1: Aspect génétique

1 Aspect génétique



M. Houser




Influences pré- et néonatales



Influences prénatales


Phyllis Greenacre pense que la constitution, les expériences prénatales et la situation suivant immédiatement la naissance contribuent à créer une prédisposition à l’ angoisse ou préangoisse, différente de l’angoisse ultérieure en ce qu’elle manque de contenu psychologique et opère au niveau réflexe.


Il est bien certain que le fœtus est capable d’une grande variété d’activités puisqu’il remue, donne des coups de pieds, se retourne… manifestations que toute femme enceinte attend même avec une certaine impatience. On sait aussi que le fœtus réagit à des stimuli extérieurs par des mouvements accrus, une accélération du rythme cardiaque… par exemple lorsqu’un son fort et aigu, une sonnette électrique… se fait entendre près de la mère. De même le fœtus présenterait un accroissement considérable d’activité lorsque la mère passe par des périodes de graves épreuves émotionnelles, ce qui prouverait que l’état psychophysiologique de la mère exerce une influence sur le type de comportement du fœtus normal. Enfin celui-ci pourrait même crier in utero si, par accident, de l’air a été admis dans la cavité utérine.


Phyllis Greenacre interprète toutes ces réactions réflexes au malaise comme un fait prouvant qu’il existe, avant la naissance, un schème de conduite ressemblant à l’angoisse. Ce schème, encore influencé par la naissance et par les premières expériences postnatales, constitue, selon l’auteur, un potentiel organo-physiologique qui, s’il est particulièrement fort, peut avoir pour conséquence des réactions plus violentes aux dangers psychologiques survenant ultérieurement au cours de la vie.


D’autres auteurs avaient déjà démontré qu’il est même possible de conditionner le fœtus. Mais il est évident que nous ne sommes pas encore en mesure d’évaluer les effets du milieu prénatal sur le développement ultérieur de la personnalité. C’est donc à titre de simple anecdote, sans fondement scientifique réel, que nous citerons la pratique des Tziganes qui consiste, lorsque l’on veut produire un musicien de valeur, à lui faire « entendre » dès la vie intra-utérine des airs de violon joués par un maître à proximité du ventre de la mère.


Quant à Fodor, ses arguments sont essentiellement des reconstructions – d’une validité douteuse – basées sur les fantasmes et les rêves dits « rêves prénataux » faits par lui-même et ses patients. Selon cet auteur, l’aspect traumatique du milieu prénatal devrait être rapporté avant tout à la violence des rapports sexuels entre les parents. Enfin Fodor postule une « conscience organismique » dirigée vers un contenu et rendue possible par des communications de type télépathique entre la mère et le fœtus ; mais il est clair que l’existence de la télépathie comme moyen de communication reste une prémisse invérifiée.




Traumatisme de la naissance


On sait que c’est une notion à laquelle Otto Rank a attaché son nom. Cependant : c’est Freud qui, le premier, a souligné la signification psychologique de ce traumatisme de la naissance, faisant ressortir le danger contenu dans l’afflux initial d’excitations venues du monde extérieur lors de la sortie de l’organisme d’un milieu relativement calme et paisible pour se trouver submergé par la situation nouvelle. Le nouveau-né ne peut affronter ce danger de manière adéquate car il ne dispose encore d’aucun mécanisme de défense utilisable pour se protéger.


Cette situation de la naissance devient le modèle ou prototype de toute angoisse ultérieure, dont le facteur commun s’énonce donc à l’origine en termes de séparation biologique d’avec la mère mais qui, par la suite, se manifeste de façon plus psychologique et plus symbolique.


Et Freud tend à minimiser l’importance des accidents survenus au cours de la naissance, n’admettant pas que l’enfant puisse avoir à ce moment conscience de contenus réels : « Que représente un danger ? » écrit-il. Dans l’acte de naissance un danger objectif se présente pour la conservation de la vie ; nous savons ce que cela veut dire selon la matérialité des faits. Mais psychologiquement cela ne nous dit rien du tout. Le danger de la naissance n’a encore aucun contenu psychique » (Inhibition, symptôme et angoisse).


O. Rank au contraire donna à cette théorie, qu’il systématisa avec excès, un développement qui éloigna son auteur des conceptions classiques de la psychanalyse. Celui-ci fait en effet jouer au traumatisme de la naissance un rôle central dans le développement de la personnalité au point que la naissance constitue un choc profond qui crée un réservoir d’angoisse dont les parties se déchargeront, se libéreront à travers toute l’existence. C’est dire que pour cet auteur toutes les névroses trouveront là leur explication originelle et que l’on peut interpréter toute angoisse ultérieure en termes d’angoisse de naissance, non seulement en tant que celle-ci constitue le modèle, mais la source même de l’angoisse.


