.
– Flurbiprofène : inhibition réversible (24 h) de la cyclo-oxygénase plaquettaire entraînant un défaut de synthèse de thromboxane A2.
– Dipyridamole : inhibition de la phosphodies-térase plaquettaire entraînant une augmentation du taux d’AMPc intraplaquettaire.
Aspirine
– Traitement de l’IDM à la phase aiguë, throm-bolysé ou non (160 à 325 mg).
– Prévention secondaire post-IDM (160 à 325 mg).
– Angor stable et angor instable (160 à 325).
– Prévention des occlusions coronaires après pontage (325 ou plus), angioplasties ou stents (160 à 325 mg).
– Prévention des récidives d’accident isché-mique cérébral (75 à 1 300 mg).
– Prothèse valvulaire mécanique en association avec un traitement par AVK (100 mg).
– Fibrillation auriculaire (325 mg).
Ticlopidine
– Prévention des complications thrombotiques artérielles après un premier accident vasculaire cérébral lié à l’athérosclérose.
– Prévention des accidents ischémiques majeurs (ex. : coronariens) chez les patients souffrant d’une artérite des membres inférieurs.
– Contre-indication vraie à l’aspirine.
ANTIAGRÉGANTS PLAQUETTAIRES (3)
Particulières
Ticlopidine : antécédents hématologiques.
Flurbiprofène : insuffisance hépatocellulaire sévère, insuffisance rénale sévère.
Dipyridamole : à la phase aiguë d’un IDM.
ANGOR INSTABLE OU SYNDROME DE MENACE (1)
Définitions
• Angor crescendo: crises devenant plus fréquentes, plus longues, déclenchées par des efforts moindres et moins sensibles à la trinitrine chez un patient présentant auparavant un angor d’effort stable.
• Angor spontané: douleur angineuse de repos prolongé supérieure à 15 min.
• Angor de novo: angor d’apparition récente (< 1 mois) survenant au repos ou pour des efforts modérés.
Conduite thérapeutique [1]
• Hospitalisation en urgence en unité de soins intensifs cardiologiques après transport médicalisé type Samu.
• Repos au lit strict 48-72 h. Scope cardiaque et tensionnel.
• Voie veineuse périphérique G5 : 500 mL+ 2 g KCl + 3 g MgSO4 /24 h.
Traitement antithrombotique systématique
Il repose à la fois sur une anticoagulation efficace et sur une antiagrégation plaquettaire.