Poussant encore plus loin sa conception, Rank en vient à déclarer que le nouveau-né forme des impressions visuelles durables de cette séparation pénible d’avec la mère, responsables notamment de l’horreur éprouvée plus tard pour les organes génitaux féminins, tandis que les séparations ultérieures de toute nature, réelles ou imaginaires, seront éprouvées comme un traumatisme menaçant : séparation du sein par le sevrage, séparation fantasmatique du pénis par la peur de la castration, etc.


Enfin, toujours selon O. Rank, chaque plaisir aurait pour but final d’accéder au sentiment de contentement sans mélange et de béatitude primitive intra-utérine, le moyen le plus satisfaisant pour réaliser ce retour à la vie intra-utérine étant l’acte sexuel, qui représente la réunion symbolique avec la mère : alors l’homme concevrait son pénis comme un enfant retournant dans le ventre de sa mère tandis que la femme accéderait à la satisfaction en s’identifiant à son propre enfant, au moment où il n’est pas encore né. Pour l’auteur, l’angoisse primaire de la naissance représente un obstacle à cette satisfaction, car elle constitue un signal de danger contre l’envie de retourner dans le sein maternel.


Quant à Phyllis Greenacre, elle occupe en ce domaine une position intermédiaire entre Freud et Rank. Elle admet l’action des deux facteurs, constitutionnels ou héréditaires et accidentels apparaissant au moment de la naissance, mais elle substitue sa théorie de la réponse de « préangoisse » à la conception de Rank relative aux impressions visuelles. Pour elle enfin, l’influence réelle du traumatisme de la naissance se situerait quelque part entre les deux conceptions : elle ne serait ni aussi importante que le pense Rank, ni aussi minime que le croient Freud et la plupart de ses successeurs.



Stades prégénitaux



Stade oral


Les différentes phases que nous décrivons ne sont pas nettement délimitées ou séparées les unes des autres. Tous ces stades passent plutôt graduellement l’un dans l’autre et se chevauchent. Ainsi le stade oral s’étend non seulement sur la première année de la vie de l’enfant, mais bien au-delà. Classiquement on donne ce nom de « stade oral » à la phase d’organisation libidinale qui va de la naissance au sevrage.



Développement psychosexuel


Indiquons d’abord que l’expression « sexualité infantile » n’est qu’une facilité de langage peu satisfaisante. En effet une telle « sexualité », si elle se présente en premier lieu comme très indifférenciée et fort peu organisée, diffère de plus de celle de l’adulte par trois points au moins :




Primauté de la zone buccale comme zone érogène ou source corporelle pulsionnelle


En fait il faut entendre ici bien autre chose que simplement la bouche :



N’oublions pas en effet que cette première année de la vie est l’époque où le bébé est le plus sensibilisé à l’apport non seulement de nourriture mais aussi de toutes les caresses, baisers, « papouilles », « chatouilles », etc. dont est généreuse une mère aimante à l’occasion ou en dehors des toilettes.



Objet original du désir


C’est l’objet disons « érotique », de ce nourrisson ; il est constitué par le sein maternel ou son substitut, la première expression de la libido étant l’action de téter. En effet, non seulement cet acte de téter satisfait le besoin de nourriture, mais encore il procure du plaisir en lui-même.





But pulsionnel


À ce stade, il est double, peut-on dire :




Note Importante

À ces buts d’incorporation correspondent des peurs et des angoisses orales spécifiques, telles que la peur d’être mangé que l’on voit revivre dans les rêves et fantasmes non seulement des psychotiques mais encore de maints patients en analyse au cours de phases régressionnelles profondes et même chez chacun de nous.


Abraham divise cette période orale en deux sous-stades :



image le stade oral primitif (de 0 à 6 mois) encore appelé « phase préambivalente ». C’est le véritable stade oral de Freud que celui-ci subdivise en « stade narcissique primaire » et en « stade anaclitique ». C’est celui que nous venons de décrire. Redisons ses principales caractéristiques :





image le stade oral tardif (de 6 à 12 mois) ou stade sadique-oral, au cours duquel prédominent les pulsions que Freud a pu appeler « cannibaliques » est marqué par l’apparition des dents, la morsure et les mordillements des objets, sein maternel d’abord, complétant alors la simple succion du sous-stade précédent. À cette époque, que l’enfant réponde à une frustration en mordant pour prendre sa revanche ou qu’il exprime en mordant une pulsion agressive en soi, le résultat est le même : l’incorporation, toujours en jeu, est devenue sadique, c’est-à-dire destructrice ; l’objet incorporé est vécu dans les fantasmes de l’enfant comme attaqué, mutilé, absorbé et rejeté dans le sens de la destruction.



Relation d’objet


Lorsqu’on parle de relation d’objet, on parle en fait d’une interrelation dialectique : est en cause non seulement la façon dont le sujet constitue ses objets (externes et internes) mais aussi la façon dont ceux-ci modèlent l’activité du sujet.



Le premier objet de chaque individu est sa mère


Le mot « mère » est à prendre au sens large : la personne qui accomplit la plus grande partie des soins à donner à l’enfant. En fait :



image la notion même « d’objet » fait ici problème, car on sait que, tout au début, il n’existe pas d’images d’objets au sens psychologique de ce terme, les premières représentations d’objets étant éparpillées, plus ou moins morcelées et en tout cas parcellaires et non unifiées. Par ailleurs le nouveau-né n’a pas conscience du monde extérieur mais uniquement – si tant est même que l’on puisse parler ici de « conscience » – de ses propres perceptions internes de tension et de détente : il ne distingue pas lui-même des autres. Il s’ensuit que le nourrisson est aux prises avec des « morceaux d’objets » – des objets partiels, dit-on, et même pas localisés dans l’espace – dont font partie à la fois des morceaux de mère (sein nourricier ou biberon substitutif) et des morceaux du corps propre du sujet ;


image cela étant, la relation de notre nourrisson avec ces morceaux d’objets s’établit dans deux directions :





La découverte réelle des objets


Elle se fait cependant peu à peu et par un processus graduel.



image D’abord on admet qu’une relation objectale dite primitive se constitue lors des moments d’absence de l’objet anaclitique (c’est-à-dire de la mère). Autrement dit, la première prise de conscience d’un objet doit provenir chez l’enfant de l’état d’attente nostalgique de quelque chose qui lui est familier, qui peut satisfaire ses besoins… mais qui sur le moment fait défaut (Fénichel).


image Par la suite l’enfant apprend à différencier ses impressions et la première différenciation est sans doute celle qui s’établit entre des objets « de confiance ou connus » et des objets « inhabituels, étranges, et même étrangers ». Ceux-ci sont alors ressentis comme dangereux tandis que les premiers donnent confiance et sont aimés.


image Au fur et à mesure que l’enfant apprend à se distinguer de sa mère, il commence à communiquer avec elle, à comprendre ce qu’elle lui transmet, ne serait-ce qu’à travers sa mimique. Un rôle important est sans doute joué là par les réactions au contact, à la pression physique, bref à la manipulation corporelle réelle de l’enfant par sa mère.


image La relation ambivalente est contemporaine, selon la théorie orthodoxe, de la seconde partie du stade oral, lors de l’apparition des pulsions sadiques. Ainsi à la période où est en jeu la tendance à mordre, le désir de détruire la mère s’associe à l’aspiration à l’union libidinale avec elle. Premier conflit par conséquent, qui menace l’unité primitive rassurante à la mère et où la composante hostile prend une place prépondérante.


On dit parfois que la haine est plus vieille que l’amour, et nous connaissons l’évolution des idées de Freud sur la pulsion agressive (partie de l’instinct de mort). En tout cas c’est spécifiquement la projection à l’extérieur du « mauvais » – à quoi se joint évidemment la colère qu’induit l’absence de l’objet anaclitique – qui fait que l’objet (extérieur) est affecté de haine. On comprend que Freud ait pu dire : « l’objet naît dans la haine ».


Notons que la façon dont la pulsion agressive à mordre sera reçue par l’objet d’amour (permise, interdite, tolérée sous condition, etc.) est de toute première importance.




Stade anal


Au cours des 2e et 3e années, les facultés de marcher, parler, penser, contrôler ses sphincters, etc. se développent et ouvrent à l’enfant, de façon progressive, une indépendance relative mais déjà réelle.



Développement psychosexuel


Bien entendu, le plaisir anal existe dès le début de la vie mais il ne constitue pas l’exutoire libidinal principal et il n’est pas encore conflictualisé. Ce n’est que lorsque s’installe le contrôle sphinctérien, lorsque l’acte de défécation devient un acte sur lequel l’enfant a pu acquérir une suffisante maîtrise, que le plaisir lié à cette défécation ainsi que les conflits spécifiques qui s’y rattachent occupent une situation privilégiée.




Objet de la pulsion anale


Il est de description plus malaisée du fait de la complexité croissante du jeu pulsionnel.


La mère, qui reste l’objet privilégié des pulsions de l’enfant, est devenue personne entière. Mais c’est un objet qui reste fonctionnel, partiel, qu’il sera surtout question pour l’enfant de manipuler, comme il « manipule » ses matières fécales. Rappelons que Freud a découvert l’importance de cette « analité » par l’analyse de la névrose obsessionnelle où précisément la « manipulation » des objets – réels, imaginaires et symboliques – est une des caractéristiques remarquables.


Quoi qu’il en soit, le « troisième terme » en cause est ici le contenu intestinal ou boudin fécal, véritable objet libidinal intermédiaire si l’on peut dire, dont les rôles ou fonctions ne sont ni simples ni univoques :




But pulsionnel


Il n’est pas non plus très simple à expliciter. C’est que l’on a coutume, de façon trop facile, de l’assimiler purement et simplement à la fonction défécatoire, ce qui ne rend nullement compte de la complexité de fait de l’expérience.


En effet, déféquer, c’est-à-dire expulser sa production intestinale, n’est pas le seul acte anal auquel soit attaché un plaisir dont chacun de nous fait journellement l’expérience. Différer cette défécation, c’est-à-dire retenir ses matières au moins pendant un certain temps, est d’un pouvoir érogène aussi indiscutable.


K. Abraham a décrit là encore deux sous-stades.



Phase dite « expulsive »

Le but est donc ici de ressentir des sensations agréables pendant l’excrétion. Parallèlement à une décharge de la tension, l’élimination produit une stimulation de la muqueuse ano-rectale, stimulation génératrice d’un plaisir érotique comparable à celui de la succion pendant le stade oral, plaisir auto-érotique évident.


En plus du plaisir « naturel », une stimulation additionnelle est obtenue comme conséquence de l’importance que les parents accordent aux fonctions anales et qui conduit l’enfant à augmenter son intérêt pour un acte neuro-musculaire qui exige de lui l’effort de « pousser ».


Une autre source de stimulation intense, plus contingente celle-là, est enfin constituée par les lavements fréquents administrés par des mères anxieuses. Le lavement n’a pas seulement en effet une signification frustratrice de vidange intestinale forcée, mais aussi le sens d’une excitation érogène.


Retenons de cette première phase anale :




Phase rétentive

C’est la seconde phase. Le plaisir principal se porte sur la rétention et nous allons retrouver ici les mêmes origines à ce plaisir, simplement utilisées de manière différente.



Remarque : il faut noter que l’exonération intempestive coïncidant avec le refus de l’accomplir au moment ou dans les circonstances voulues par l’entourage prend un caractère agressif d’opposition en mélangeant les deux types de sadisme anal.



Relation d’objet


C’est sur le modèle des relations entretenues par l’enfant avec ses matières fécales et en fonction des conflits suscités par l’éducation à la propreté que le sujet va orienter sa relation d’objet, avec ses caractères spécifiques.




Masochisme


Ce terme désigne le but passif d’arriver au plaisir par des expériences douloureuses.


Aussi bien le sadisme que le masochisme – l’on parle d’ailleurs généralement de sadomasochisme – sont liés aux châtiments corporels, pour lesquels les fesses sont à ce moment la cible privilégiée. Mais si l’on comprend aisément que battre quelqu’un d’autre ou lui donner une fessée représente une issue pour des tendances sadiques, la fonction masochique est d’une plus grande complexité.


D’abord elle ne peut opérer que dans certaines conditions seulement, la douleur ne devant être ni trop forte, ni trop grave. Par ailleurs, le fait qu’une fessée puisse exciter érotiquement l’enfant n’est pas douteux si l’on se remémore tous les cas publiquement connus de masochisme de cet ordre. Par contre les explications données à ce phénomène et à ses conséquences ont été sujettes à controverse. C’est ainsi que d’après la théorie orthodoxe, il survient parce que la libido se déplace de l’anus sur la peau des fesses et sur les muscles fessiers. Pour d’autres « le rôle joué dans le masochisme par l’excitation [érotique] de la peau des fesses est très douteux. De simples explications soulignant la satisfaction psychique apportée par la punition sont plus plausibles » (Blum).


Quoi qu’il en soit, il est une relation bien connue entre sadisme et masochisme : celle qu’utilise l’enfant qui se comporte d’une façon très active et agressive afin de provoquer les autres à le battre.




« Bi- » et «  homosexualité »1 – Activité et passivité – Narcissisme anal




Notons que cela ne contredit pas le fait que l’enfant peut aussi expulser passivement et retenir activement ses matières fécales. C’est en tout cas retrouver ici la problématique ambivalente des processus d’incorporation et d’extrajection anale, ceux-ci caractérisés en outre par :



Si l’on rapproche donc en résumé :



on comprendra que la relation d’objet ainsi caractérisée soit de type homoérotique, quel que soit le sexe réel de l’objet, la caractéristique génitale de celui-ci étant, pourrait-on dire, accessoire.



« Stade » phallique


Aboutissement, au-delà de la troisième année, des stades précédents par abandon ou solution de leurs conflits affectifs propres, le « stade » phallique, ainsi nommé et décrit par Freud, instaure une relative unification des pulsions partielles.


Ce n’est évidemment pas sans raison que nous mettons le terme « stade » entre guillemets. Sans contester Freud ni davantage le contredire, il nous paraît nécessaire de jeter un regard nouveau sur des notions que le génial découvreur de la psychanalyse avait parfaitement dégagées déjà, mais sans leur accorder la systématisation que nous voudrions leur donner. Ce chapitre nous retiendra assez longuement. Notons dès maintenant que le mouvement phallique se verra considérablement réactivé au début de l’adolescence.



Développement psychosexuel



L’érotisme urétral


Certains analystes orthodoxes (Fénichel) introduisent un « stade urétral » comme intermédiaire entre stades anal et phallique. Il nous paraît plus rationnel de considérer que, si le but premier de l’érotisme urétral est bien le plaisir à uriner, un plaisir de rétention existant également, les mots eux-mêmes que nous employons renvoient à l’évidence à l’analité. Nous en resterons donc pour notre part à l’idée que l’« urétralité » a surtout beaucoup à voir avec l’analité. Ce qui n’interdit pas d’en dégager quelque originalité et d’en dire quelques mots.


D’abord auto-érotique, le plaisir à uriner se tourne par la suite vers des objets (fantasmes d’uriner sur les autres par exemple) tandis que l’ énurésie pourra, après l’auto-érotisme originel, acquérir la valeur d’un équivalent masturbatoire inconscient. Le plaisir à uriner aura en général un double caractère :



Quoi qu’il en soit, le contrôle du sphincter vésical entraîne une fierté narcissique qui serait due au fait que les parents font honte à l’enfant lors des échecs dans ce contrôle. D’autres pensent que la plus grande fréquence de la miction (par rapport à l’exonération anale) entraîne des récompenses également plus fréquentes, renforçant le sentiment de fierté. Mais si la honte reste pour Fénichel la force spécifique dirigée contre les tentations érotiques-urétrales, l’ambition serait le représentant spécifique de la lutte contre ce sentiment de honte.




Curiosité sexuelle infantile




image La « découverte » de la différence anatomique entre les sexes est en fait une expression ambiguë. En effet il n’y a encore pour l’enfant qu’un seul sexe, celui qui est représenté par les êtres pourvus d’un pénis. Que ce soit par la masturbation, que ce soit au cours de ses investigations, l’enfant va petit à petit prendre conscience de la réalité anatomique du pénis ; et commencer à se poser des questions sur l’existence ou la non-existence de cet attribut corporel chez lui ou chez les autres. Dans le même temps, vont se poser d’autres énigmes : origine des enfants, procréation, grossesse


image La scène primitive. Il faut entendre ici la scène ou les scènes au cours desquelles l’enfant a été – ou fantasmé être – le témoin du coït des parents. Cette scène primitive, ou encore scène originaire, fait partie selon Freud qui n’a pas d’emblée retenu ce point de vue, des fantasmes dits primitifs ou originaires, que la psychanalyse retrouve comme informant toute la vie fantasmatique, quelles que soient les expériences réelles des sujets (séduction, castration, abandon, etc.). Les mécanismes en cause ne sont pas simples ni univoques. Interviennent notamment :





image La scoptophilie ou voyeurisme. On peut rapprocher de la « scène primitive » cet instinct partiel (instinct devant concourir chez l’adulte au plaisir préliminaire mais qui, chez l’enfant, demande à être satisfait pour son propre compte) qui est en fait souvent plus auditif qu’étroitement visuel. Par sublimation, il pourra plus tard donner lieu à l’épistémophilie, d’où naissent les chercheurs ou curieux de tous ordres.


May 22, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 1: Aspect génétique

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